premiers mots

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"On se casse maintenant."

Y a rien, j'ai l'impression d'être entouré de vide. Les sons sont étouffés.

"Cours !"

Je relève la tête, me tourne vers lui qui court en me lançant un regard qui gueule "viens putain, viens. Reste pas là. Reste pas là."
Et moi qui le suis, bêtement. Je ne contrôle plus mes jambes, elles enchaînent les pas. Je sais que je fais quelque chose de mal.
Mais ce mec. Ce mec putain il me fait perdre la tête et le coeur et la conscience du bon et du mauvais.

"Attends moi !
- Monte !"

Je me jette dans la voiture et claque la portière sur les alarmes sourdes et un vrombissement violent du moteur de la Mercedes qui démarre à toute allure. Puis le silence assourdissant, nos respirations haletantes qui le brisent puis soudainement son rire :

"Putain Louis, si t'avais vu ta gueule quand les alarmes ont sonné.. On aurait dit..
- Ta gueule Harry.
- Tu sais ? Quand tu conduis la nuit et qu'un lapin est pris dans les phares de ta voiture.
- Ta gueule putain. Contente toi de conduire sans qu'on nous rattrape."

Et de nouveau son rire, ses fossettes et ce plis au coin de ses yeux émeraude. Harry. Mon coeur qui bat, qui lance et qui lâche puis je détourne le regard puisque le sien est trop intimidant.

"On a volé combien ?
- Au moins 100 000."

Et cela le satisfait puisqu'il hoche la tête en s'engageant sur une départementale. Harry ne disait jamais grand chose, il se contentait d'écouter, retenir, réfléchir.

"T'es mon Monde, Louis.
- Ferme la.
- Je rigole pas. Avec 100 000 on pourrait aller refaire notre vie ailleurs, loin. C'est pas toi qui voulais partir en Alaska ? On pourrait trouver des boulots. Ça irait pour nous deux.
- Arrête de te foutre de moi..
- Je suis sérieux. T'es mon avenir, Lou."

Et la voiture vrombit sur la route et dans la nuit qui tombe au loin. Elle vrombit sur notre réussite et nos espoirs, elle vrombit sur nos futurs, notre futur puisque l'univers nous lie. Puisque je l'aime et qu'il m'aime et qu'ensemble on est tout.

Et la voiture vrombit plus fort, trop fort et je me redresse, attrape mon téléphone et éteint l'alarme. Mon coeur bat dans ma poitrine, mon regard se pose sur le basané à mes côtés, à moitié endormi.

"Zayn, réveille toi."

Et je balance mon téléphone sur ma table de chevet, m'assied au bord du lit et passe mes deux mains dans mes cheveux en poussant un soupir.

"T'as l'air de bonne humeur encore..
- Ferme la."

Il fallait que je me concentre, que je respire. Ne surtout pas laisser le passé me revenir en pleine gueule. Ce putain de rêve n'a pas le droit de gâcher ma journée.
Je sens les lèvres du brun dans le bas de mon dos nu, ses cheveux caresser ma peau et les frissons qui me parcourent m'arrachent un sourire.

Harry a déjà foutu ma vie en l'air une fois. Je ne le laisserai pas recommencer avec celle que je construis loin de lui.

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