Voici l'histoire d'une ville où les femmes valent autant que les hommes. Il y a des inégalités mais pas de genre. La beauté, le physique, la couleur de peau, les origines ethniques, religieuses et culturelles, les handicaps, les classes sociales, l'âge, la petite influence génétique de l'intelligence...nuisent à la qualité de vie, mais le genre a été supprimé de cette liste de critères discriminants.
Voici l'histoire de trois familles ordinaires, une en bas, une au milieu et une en haut de la hiérarchie sociale. Les membres de ces familles se répartissent aléatoirement sur les autres échelles de prestige. De moche, minoritaire ethnique, vieillard, faible, handicapé et demeuré à beau, issu de la culture dominante, adulte, fort, athlète et intelligent.
1 ère famille : Les Delatourelle : Aelis et Batiste ont 4 enfants, Caroline 20 ans, Delphine 15 ans , Émilien 10 ans et François 5 ans. Ils sont ingénieure et médecin, bonnes notes à l'école pour les enfants.
2ème famille : Les Dupont : Jessica et Kevin ont 2 enfants, Lucia 17 ans et Mario 9 ans. Ils sont technicienne et infirmier, parcours scolaire ordinaire pour les enfants.
3 ème famille : Les Sanchez : Ophélie et Patrick n'ont pas d'enfant mais vivent proches de leurs parents âgés : Renée et Sylvain d'un coté et Tiphaine et Victor de l'autre. Leurs petites retraites et leurs santés fragiles les maintiennent à domicile. Ils sont sans emploi ou à temps partiel pour des heures de ménage.
Le reste des avantages et désavantages sociaux se réparti équitablement ou presque dans les trois familles. L'attirance physique des Sanchez compense leurs origines d'émigrés portugais. Le handicap physique d'Émilien compense le terrain génétique et culturel privilégié sur lequel se construit sa curiosité. Les facilités sportives de Jessica compensent un physique disgracieux...
Les politiques de la ville sont unanimement centrées sur le féminisme égalitaire depuis un demi siècle et l'égalité a été atteinte complètement depuis quinze ans. Les mentalités sont déjà bien imprégnées de ce climat et la séparation des genres est sur le point de s'éteindre. C'est un projet national, une ville avant-gardiste, le point de rencontre de tou(tes)s les féministes engagé(e)s du pays. Les normes sexuelles ont profité de cette évolution genrée, les pressions hétérosexuelles et la jalousie possessives sont en constante régression, proches de l'oubli.
Le cours de la vie s'est infléchi en profondeur, une nouvelle société s'est vu naître en abandonnant ses pôles de normalisation genrés. Bien plus de choses que prévu reposaient en dernière instance sur la séparation graduée des hommes et des femmes, l'abolir à transfiguré la petite ville française renommée spécialement "Agenre" et la vie de ses 30.000 habitant(e)s.
Les Delatourelle, le 15/09/2015, 7 h du matin, une grande maison luxueuse dans le quartier aisé d'Agenre. Le réveil sonne, tout le monde se réveille en même temps pour un petit déjeuner commun. Tous travaillent ou étudient en ville, l'isolement urbain fait parti de l'expérience féministe. Aelis et Batiste ont 48 et 46 ans, Aelis est ingénieure dans l'usine de préservatifs, elle en partage la responsabilité avec une collègue. Batiste est l'un des neuf médecins généralistes de la ville. Le rituel du matin est solide, les habitudes rassurent, la première heure de la journée se passe le plus souvent à l'abris des surprises, tout s'enchaîne avec fluidité. Chaque enfant a sa chambre, celle de Caroline porte les traces de l'adolescence en cours. Des posters de groupes de rock, une coupe et des médailles de tennis, des coloris vifs pétants sur les murs avec toutes les couleurs de l'arc en ciel, un grand lit double sous lequel elle range ses vêtements unisexes. Son bureau l'occupera ce soir pour faire ses devoirs, elle s'applique mais pas plus docilement que son petit frère Émilien, elle n'étudie que les matières qui lui plaisent (maths, biologie et technologie) et en délaisse d'autres (3 ème langue vivante, histoire et français). Elle s'habille et descend les escaliers de sa chambre vers la cuisine, s'assoit sur une chaise avec ses deux petits frères. Émilien tartine de confiture le pain de François pendant qu'elle se sert un bol de céréales. Aelis est la dernière à arriver, ils sont six autour de la grande table de la cuisine, parlent à tour de rôle en respectant le niveau intellectuel de chacun selon son âge. Seul l'âge et l'activité physique influe la quantité de nourriture avalée, les trois femmes mangent à peine moins que les trois hommes. Pas de différences au niveau des sujets abordés selon le genre, du détail insignifiant à la grande question existentielle seuls le contexte et l'humeur individuelle décide de qui abordera quoi. Après avoir mangé chacun retourne dans sa chambre pour finir de se réveiller, surfer sur les réseaux sociaux ou prendre une douche. Le temps passé à prendre soin de son apparence ne dépend que de la personnalité de chacun, ici se sont les garçons qui y passent plus de temps. Caroline et Delphine ont peu de vêtements et cherchent plus à laisser transparaître leur classe sociale que leur féminité. Leurs seins de taille moyenne s'oublient rapidement, ils n'ont que peu de valeur esthétique dans Agenre, leur magie s'est volatilisée au fur et à mesure que la confrontation des sexes s'amenuisait. Les jupes, robes, bottes et autres attributs féminins sont mis autant par les hommes mais dans l'ensemble ils ont tendance à disparaître, pas pratique. Pareil pour la maquillage devenu superflu, en voie de disparition. Delphine caresse ses poils sous les aisselles, les trouve doux puis enfile un T-shirt et un pull noir. Son petit copain l'apprécie comme elle est et ne comprendrait pas qu'elle s'épile ou se maquille pour lui plaire. Ses cheveux coupés au carré lui évitent la plupart des contraintes, de toute façon très peu de femmes ont les cheveux longs, pas plus que les hommes en tout cas. Batiste dépose ensuite les deux garçons à l'école, Émilien est en 6ème et François au CP (ses parents ont insisté pour qu'il saute une classe). Aelis part de son coté au travail, son costume impeccable est entretenu par un homme de ménage, Patrick Sanchez. Arrivée à son bureau présidentiel de l'usine de préservatifs elle se fait servir un petit café par son secrétaire puis entame la longue période de réponse aux mails avant d'aller sur le terrain briffer les chef(e)s d'équipe. Émilien accueille ses patients sur rendez vous la matinée, les femmes se sentent à l'aise pour parler de tout avec lui, il a fait l'effort d'approfondir sa formation pour mieux les connaitre sous tous les rapports, pas seulement sous l'angle médical mais surtout il a appris à déceler pour contrer les prises de vue paternalistes qui imprègnent la science. Les pressions objectifiantes et incitatrices à la procréation n'ont pas cours dans son cabinet.
VOUS LISEZ
100 % féminisme
General FictionUne ville mise tout sur le féminisme et observe ce qui se passe. Elle atteint l'égalité parfaite entre les hommes et les femmes. Les conséquences sont larges et nombreuses, la vie s'améliore, les autres villes tentent de s'aligner. Voici la vie de q...