le garçon au piercing || l.h.

étape n°4.

J'avais tellement honte de retourner au lycée le lendemain que je n'avais presque pas fermé l'oeil de la nuit. Il y avait trop de questions dans ma tête pour que je puisse m'apaiser, et la tête qu'a fait ma mère en voyant la boîte de tampons que j'avais -involontairement- achetée en plus du reste me revenait sans cesse en mémoire. Elle devait sûrement penser qu'une fille m'avait demandé de lui en ramener parce qu'elle m'a ensuite fais un discours d'environ une heure sur les dangers du sexe et moi je me contentais de rougir et de supplier mon frère du regard pour qu'il m'aide. Ce qu'il n'a pas fait bien sûr, puisqu'il était occupé à se foutre de moi dans son coin. Ma mère utilisait tout le temps les mots "petite amie", c'était tellement exaspérant que je me disais que c'était exactement dans ce genre de moment que je comprenais les gens qui sautaient d'un pont.

Heureusement j'ai survécu et je suis allé me coucher directement après parce que parler de ça avec ma mère m'avait vraiment coupé l'appétit. Et je suis resté pas mal de temps à fixer mon mur en me posant des questions sur Marley. C'était des questions du genre "est ce qu'elle sait qui je suis?", "est ce qu'elle me prend pour un fou?" et surtout "est ce qu'elle s'est senti mal quand je lui ai dit avoir une petite amie?". Et les réponses les plus claires pour moi étaient "non", "oui", "pas du tout". La seule chose dont j'avais envie était de sécher les cours pour ne pas affronter son regard. J'avais tellement honte. J'avais peut être un peu envie d'une grande pizza aussi. Et avant de m'endormir j'en suis venu à la conclusion que je ferai semblant d'être malade. Malheureusement ça n'a pas marché et je commençais vraiment à douter de mon jeu d'acteur parce que ma mère me démasquait à chaque fois.
J'étais maintenant obligé d'aller en cours de sport et je sentais déjà une boule au ventre quand j'entrai dans les vestiaires. Plusieurs garçons étaient en train de se changer, dont Michael. Il ne me jeta pas un seul regard et c'était mieux comme ça alors je m'installai dans un coin et enfilai mon short de sport tranquillement. Ma boule au ventre grandissait de plus en plus à chaque seconde parce que je savais qu'elle était juste là, dans les vestiaires d'à côté, et qu'elle allait me voir quelques minutes après. Et quand le professeur de sport a crié pour qu'on vienne tous dans le gymnase, je jure que mes jambes ont failli me lâcher. Heureusement j'étais assis. D'habitude j'adorais les cours de sport parce que c'était la seule matière où je pouvais avoir de bonnes notes, je n'avais pas de leçons à retenir. Mais là c'était différent parce que j'avais acheté un putain de paquet de tampons devant Marley, et qu'elle me prenait pour un fou.
Les filles étaient déjà sorties des vestiaires et j'inspirai profondément pour ne pas paniquer. Marley était assise juste là, portant le t-shirt de l'équipe de Volley dans laquelle elle jouait et elle jouait adorablement avec les lacets de ses chaussures. Elle me tournait le dos et je remerciai Dieu parce qu'elle ne m'avait pas encore remarqué. C'était horriblememt bizarre cette sensation parce que d'habitude j'aurai voulu qu'elle me regarde mais là je voulais juste disparaître.

"Hemmings!", je sursautai en entendant mon nom crié par le prof. "Chef de l'équipe bleue."

J'hochai la tête en me relevant mais intérieurement je l'insultais de tous les noms parce que Marley avait tourné la tête vers moi.

"Clifford, ce sera l'équipe noire.", et Marley détourna ses beaux yeux verts en entendant son nom. "Pas toi Marley, je veux dire Clifford version garçon."

Alors Michael se leva fièrement et me rejoignis pour faire les équipes. Encore une fois je mordait nerveusement mon anneau parce que tout le monde avait les yeux rivés sur nous et je ne savais même pas à quel sport on s'apprêtait à jouer. Je n'étais pas sûr non plus de me souvenir des règles de jeu, quel que soit le sport. En fait en passant mon regard sur le gymnase entier, j'en étais certain, je ne me souvenais de rien.

"Hemmings tu commences avec une fille.", fit le prof en tripotant le sifflet qu'il avait autour du cou.

"Marley!"

Ma réponse était instantanée, et je me mis à rougir en voyant le regard de Michael se poser sur moi. Il haussa un sourcil en me fixant, pendant que Marley me rejoignait mais il détourna bien vite le regard quand le professeur le rappela à l'ordre pour qu'il fasse son choix.
Quand les équipes étaient faites, je me précipitai sur M. Baker pour qu'il m'explique encore une fois les règles. Je sentais le regard de mes camarades peser sur nous, et quand je pensais avoir enfin compris comment jouer au Handball, je courus vers le terrain pour rejoindre mon équipe. Pendant le match j'essayais de me concentrer au mieux que je pouvais, me répétant les règles dans ma tête mais je crois que je les oubliais au fur et à mesure. La plupart du temps c'était Marley et moi qui avions le ballon. C'était bizarre parce que je ne pensais plus à la scène du supermarché, je souriais juste au fait qu'on était bel et bien une équipe tous les deux. Puis c'est à la dernière minute du match, quand je courais vers les cages pour que Marley me lance le ballon que ça arriva. Je continuais de sourire comme un idiot quand la balle percuta mon crâne et que je tombai sur les fesses sur le coup. J'entendais déjà la voix de Marley s'excuser plus qu'il n'en fallait en se précipitant vers moi. J'avais fini le cours de sport à l'infirmerie.

"Étape n°4: ne plus JAMAIS jouer au handball avec Marley. Même si elle est adorable dans son short de sport."