Assis à ses côtés, ma main tremblante dans la sienne, je l'observe, encore et encore. Je ne sais pas combien de crépuscules se sont écoulés depuis ce fameux drame. Les journées me paraissent longues et les nuits trop courtes.Constamment assiégé sur ce fauteuil auprès d'elle, l'assise a sûrement dû finir par prendre la forme de mon corps. Ils m'ont annoncé que son pronostic vital et neurologique sont engagé, ce qui signifie qu'elle est en possibilité de...
Ne serait-ce qu'énoncer la mort me donne envie de vomir le peu de chose que j'ai ingéré au cours de ces dernières heures. Les infirmières ont fini par prendre pitié de moi, ou bien de mon état, je ne sais pas vraiment lequel est le plus légitime à leurs yeux.
Ce qui est certain, c'est que mon alimentation est pitoyable, et que des poches sous mes yeux ont pris place, la fatigue a décidé de se déclarer également sur mon visage.
En revanche, ce qui m'importe le plus est Melodias. Elle, allongée sur un lit d'hôpital, branchée à de multiples machines, trop à mon goût. Tout ça est horrifiant, un cauchemar éveillé, parce qu'il ne suffit pas la nuit pour avoir peur des monstres qui surgissent.
"From people you know, to people you don't."
Elle est méconnaissable dans cet état, mais est-ce grave si cela m'est égal ? Elle peut changer autant qu'elle veut, tant qu'elle reste en vie et en bonne santé, le reste est probablement secondaire.
Je me suis surpris à repenser certaines fois où je souhaitais qu'elle s'éloigne de ma vie et qu'elle disparaisse, mais désormais tout ce que je souhaite c'est qu'elle se rétablisse, et par miracle, dans les plus bref délais. Je n'arrive pas à la détester, pourtant j'ai essayé. C'est comme si, la vie avait décidé d'unir nos présence par le moindre fil, nous donnant la mission qu'il ne cède pas, au péril de la vie d'un d'entre nous.
Et je refuse qu'elle soit celle qui doive mourir, il en est hors de question.
La porte du box où se trouve Melodias s'ouvre finalement, je ne daigne plus relever la tête, c'est une habitude que j'ai pris au cours de ces derniers jours, en remarquant que croiser le regard des soignants devenait de plus en plus difficile, car je ne sais jamais si les nouvelles seront bonnes ou non. Depuis un certain temps, ses chiffres restent constants. Pourtant ça ne change pas le fait qu'ils soient inquiétants.
Lors de ses premiers jours à l'hôpital, l'écran indiquait les résultats instantanément, à propos de tout ce à quoi elle est branchée. Ils sonnaient constamment, au minimum une fois par heure, les médecins arrivaient paniqués. L'écran devenait rouge et moi je devenais pâle.
La mort surplombait son corps, la menaçant de l'emporter à tout instant. Malgré son coma, son physique est tellement résistant, elle lutte, et c'est une bonne chose d'après les médecins.
Mon cœur hurlait intérieurement "don't leave me", en espérant qu'elle se réveillerait, puis je me suis rendu compte que ce n'étais pas des jours qui s'étaient écoulé mais des semaines, trois si je ne me trompe pas. J'ai fait le choix de mettre ma vie de côté pour rester auprès d'elle.
Finalement, je me décide à relever la tête vers elle, puis un peu plus haut vers le médecin.
Son regard n'exprime rien qui pourrait être nocif, mais rien de bon non plus. Il s'occupe de changer les produits injectés dans son corps, ainsi que d'ajuster le tuyaux intubé en elle.
Plus je la regarde, plus ça me répugne. Je suis dégoûté de la voir comme ça.
Ce n'est pas pour ma volonté mais pour la sienne. La chose qui m'écœure c'est de savoir qu'une fois de plus, je n'ai pas été à la hauteur pour l'aider, ou juste venir en aide à quelqu'un en général.
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AMNESIA - EN PAUSE
RomansUne fille en détresse. Un garçon au cœur altruiste. Melodias Eze, mannequine à temps plein, décide de quitter cette vie étouffante. Elle se contraint alors à se fondre dans la masse, lorsqu'elle entame son année de terminale à Tokyo, quitte à délai...