Il était une fois, au Royaume des Fleurs, un prince nommé Tulipe qui faisait la fierté de sa mère, la Reine et de son père, le Roi. Il était si beau, avec ses longs pétales veloutés et dorés, brillant dans la lumière du petit matin! Ses longues feuilles, ondoyaient au gré du vent, mais lui, se tenait droit sur sa tige fragile et les petites pluies de mai n'arrivaient jamais à le faire plier.
Le Prince Tulipe avait donc de bonnes raisons pour louer la vie qu'il menait. Il vivait au cœur d'un joli jardin, spécialement imaginé pour lui. Les plus jolis papillons lui tenaient compagnie, tandis qu'une famille d'abeilles et une colonie de vaillantes fourmis passaient le plus clair de leur temps à bichonner son jardin. Au cortège du prince ne faisaient défaut ni le muguet timide, ni la joyeuse campanule, ni la jacinthe parfumée.
Pourtant, depuis un certain temps, le Prince Tulipe s'était mis à gémir du matin au soir. On aurait dit qu'il traînait derrière lui un lourd manteau de tristesse. Petit à petit, ce lourd fardeau commença à le faire plier. Même ses pétales semblaient perdre de leur éclat.
- Qu'est-ce qui vous rend si triste, votre altesse? lui demandait le muguet, prêt à éclater à son tour en sanglots.
Mais le Prince Tulipe ne disait mot. Il se contentait de pencher la tête, en poussant de profonds soupirs.
Rien ni personne n'arrivait plus à lui faire plaisir. Ni l'orchestre de bourdons du maître Grillon, ni la danse des papillons dont les ailes traçaient dans l'air de véritables arcs-en-ciel, ni le jeu des lucioles, ni la grâce des jolies fleurs qui le côtoyaient dans l'espoir de lui arracher un petit sourire, un seul. Le Royaume des Fleurs sombrait dans la tristesse, comme son prince. En vain, le Roi et la Reine tentaient-ils de le consoler:
- Pourquoi êtes-vous triste, mon fils? lui demandait la Reine. Allez, confiez-vous à votre mère, laissez-moi vous rassurer.
- Non, ma mère, vous ne pouvez pas comprendre mon chagrin, répondait le Prince Tulipe, agitant encore plus tristement ses pétales.
Or, un beau jour, ne supportant plus de voir son fils toujours triste et malheureux, la Reine fit venir au palais les médecins les plus réputés pour l'examiner de la tête aux pieds. Et si un scarabée avait enfoncé ses pinces dans sa racine? Ou bien, quelque chenille avait-elle grignoté ses feuilles? Pourquoi dépérissait-il ainsi?
Le Prince Tulipe n'accepta de consulter qu'un seul médecin: le docteur Camomille.
- Qu'est ce qui vous chagrine, mon cher Prince?
- Oh, docteur, si vous saviez...se mit à soupirer le Prince ...
- Dites-moi, cher Prince Tulipe... Qu'est ce qui ne va pas?
- J'ai un rêve...commença le prince... et soudain, il s' arrêta.
- Vous savez, des rêves, tout le monde en a. Cela nous fait du bien, voyons!
- Mais moi, je ne saurais vous dire si le mien est bon ou mauvais.
- Allez, racontez-moi ça et on verra ce que je peux faire pour vous!
- L'hiver dernier, à 'époque où je n'étais qu'un petit bulbe enveloppé de feuilles fanées, je restais bien au chaud, en compagnie de mes pareils du printemps dernier... Et comme c'était mon premier hiver sous terre, j'avoue que j'ignorais complètement ce qu'une jeune pousse était censée faire avant de se mettre à pousser, se mit à raconter le Prince. Pendant que nous nous tenions tranquilles, un vieux ver de terre nous a rendu visite et s'est mis à nous raconter toute sorte d'histoires.
- Très gentil de sa part, dit le docteur Camomille. On dirait que les vers de terre ne servent pas uniquement à tenter les poissons. Et alors, quelle histoire vous a-t-il raconté, ce ver là ?
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L'histoire du Prince Tulipe
FantasyThe story of a Shy Prince who wanted to be part of the Music of the World