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Le trajet de retour depuis Paris me semble incroyablement court, comme si ces quelques heures magiques avec Souleymane s'étaient volatilisées en un battement de cils. Nos doigts s'effleurent parfois, et je sens encore son regard sur moi, ce regard plein de tendresse et de promesses silencieuses. Je souris en repensant à la soirée d'hier, à la Tour Eiffel illuminée, aux photos que nous avons prises, et à cette bague qu'il porte fièrement à son doigt. J'en ai fait autant.

- Souleymane : Tu me regardes comme si j'étais un rêve, murmure-t-il en me jetant un coup d'œil.

Je détourne les yeux, le cœur léger.

- Moi : Peut-être que t'en es un.

Il rit doucement, et je me rends compte que je veux figer cet instant pour toujours. Mais la réalité me rattrape vite lorsque nous arrivons devant mon immeuble.

- Souleymane : Fais attention à toi, d'accord ?

J'hoche la tête, hésitant à sortir. Mais je ne veux pas que ce moment parfait s'efface si vite. Je finis par descendre et le regarde partir, les battements de mon cœur ralentissant doucement.

Quand j'entre chez moi, l'ambiance est étrangement calme. Ma mère est dans la cuisine, mon père n'est pas là, et mes petits frères sont plongés dans un jeu vidéo. J'attrape mon téléphone et file dans la salle de bain pour me doucher, laissant l'appareil sur la table du salon sans trop y réfléchir.

L'eau chaude ruisselle sur ma peau, effaçant la fatigue du voyage et me laissant savourer ces souvenirs encore frais. Mais à peine ai-je enroulé une serviette autour de moi que j'entends des éclats de voix dans le salon. Mon sang se glace.

— SIHAM !

C'est la voix de mon père. Furieuse, dure, différente. Mon cœur rate un battement. Je m'empresse de sortir, les cheveux dégoulinants, et découvre mon père tenant mon téléphone à la main. L'écran est allumé, affichant une photo de Souleymane et moi, souriants, insouciants, trop proches.

- C'est quoi ça ? hurle-t-il, son visage déformé par la colère.

- Moi : Papa, je peux expli-

Je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase que je sens sa main claquer violemment contre ma joue. Le choc me coupe le souffle, et je recule d'un pas, les larmes montant instantanément à mes yeux.

- Tu me fais honte ! HONTE ! Tu es sortie avec un garçon dans mon dos ?!

Ma mère intervient, paniquée. Calme-toi, c'est une erreur, elle était chez Ibti...

- Chez Ibti ?! Tu crois que je suis con ?! hurle-t-il.

Son regard est brûlant de rage, je n'ai jamais vu mon père dans un tel état. Je suis figée, incapable de parler, terrifiée. Mes frères regardent la scène, pétrifiés, et je sens Aymen serrer les poings, comme s'il voulait dire quelque chose, mais il se tait.

- Tu n'auras plus de téléphone, plus d'amies, PLUS RIEN ! Tu veux me déshonorer ? Tu veux salir cette famille ?

J'essaye de reprendre mon souffle, mais les larmes coulent avant que je ne puisse m'expliquer. Je sens ma mère tirer doucement mon bras pour m'éloigner, mais mon père me devance, jetant mon téléphone contre le mur de toutes ses forces. L'écran éclate en mille morceaux, tout comme mon cœur.

Je cours dans ma chambre, tremblante, le souffle coupé. J'enfouis mon visage dans mon oreiller, sanglotant silencieusement. Tout est fini. Ce week-end parfait, ces moments d'amour... réduits à néant.

Quelques heures plus tard, Ibti m'appelle sur le fixe. J'hésite avant de décrocher, la voix tremblante.

- Moi :  Allô...

Un amour inattendu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant