Un éclat de rire résonne dans la maison.
Puis un autre.
Deux voix enfantines, une fille et un garçon, qui se chamaillent joyeusement dans le salon.
- Souleymane ! Rends-moi ma poupée !
- Siham, t'es qu'une tricheuse !
Un bruit de course. Des petits pas qui résonnent sur le carrelage. Un léger soupir amusé.
Je tourne la tête vers Aymen, qui observe la scène depuis le canapé, un sourire en coin.
- Kaïs : T'as vu comment ta fille essaye de martyriser mon fils ?
Je lève les yeux au ciel.
- Aymen : C'est ton fils qui a commencé.
On se regarde, et un petit rire nous échappe. Il y a encore quelques années, l'idée même de rire nous semblait impossible.
Kaïs entre dans la pièce, son fils Souleymane accroché à ses jambes. Il l'attrape et le soulève dans les airs en le faisant tournoyer.
- Kaïs : Allez, champion, on laisse les filles gagner pour une fois ?
Le petit éclate de rire, et Siham, les bras croisés, lève la tête vers moi.
- Sihem : Maman, je veux plus jouer avec lui. Il est nul !
Aymen rit doucement, avant de l'attirer contre lui et de l'embrasser sur le front.
- Aymen : C'est normal, c'est une tradition familiale d'être nul en jeu et de jamais vouloir l'avouer.
Je souris.
Un sourire vrai, sincère.
Parce que la vie continue. Parce qu'après tant d'années, malgré le vide immense qu'ils ont laissé, on a réussi à reconstruire quelque chose.
Mais il ne se passe pas un jour sans que je pense à eux.
Il y a sept ans...
Tout a changé.
Kaïs a eu un garçon, et moi Ibtissem je me suis marié avec Aymen et on a eu une fille.
Quand j'ai appris ce qui s'était passé, c'était comme si le sol s'était dérobé sous mes pieds. Comme si tout ce que je connaissais s'effondrait.
J'ai pleuré. Hurlé. Prié pour que ce soit une erreur.
Mais ce n'en était pas une.
Siham et Souleymane étaient partis. Ensemble. Comme ils l'avaient toujours voulu.
Le vide qu'ils ont laissé derrière eux était indescriptible. Leur absence était un trou béant dans nos cœurs, une douleur qui nous dévorait de l'intérieur.
Aymen a été mon pilier. Moi, j'étais détruite. Dévastée. J'ai sombré, et sans lui, je ne sais pas si j'aurais eu la force de remonter à la surface.
Kaïs, lui, a porté sa douleur différemment. Il a avancé, avec cette force silencieuse qui le caractérise. Mais il n'a jamais oublié. C'est pour ça qu'il a appelé son fils Souleymane.
Et nous, Aymen et moi, quand notre fille est née, c'était une évidence...
Elle s'appellerait Siham.
Pour qu'ils continuent d'exister, d'une manière ou d'une autre.
Je me lève doucement et me dirige vers la fenêtre. Dehors, le soleil décline, peignant le ciel de teintes dorées et roses.
Et je me surprends à murmurer ces mots que je leur ai tant répétés, ces mots qu'ils n'entendront plus jamais...
- Moi : Vous me manquez...
Un frisson parcourt mon corps, mais ce n'est plus cette douleur insupportable d'avant.
C'est un manque doux. Un souvenir qui fait mal, mais qui réchauffe aussi.
Parce que malgré tout...
Leur amour a survécu.
Jusqu'à leur dernier souffle.
Et bien au-delà.
Avec tout mon amour, Ibtissem.
Épilogue de l'autrice
Et voilà...
Nous y sommes.
Les derniers mots d'une histoire qui m'a accompagnée pendant tant de jours, de nuits, d'émotions intenses. Une histoire qui n'aurait jamais eu la même force sans vous.
À vous, mes lectrices, qui avez vécu chaque rebondissement avec moi, qui avez ri, pleuré, aimé et détesté en même temps. À vous qui m'avez poussée à aller toujours plus loin, qui m'avez donné la force et le plaisir d'écrire à chaque chapitre.
Je n'aurais jamais imaginé à quel point partager une histoire pouvait être aussi fort.
Alors, du fond du cœur, merci.
Merci pour votre patience, vos encouragements, vos messages remplis d'émotions, vos théories, vos cris de rage et vos larmes versées sur ces personnages que vous avez tant aimés.
Cette histoire restera gravée en moi.
Et si un jour, en regardant le ciel, vous repensez à Siham et Souleymane... Alors, quelque part, leur amour vivra encore un peu plus longtemps.
Avec toute ma gratitude et mon amour,
Un amour inattendu
Siham
