Le début et la fin.

212 16 9
                                    


Je prends ma plume, l'encre a la main et je m'installe devant mon bureau en bois archaïque, des feuilles éparpillées là-dessus. Je commence a écrire au moment crépusculaire, ce moment ou on arrive a comparer le petit trait blanc des ténèbres et que cet énorme plaisir nous envahisse, mon histoire immortelle, mon anecdote émouvante.

<< Je ne savais point qu'un petit truc en plastique, avec de l'encre dedans, peut me faire atteindre la popularité extrême! Ce petit truc intitulé << stylo>> fut mon unique compagnie lors de mon désarroi. Il était mon seul défoulement, l'objet à qui je demande main forte les moments ou les seuils de la monotonie m'écrasent. Je commençais à écrire à l'âge de dix ans presque, une vraie écriture bien entendu ! Cependant, le mot écriture est vague, si vague qu'on ne peut le limiter en quelques pages. Ci-joint, on constate un nouveau monde ; un monde de lettres, d'idées, de belles expressions, de critiques et de rêves. Un univers sans frontières, ce fut le seul endroit ou je me sens comblée de joie et en bonne humeur. Bizarre, n'est ce pas ? Tout à fait ! J'étais toujours différente et je le serai pour l'éternité. Avec une musique de jazz –douce- et un bloc sténo entre mes mains, je me plonge, ivre d'émotions, dans un monde a Moi, un monde favoris loin du bruit assourdissant. Et la, les mots se libèrent de ma mémoire et s'envolent vers la feuille ci-dessous. Une phrase par ci, une autre par la et mon monologue fit apparition. Tout cela est facile, la chose compliquée est de trouver un titre adéquat. C'était dur pour moi d'intituler mes récits. Comme je voulais toujours que mes textes soient particuliers, pareils a mon attitude, je faisais attention a choisir des sujets différents ; on peut dire flous. J'écrivais beaucoup d'articles concernant des phénomènes spéciaux, des faits qui font le buzz du mois et surtout je ne suivais point l'ordre chronologique, histoire d'avoir une invention inusitée, qui ne ressemble pas aux autres qui me semblent tous kif-kif. Normal ! Un gout personnel doit toujours être unique. C'est mon cas !>>

J'ai vécu quinze ans en paix, quinze ans entourée d'une famille si modeste dans un appartement peu spacieux. Néanmoins, ce foyer donnait sur la rue principale de Paris. L'indigence y régnait. J'avais six frères : Jack, Benjamin, Claude, Martin, Robert et le petit chouchou Momo. Ce dernier fut un porte-malheur ; ma mère est morte quelques jours après son accouchement. Mon père, le menuisier du quartier a épousé une vieille monstrueuse, Mme Bénarde. Elle avait un mauvais caractère. Tout était prétexte à sa colère. Elle avait toujours les cheveux crépus, les sourcils froncés. On l'entendait gronder quotidiennement. Elle vivait en misère durant son enfance, à cause de leur situation financière qui s'aggravait par la crise économique au XX siècles. Cet événement douloureux restait fixé dans sa mémoire. Aussi nous passions notre temps à nous battre coups de mots. La violence des mots s'est inscrite dans mon attitude. Tandis que Bénarde trouvait des difficultés en s'emparant de son caractère affreux, mon père devenait de plus en plus affable. Je l'admirais, je l'appréciais, je lui portais un amour infini, comme si c'était un Dieu. Il jonglait tant avec sa littérature française. Il se préparait toujours pour son doctorat à mesure qu'il nous ramenait du pain à manger. Il passait son temps à chercher par ci, fouiller par la, copier ce document, supprimer un autre. Il ne cessait de bouquiner. Il était si absorbé qu'il ne donnait plus d'importance a son métier : la charpenterie. Il m'offrait tant de tendresse. Il était, et reste le symbole du père idéal! Polis et courtois, il avait un caractère sacré. Il souhaitait à me former à son image. Déjà, je refusais. Je détestais sembler pareille aux gens ordinaires. J'avais une personnalité unique mais forte. Je recevais des bisous et des câlins de la part de toute la famille, excepté Bénarde bien sur. Elle qui posait ses pieds sur les bornes de la soixantaine, avait l'air perturbant. Elle me lançait des regards rudes, accompagnés d'un regard hypocrite. A chaque fois que j'ouvre ma bouche pour donner mon point de vue, elle fronça les sourcils et me dit, la voix râpeuse :

Une âme ressuscitée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant