BEFORE YOU

Chapitre 31

{April}

Mon père me répétait sans cesse d'être bienveillante envers les autres et de ne jamais juger une personne seulement avec l'apparence qu'elle donne. Je n'aurai jamais pensé un jour hésiter à faire ce qu'il m'a toujours enseigné. Surtout lorsque cela concerne sa femme. Son ex-femme. Une semaine maintenant que je suis arrivé à Lisbonne. Quatre jours qu'Aaron et moi nous sortons ensemble, et même si j'en avais presque oublié la raison de ma venue dans mon pays d'origine, grâce au bonheur que mon petit ami arrive à me procurer, la raison m'est revenue. Vingt-quatre heures que ma mère m'a appelée en me disant qu'on l'avait foutu à la rue. Faute de payer son loyer et toutes les charges qui vont avec. Je n'ai aucune compassion envers ma génitrice qui préfère payer de l'alcool et consommer de la drogue avec l'argent que l'État lui donne avec son chômage. Chômage qu'elle ne va bientôt plus toucher. Je lui ai donc raccroché au nez en lui rappelant comment elle m'avait traité ces dernières années.

Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne ? Une mauvaise fille ?

Le pire, c'est que je n'arrive pas à culpabiliser pour avoir refusé de l'aider. Je pourrais lui prêter mon toit en attendant que je sois ici. Mais après ? Aaron me rassure en me disant que c'est normal d'avoir cette réaction et de la détester autant. C'est vrai... Et si je lui offre mon toit et qu'elle ramène des alcooliques chez moi ? Ou qu'elle transforme mon appartement dans le même état que son ancienne maison ? Empilant bouteille sur bouteille. Car elle ne changera pas du jour au lendemain et je me demande si elle arrivera un jour à arrêter tout ça. Mais elle reste ma mère... Même si elle ne m'a jamais vraiment aimé comme une mère devrait aimer sa fille et qui au lieu de ça la jalousait à cause de sa complicité avec son mari. Mais c'est ma mère. Alors, après 24 h de réflexion, je lui envoie un message en lui disant d'aller chez moi. La porte est fermée, mais je lui indique que le double de clé est sous le paillasson. Oui, pas très intelligent comme cachette, je le sais. Je pose mon portable sur la table et me frotte le visage avec mes mains.

— Qu'est-ce qu'il se passe, mon cœur ?

— Ma mère... Je lui ai dit d'aller chez moi. En espérant qu'elle tombe sur le malade qui veut ma mort et qu'elle lui pète la gueule, dis-je avec ironie la dernière phrase.

— Tout ira bien, nano.

— Je l'espère.

Il pose ses lèvres dans mon cou pour venir y déposer un doux baiser.

Hier, j'ai appelé un journaliste pour pouvoir m'entretenir avec lui sur l'affaire Tavares. Il a accepté et m'a donné rendez-vous ce soir dans un café. J'ai demandé à Aaron de me laisser y aller seule. Même si je veux qu'il soit présent pour moi, je souhaite m'entretenir seule avec ce journaliste. Il m'a bien évidemment obligé à lui envoyer un message en cas de soucis.

— Logan m'a envoyé les cours qu'on a ratées, commençais-je. J'ai beau ne pas aller beaucoup en cours ces derniers mois, je veux avoir mon bac.

— Et tu as énormément de chance d'avoir comme petit copain un homme extrêmement intelligent.

Je ris face à sa remarque sur lui-même.

— Qui ça ? Je ne vois que toi pourtant ? M'exclamais-je pour le faire chier.

Il me soulève du canapé et me pose comme un sac à patate sur son épaule.

— Lâche-moi, abrutie.

— Dis que je suis intelligent avant.

— Certainement pas.

Il monte les escaliers et se dirige jusqu'à ma chambre avant de me balancer sur le lit. Il se met au-dessus de moi et en voyant son regard rempli de malice, j'essaye de partir.