Les jours qui suivirent notre retrouvaille dans la rue me parurent irréels. Souleymane était revenu, et avec lui, l'espoir que tout puisse redevenir comme avant.
J'avais du mal à y croire. Après ces mois d'attente, après son silence, après toutes ces nuits passées à me demander s'il m'avait oubliée... il était là. Près de moi.
Mais pour combien de temps ?
Au début, j'étais méfiante. J'avais peur qu'il disparaisse à nouveau, qu'il me laisse encore avec ce vide insupportable. Mais chaque jour qui passait me rassurait un peu plus. Il envoyait des messages, il cherchait à me voir, il voulait qu'on passe du temps ensemble. Comme s'il essayait de recoller les morceaux de ce qui avait été brisé.
Un soir, il m'attendait à la sortie du travail.
Je l'avais vu de loin, adossé à sa voiture, les bras croisés, le regard perdu dans le vide. Mon cœur avait accéléré. Il n'avait même pas besoin de parler, sa présence suffisait à me faire sentir que tout pouvait redevenir normal.
- Souleymane : Tu comptes me regarder de loin encore longtemps ? lança-t-il avec un sourire en coin.
Je m'approchai, hésitante.
- Moi : J'ai juste du mal à réaliser que t'es là.
Son sourire s'effaça légèrement. Il fit un pas vers moi, et avant que je ne comprenne, il avait posé une main sur ma joue, doucement, avec une tendresse que je n'avais pas ressentie depuis longtemps.
- Souleymane : Je suis là, zina.
Trois mots qui suffisaient à faire exploser tout mon monde.
Je fermai les yeux une fraction de seconde. Son odeur, sa chaleur, tout me ramenait à cette époque où nous n'étions que nous. Avant que tout ne s'effondre.
J'avais envie d'y croire.
Les jours qui suivirent furent une parenthèse hors du temps. Souleymane se réinstallait peu à peu dans ma vie, comme s'il n'était jamais parti.
Il passait plus de temps avec ses sœurs, il revenait chez sa mère. Et avec moi... il se battait pour me retrouver.
Il m'envoyait des messages le matin, le soir. Il me proposait des sorties, même pour les choses les plus banales, juste pour être ensemble. On avait recommencé à se taquiner, à rire, à s'appeler des surnoms idiots comme avant.
Un soir, on s'était retrouvés dans, un petit coin tranquille où on allait souvent autrefois. Il m'avait pris la main sans réfléchir, caressant ma paume du bout du pouce. Ce simple geste avait réveillé en moi un flot de souvenirs que je croyais enfouis.
- Moi : T'as pas changé. avais-je murmuré, le regard perdu sur nos doigts entrelacés.
Il avait souri.
- Souleymane : Tant mieux. Parce que je suis sûr que toi non plus.
J'avais baissé les yeux, incapable de répondre. Si seulement il savait.
Mais au fond de moi, une question me hantait encore.
Pourquoi était-il parti ?
Un soir, alors qu'on était dans sa voiture, je me décidai à briser cette illusion parfaite.
- Moi : Souleymane... pourquoi t'es parti sans rien dire ?
Il serra le volant, son regard fixé sur la route.
- Souleymane : Tu veux vraiment parler de ça maintenant ?
- Moi : J'ai besoin de savoir.
Silence.
