Double je(u)

Chapitre 68 : Seulement un rêve ?

Un jouet cassé. Voilà ce que j'étais devenue aux yeux d'Hisoka.
Une poupée avec laquelle il s'était amusé avant de l'abandonner une fois lassé d'elle.

Un jouet qu'il pouvait torturer, manipuler.

Et tuer.

J'étais rentrée au petit matin, épuisée à cause de la nuit que j'avais passée, à cause des émotions qui bouillonnaient dans mon cœur.

J'avais filé droit dans ma chambre et m'étais écroulée sur mon lit, sans prendre la peine de me déshabiller.

Je m'étais endormie rapidement, tombant dans un sommeil profond et sans songe.

Mais soudain, quelque chose m'en extirpa. Une voix.

Keya. Viens à moi.

La voix me réveilla. Je me trouvais dans un lieu qui m'était complètement inconnu, debout devant un chemin traversant une forêt.

Il faisait nuit noire, seul le chemin était éclairé par des lanternes disposées

Keya.

Je connaissais cette voix. C'était une conviction, mais elle était trop faible pour que j'arrive à mettre un visage dessus. Je devais avancer, m'engager sur le chemin, suivre la voix pour découvrir qui m'appelait.

C'est ce que je fis.

Plus j'avançais, plus une sensation agréable m'envahissait. Ce chemin, pourtant sombre et mystérieux ne me faisait pas peur. Au contraire, j'avais l'impression de l'avoir déjà parcouru, de savoir où il menait.
Il m'emmena jusqu'à un escalier au sommet duquel siegeait un immense bâtiment partiellement en ruine.

Tul mitra onna.

Je suivis la voix qui me guida jusqu'au centre de la bâtisse, dans une immense pièce éclairée par un nombre incalculable de bougies et lanternes.

Au milieu, le dragon blanc m'attendait, paisiblement assit, ses yeux écarlates posés sur moi.

- Imrot ? Pourquoi est-ce que je rêve de ce dragon ?

- Ce n'est pas un rêve Keya, enfin pas tout à fait. C'est un pont télépathique qui nous permet de communiquer ensemble.

Le dragon ne se contentait pas de parler dans ma tête, il me parlait réellement, retroussant ses grandes babines sur ses dents acérées. Sa voix caverneuse et puissante résonnait dans le vieux bâtiment,

- Un pont télépathique ? Et cet endroit, il existe où il vient de mon imagination ?

L'endroit dans lequel nous nous trouvions semblait si chimérique, presque irréel que j'avais le plus grand mal à imaginer qu'il puisse exister pour de vrai.

- Non, cet endroit existe vraiment. C'est un ancien temple construit par ceux de ton espèce, un lieu où on vénérait les dragons.

- Pourquoi est-il dans cet état ?

- L'oubli des anciennes traditions. La crainte de notre espèce. Je ne saurais dire exactement. Tu devrais demander aux tiens pour connaître la raison.

- Pourquoi je me retrouve ici ?

- J'ai senti ta peur, ta colère ainsi que ta tristesse.

Je pensais que le lien entre nous n'était plus et me mis à m'inquiéter en imaginant ce à quoi le dragon pouvait avoir accès. Mes pensées, mes sentiments ... que pouvais-je garder pour moi maintenant ?

- Ce n'est rien. Rien d'important.

- Inutile de me mentir, Keya. Je peux sentir les pulsations de ton cœur accélérer et lire dans ton esprit que ce n'est pas rien.