Vie pour vie

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Je veux Jungkook. Je veux sa peau, je veux qu'il souffre et comprenne ce qu'est la douleur, MA douleur. Cette sensation opressante dans les entrailles et te rongeant de l'intérieur. Monsieur est adulé, monsieur a une vie de rêve. Il ne serait rien aujourd'hui s'il ne l'avait pas eu elle, ma petite soeur. Elle qui lui a tout donné, elle qui est morte par sa faute. Je me souviendrai toujours de cette journée maudite, le 23 décembre 2014. Il neigeait comme jamais. Malgré tout, j'étais allée au travail, bravant cette poudreuse recouvrant tout sur son passage. J'étais fleuriste, j'avais ouvrir ma propre boutique sur Itaewon, quartier touristique et populaire de Seoul. A l'approche imminente des fêtes de fin d'année, les clients affluaient en masse et mon stock s'écoulait extrêmement rapidement. Quand soudain, alors que je renseignais une vieille dame sur le prix d'un montage, mon téléphone vibra dans ma poche. L'écran affichait un numéro que je n'avais pas dans mon répertoire. Cela ne pouvait être ni un client ( la boutique avait son propre numéro de téléphone) ni un de mes fournisseurs, puisque j'avais leurs numéros. Sceptique, je décrochai.

- Bonjour agassi, ici l'hôpital national universitaire de Seoul. Nous avons le regret de vous annoncer que votre soeur a eu un accident. annonça une femme sur un ton monotone.

Mon coeur rata un battement. J'avais l'impression que le temps s'était arrêté autour de moi. J'avais du mal à respirer, je ne pouvais pas y croire. Qu'est-ce que ma soeur avait fait ? Elle n'était pas du genre à chercher les ennuis. Peut-être était ce un canular téléphonique ? Dans ce cas, c'était de très mauvais gout.

- A-agassi ?

Je sursautai. J'avais oublié que j'avais toujours mon téléphone contre mon oreille. Je raccrochai sans rien dire. Je paniquais. Je lâchai un cri suraigu quand une cliente vint me saluer. Je reçu, à peine deux minutes plus tard, un appel de ma mère. elle était en larme, et me fit exactement le même discours que la dame de tantôt. Je compris alors l'ampleur de la situation, que cela était bien réel, que ce n'était pas une blague. Je devais partir de toute urgence. Heureusement, j'avais un stagiaire sur qui compter, un allemand du nom d'Alexandre.

- Alex ! criai-je affolée. Garde la boutique !

- Qu'est-ce qui se passe Seul Young ? dit-il avec son accent germanique en accourant vers moi.

- Ma soeur est à l'hôpital. répondis-je sans avoir l'envie de fournir les détails.

Alexandre aquiesça simplement. Je me débarrassai de mon tablier et pris mon sac situé sous le comptoir. Je courus jusqu'à ma voiture et fonçai vers l'hôpital, brûlant quelques feux rouges.

Après cela, mes souvenirs sont assez flous. Je me rappelle juste être arrivée  dans la chambre que la dame de l'accueil m'avait renseignée et avais découvert ma soeur, raccordée à aucune des machines métalliques autour d'elle, et mes parents en pleurs au pied du lit, ma mère dans les bras de mon père. L'information avait mis quelques secondes à arriver à mon cerveau, secondes pendant lesquelles j'étais figée, totalement incapable d'effectuer le plus simple des gestes. C'était comme si je vivais un cauchemar éveillé. Je n'arrivais pas à m'exprimer, ou même à verser une larme, à croire que mes émotions s'étaient figées avec mon corps entier.

Les résultats de l'autopsie et les témoignages des rares personnes sur les lieux à ce moment-là ont permis de déterminer ce qu'il s'est passé. La mort de Sung Rin n'est pas un accident, elle s'est suicidée. Elle s'est jeté d'un pont dans le fleuve Han. La température glaciale de l'eau à cette époque de l'année ne lui laissait aucune chance. Un des témoins a raconté qu'au moment où lui et un ami avaient voulu intervenir, elle ne les écoutait pas, elle semblait déterminée. Elle a murmuré quelque chose d'incompréhensible, et puis elle a sauté. Ils n'ont pas su la rattraper. La police, quand à elle, a su déterminer la cause du suicide grâce aux dires de Min Gyu, la meilleure amie de ma donsaeng, et une poignée d'autres élèves. Ma soeur se faisait harceler par des étudiants se croyant au dessus de tout le monde. La nouvelle m'avait mise en état de choc. Sung Rin n'avait jamais rien laisser paraitre, se cachant toujours derrière son sourire timide et attachant. Quand j'ai appris la nouvelle, je m'en suis voulue comme jamais, et je m'en veux toujours d'ailleurs. Comment ai-je pu ne pas le remarquer ? Je me pose cette question tous les jours, fouillant dans ma mémoire à la recherche d'un quelconque souvenir où elle semblait triste, en vain. Elle avait toujours son sourie collé sur son visage d'ange, visage qu'à présent je ne pourrai plus jamais voir. J'aurais aimé qu'elle vienne m'en parler, j'aurai tout fait pour la défendre. Mais comme j'en suis là, c'est qu'elle ne l'a pas fait.

Vie pour vie ( Jungkook BTS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant