Chapitre 15 : Distance

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Alice : Mon amour !
   Ces mots sont pour Fred, bien que Paulo se reconnaisse et sourie à son parrain. Ils viennent de sa juge.
Marquand : Alice ?
  Il sent sa gorge se nouer mais ne dessert pas Alice pour autant. Dans les bras l'un de l'autre, ils sont hébétés par un silence devenu pesant. Alice entreprend de parler mais change d'avis ; que dire ? Quant au commandant, il ne s'attendait pas à cette scène et se rend compte du piège que sa juge lui a tendu.
Marquand : Alice...je...
  Elle se redresse, et un moment, prend peur. Il projette sans doute de partir... Ce plan a fonctionné, certes, mais cela ne signifie pas que le commandant restera. Il prend Paul avec lui et l'emmène à la voiture d'Alice sans décrocher un mot. Elle les suit du regard, sentant le malaise.
Paul : Je t'aime, tu m'as manqué, tu es parti longtemps, parrain !
  Les mots d'enfant touchent parfois énormément. Marquand n'a qu'une envie, c'est de garder Paul avec lui.
Marquand : Je peux l'embarquer ?
  Alice, qui ne s'y attendait pas, hoche la tête après avoir réfléchi en fixant Paul du regard. Le fils, il l'accepte. Et pas la mère ?
Marquand est près de sa voiture et une fois Paul attaché, il s'y engouffre aussi. Alice le rattrape.
Alice : Fred...
  Il ne répond pas et s'éloigne déjà de l'endroit sans la moindre explication. Une fois loin d'elle, la scène lui déchire le cœur. Ne pas la regarder. Ne pas l'embrasser. Ne pas l'aimer.
C'était elle qui en a décidé autrement, pas lui. Il l'aime, la respecte et lui obéit.
Paul : Mais, parrain !
Marquand : Quoi mon p'tit Paulo ?
Paul : Mais tu as oublié maman !
  Il baisse les yeux pendant un temps et sourit, découragé.
Marquand : Tu vas venir un peu à la maison.
Paul : Avec la madame qui m'a dit bonjour la dernière fois ?
  Il se souvient de Léa et tente de l'effacer de ses souvenirs.
Marquand : Non, juste toi et moi. Entre hommes !
Paul : Chouette ! Mais regarde...
  De son petit doigt, Paul montre sa mère par la vitre embuée de la voiture. Sa souffrance grandit pour envahir la totalité de son corps, mais il ne se démonte pas. Il va apprendre à vivre avec. Ou plutôt sans elle.
Marquand : Maman est fatiguée, elle va... elle va rentrer se reposer.
Paul : D'accord... Mais tu l'aimes hein ?
Marquand : Bien sûr mon p'tit Paulo.
Les premières paroles qu'il prononce sans réfléchir. La vérité sort parfois sans qu'on n'y fasse attention.

[Conversation par messages]
Florence : Alors ? Ça y est ?
Alice : Oui.
Florence : Raconte !
Alice : Il a pris Paul et l'a serré dans ses bras...comme un fils. Je l'ai serré contre moi aussi, longtemps, mais ensuite il est parti avec Paul.
Florence : Avec ton approbation ?
Alice : Avec mon approbation.
Florence : Je ne comprends pas... Il ne t'a rien dit ?
Alice : Rien du tout ! On n'a pas échangé un mot...
Florence : Mais il paraissait comment ? Triste, heureux...?
Alice : Il avait l'air fatigué. Si tu savais comme je me sens bête ! Privée de lui et privée de fils en plus !
Florence : Vois le bon côté des choses, il faudra bien aller le chercher, le petit.
Alice : Sûrement. Mais il ne craquera pas... Je le connais.
Florence : Tu es en train de me dire que l'homme qui t'a toujours vraiment aimée n'est plus cet homme ?
Alice : Tu l'aurais vu ! Il était froid, presque distant.
Florence : Quand il t'a serrée dans ses bras...
Alice : Je me suis sentie protégée et, naïve, j'ai pensé qu'il m'aimait encore !
Florence : On ne contrôle pas les sentiments Alice, et encore moins l'amour, le vrai.
Alice : Je ne crois plus en rien. Ce que je vois c'est que je suis seule chez moi (enfin, mon père dort) et que je n'ai plus son soutient. J'ai le cœur en mille morceaux. Sentir son odeur... Pendant un instant je me suis évadée.
Florence : Je te comprends très bien. Appelle-le.
Alice : Pourquoi faire ?
Florence : Pour savoir à quelle heure récupérer ton fils par exemple ! Invente, tu es douée pour ça.
Alice : Enfin ma dernière invention n'a pas très bien fonctionné.
Florence : Courage ! Je suis avec toi.
[Fin de la conversation par messages]

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant