"Malaise vagal" qu'ils ont dit... Tu parles!
Je me réveillai sur un brancard aux urgences. Rien de grave, une sorte de chute de tension. Repos et calme conseillés.
J'émergeais peu à peu, comme une nuit bercée d'un étrange rêve, mais dont il vous est impossible de vous souvenir malgré tous vos efforts.
Alex était là. Il me tenait la main.
- Comment vous sentez-vous?
Je ne répondis pas. Le temps que le puzzle se remette en ordre, je regardai autour de moi. Ils ne m'avaient pas déshabillée. Ouf! Simplement un oreiller blanc bien calé sous ma nuque, ni fils, ni perf', ni rien.
Je me levai soudainement, comme ces marionnettes qui surgissent sans crier gare de leurs boîtes à ressorts.
- Calmez-vous Maeva, il faut y aller doucement!
- Mais qu'est-ce que tu as toi? De quoi je me mêle? Et d'abord, qu'est-ce-que tu fous là?
Je ne savais pas pourquoi je l'avais agressé ainsi. Toujours est-il qu'il n'en fut pas désarçonné pour autant.
- Je viens avec vous pour signer une décharge et je vous raccompagne.
- Pas la peine, je me démerde toute seule. Tu peux rentrer si tu veux.
- Maeva, vous savez où on est? L'hôpital est à environ 15 km de votre lieu de travail. Et à moins que vous n'habitiez dans les parages, vous n'avez pas beaucoup d'autre choix. Surtout qu'il est hors de question que je vous laisse prendre les transports en commun.
Je sifflai perfidement quelque chose entre mes dents, mais acceptai tacitement son offre. Avais-je honte qu'il m'ait vue dans cet état de fragilité?
Le chemin du retour se fit dans un parfait silence, qu'il respecta. Il n'en semblait d'ailleurs pas indisposé. Je lui indiquai brièvement mon adresse, ce qui nourrit le seul échange de paroles que nous ayons eu durant ces vingt minutes. Je consultai avec frénésie tous les messages sur mon portable. Paul m'en avait laissé deux vocaux, plus trois textos. Lorsqu'Alex s'arrêta à hauteur de mon immeuble, je descendis et claquai la portière avec orgueil, le remerciant du bout des lèvres. Il resta planté là jusqu'à ce qu'il me voie disparaître derrière la lourde porte d'entrée.
En pénétrant chez moi, j'eus soudain l'impression que l'odeur d'Alex était imprégnée partout sur mon corps, dans mes cheveux. Sur mes vêtements. Partout.
Je m'écroulai sur le divan. Jean-Pierre trotta jusqu'à moi dans l'optique non dissimulée de glaner quelques caresses. Je le gratouillai distraitement sous le menton pendant qu'il s'étirait, pattes avant tendues et cul en l'air. Mon téléphone vibra de nouveau. Paul était à son tour en proie à l'angoisse. J'allumai une cigarette. Je voulais reprendre mes esprits tranquillement avant de communiquer avec qui que ce soit. Je me ravisai vite en pensant à Paul et aux questions qui devaient le tarauder -je n'avais que trop connu ça! Je lui envoyai un texto neutre, pour dire que tout était OK, et que je l'appellerai le lendemain.
Je me déshabillai et enfilai une chemise lorsqu'on frappa à la porte. Je ne répondis pas, dans l'espoir de décourager le visiteur importun. On frappa à nouveau.
- Maeva, répondez s'il vous plaît. Je m'inquiète pour vous.
Alex. Ce petit avait de la suite dans les idées, pensai-je. Surtout vu comme je l'avais traité...
J'avais omis de couvrir la moitié inférieure de mon corps, à l'exception près d'une petite culotte en soie à motifs fleuris. La fatigue faisant son oeuvre, je n'y pensai même pas lorsque j'entrouvris la porte. J'étais bien partie pour l'envoyer à nouveau bouler. Il coinça son pied dans l'encadrure de la porte et attrapa la poignée avec sa large main brune.
- Ecoutez Maeva...
Je restai interdire. Et si c'était un fou? Un dangereux psychopathe? Je commençais à paniquer. Pourtant, je lisais dans ses yeux noirs bien autre chose que de la folie... Ou bien je me faisais des films. Encore.
- Qu'est-ce que tu fais encore là Alex? Et pourquoi tu me suis?
- J'avais envie de parler avec vous.
- Pourquoi?
- A propos de tout ce que vous m'avez dit après votre malaise.
- Ce que j'ai dit après mon malaise? Mais je n'ai rien dit! A part des choses désagréables si ma mémoire est bonne.
- Si, vous m'avez parlé. Dans l'ambulance. Vous avez repris connaissance rapidement après votre malaise, avant de vous endormir d'épuisement. Mais pendant ces quelques minutes, croyez-moi, oui, vous m'avez parlé. Et pas qu'un peu.
Voilà qui ressemblait fort à une mauvaise nouvelle...
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30 Story
RomanceLes Stan Smith, l'apéro dînatoire, et le week-end entre potes: toi aussi cela te parle? Tu continues à écrire "c'est clair!" et non pas "Klr!"? Tu vois vaguement qui est Kim Kardashian mais tu connais très bien le répertoire de Noir Des'? Dans ce ca...