Chapitre 3

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Mes yeux me brûlent, me piquent et me grattent énormément, comme si quelqu'un m'avait injecté un produit avec une seringue ou m'avait drogué par je ne sais quelle manière. Mes paupières me résistent mais je réussis à les ouvrir.

Il fait sombre. Tellement sombre que j'en ai mal à la tête. J'ai dû dormir pendant un long moment. Je sens que je suis allongée sur un lit, mais impossible de savoir si je suis dans ma chambre d'hôtel ou ailleurs. C'est aussi impossible que d'essayer de me rappeler ce qui c'est passé la veille. Le néant. Des images ont été remplacé par un trou noir.

J'essaye de me tourner dans l'autre sens. Mes jambes sont lourdes, mon corps tout entier est pesant.

  Une petite lumière transperce les volets fermés qui me font face. Ces volets ne sont pas ceux de ma chambre d'hôtel, ce sont ceux d'une maison d'une banalité typique.

  Je commence à paniquer.

- Putain, mais je suis tombée où ? chuchoté-je à moi-même.

  J'ai le réflexe de me lever pour trouver la porte pour pouvoir sortir d'ici, mais c'est un échec. Je retombe immédiatement sur le lit -agréablement moelleux cependant- et je remarque que quelque chose tient mon poignet. Je secoue mon bras droit et le bruit d'une chaîne est reconnaissable.

Des menottes. Une est accrochée à mon poignet et l'autre raccorde tout mon corps à la barre en fer au-dessus du lit. Je suis piégée, et je ne peux qu'attendre qu'un ange passe.

  Alors que je m'apprête à jurer, la porte s'entrouvre. Mon seul réflexe est de m'allonger sur le lit en faisant semblant de dormir. Comme l'aurait fait une adolescente en train de fumer sa première cigarette dans sa chambre et prise sur le fait par sa propre mère.

  Je prie silencieusement pour que ce soit bel et bien un ange et non un démon, parce qu'en général quand vous vous retrouvez enchaînée à un lit dans le noir, cela n'annonce rien de positif, ou alors vous tentez de nouvelles expériences avec votre futur mari. Mais ce n'est pas mon cas.

  J'attends. Ma respiration se fait saccadée, et mon cœur est à la limite de l'arrêt cardiaque quand j'entends des pas se rapprocher peu à peu de moi. La personne méconnaissable allume la lumière à côté de moi.

  Je déteste la lumière artificielle au réveil, pensé-je. Mais ce n'est pas le moment de se plaindre. Je ne vais pas vous mentir, j'ai peur.

  L'homme -ou la femme, je n'en sais foutre rien- dépose quelque chose sur ce que je suppose être une table de chevet.

  Mes yeux sont toujours fermés mais je sens que la main de la personne se rapproche de ma tête. Il ou elle pose sa paume sur ma joue et la caresse. J'essaye de ne faire aucun mouvement pendant tout ce temps. Ce contact me paraît être une éternité.

- Je suis désolé, mange maintenant.

Cette voix résonne dans la pièce et s'évapore instinctivement la seconde d'après. La personne, qui est maintenant identifiée en tant qu'homme, sort de la chambre dans un silence pesant.

  Je tourne la tête vers la table, qui est effectivement une table de chevet. Un plateau y est posé, avec des aliments disposés dessus. Je le prends de ma main libre pour le déposer sur mes genoux après m'être redressée. Un repas soigneusement préparé, probablement maison, est sous mon nez. Je n'hésite pas à le manger. Je meurs de faim.

Après l'avoir terminé, et bue un grand verre d'eau, je le remets à sa place et me rallonge. J'attends peut-être une ou deux heures comme ça, dans le silence.J'essaye avec mainte et mainte reprise de me souvenir ce pourquoi je suis là. Mais rien ne tourne rond dans ma tête, tout est trouble.

Danger ZoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant