XIV. Viva Barcelona

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En fin d'après-midi, Paul m'envoya un texto: "Salut vous! Je t'invite à dîner ce soir?"

Nous nous donnâmes rendez-vous dans un petit restaurant du quartier branché. Je ne comprenais rien: je venais de rencontrer un type charmant, séduisant, attentionné, brillant et gentil, et je n'avais en tête qu'un gamin de 23 ans (j'avais vérifié: Master 2) aux lèvres sensuelles. Etait-ce la peur de m'engager? La crainte de l'ennui, du quotidien, de la routine? Avais-je inconsciemment besoin de nous mettre en danger?

A table, Paul ne tarda pas à relancer le sujet:

- Bon alors tu as finalement réfléchi pour le week-end avec tes amis?

- Non, mais il semble que toi oui, grinçai-je en faisant allusion au message de Marc.

- Marc m'a demandé si l'idée me plaisait. J'ai simplement dit la vérité.

Après tout, ce serait peut-être un bon test pour nous deux, pensai-je.

- OK. On organise ça avec les autres.

Le reste du dîner s'écoula dans la complicité qui nous liait depuis le début. Je dormis chez lui et nous fîmes l'amour presque brutalement. Soudain, l'image d'Alex me vint en tête. Je culpabilisai profondément. Pourquoi son visage m'apparaissait-il ainsi tandis que j'étais dans les bras de Paul?

Le lendemain soir, réunis chez Marc, nous préparions l'organisation du week-end. Bien entendu, personne n'était d'accord avec personne.

- On a déjà fait toutes les capitales européennes!

- On n'est pas tous des routards comme vous, faut penser aux autres.

- Nous de notre côté faut qu'on rentre ici avant 19h car la nounou ne fait pas d'heures supp'.

- Et moi je pourrai pas partir avant samedi midi, j'ai une présentation en séminaire le matin.

Chacun avait ses exigences et ses obligations.

Après de longues tergiversations, nous nous mîmes d'accord sur Barcelone, ce à quoi Cynthia avait répondu un joyeux "Super! j'ai jamais été au Portugal!". Nous partirions à deux voitures, avec une location Airbnb. Cela nous laissait trois jours sur place, c'était parfait. Je regardais Sophie, tout en me demandant si elle ferait partie du voyage. Elle semblait un peu lointaine, un peu évaporée dans ses pensées. Je n'osai pas lui demander. En fin de soirée, elle me prit en aparté:

- Dis donc, ça a l'air de rouler avec Paul! Ca fait à peine quatre jours et on dirait que vous êtes ensemble depuis dix ans tellement ça colle entre vous.

Voilà exactement la remarque que je ne voulais pas entendre. On faisait déjà vieux couple, est-ce cela que ça signifiait? Sans relever, je lui demandai:

- Et toi, tu en es où avec ton psy?

- Je pense que c'est vraiment sérieux. J'ai jamais ressenti ça tu sais... C'est bizarre. Comme des papillons dans le ventre quand il me regarde. Je crois que je suis vraiment accroc.

- Tu viens avec nous à Barcelone?

- Je ne crois pas, non. Ca ne me dérangerait pas, et Marc non plus, mais je préfère rester tranquillement avec Emma.

Sur le chemin du retour, je me remémorais ce que m'avait dit Sophie: "des papillons dans le ventre quand il me regarde". N'était-ce pas ce qu'il m'était arrivé la veille avec Alex?

Le lendemain matin, je me rendis au travail encore un peu chamboulée. Mais j'avais analysé la situation et en avais déduit que c'était une sorte de crainte de l'avenir, avenir que je voyais avec Paul de façon évidente.

J'allumai mon Mac afin de consulter mes mails. L'un d'entre eux attira immédiatement mon attention. 23h08. From: Alex. To: Maeva. Objet: sans.

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