- C’est un jeune chevreuil blessé par balle, il faudra faire très attention. Tu sais quoi faire, me chuchota mon père.
Depuis toute petite, mon père m’avait appris à me mouvoir en forêt, ne faire aucun son et me cacher. Mon père suivi la piste du chevreuil grâce au sang laissé derrière et aux traces. Nous parcourûmes au moins cinquante mètres avant de se rendre à l’animal blessé. Il était très mal en point avec une balle dans le cou et du sang partout sur lui. Je m’accroupis dans un buisson et regarda mon père en action sans trop penser au sang éclatant. Il s’approcha tranquillement de l’animal et s’arrêta aussitôt que le chevreuil fixait ses yeux et ses oreilles en même temps sur lui. Quand l’animal écouta ailleurs, mon père s’approcha. Le même manège continua jusqu’à ce qu’il puisse le piquer pour le calmer. Il me fit alors signe d’approcher avec la boîte de premiers soins et je m’empressa de le rejoindre.
- Il est drogué, tu peux donc le piquer sur les côtés de la blessure pour désensibiliser la zone, me commanda mon père.
Je m’activa aussitôt et comme je l’avais toujours fait, retira la cartouche du cou de l’animal. Je cousus ensuite la peau séparée pour qu’elle se recolle et nous nous éloignâmes un peux plus loin.
- Tu as très bien fait ça, Swanne, me félicita mon père, mieux qu’avec le précédant. Nous attendrons qu’il se réveille et nous allons aider le loup.
Une demi heure plus tard, le chevreuil se leva en regardant partout autour de lui. Il devait se demander ce qu’il lui était arrivé, il semblait perdu. Il reprit peu à peu ses sens et parti en galopant dans la forêt. Voyant qu’il allait mieux, mon père nous ramena au camion et on se mit en route vers le loup. Les rencontres avec les loups sont très rare, et je doutais que nous allions le trouver. Mon père marchait cependant avec un pas rapide et sûr, tout en étant silencieux comme une couleuvre. La forêt était calme, seul le bruit des oiseaux perçaient le silence. J’aimais beaucoup les loups, c’est l’animal emblème de la forêt pour moi. Il est le prédateur silencieux et malicieux, magnifique et féroce. Il m’était arrivé d’en voir quelques un entre les arbres rarement, mais jamais je n’en avais vue de proche.
Un bon deux heures de marche plus tard, mon père s’arrêta brusquement et s’accroupi au sol. Bien que je n’avais rien vue, je m’allongea à ses côtés en essayant de découvrir qu’est-ce qui lui avait donné l’alerte.
- Il est là, dans les environs. Reste silencieuse et écoute les bruits. Ouvre toi à la forêt, me dit-il.
Je m’ouvris comme il me l’avait demandé, fermant les yeux et me concentrant. Je fis le vide et, rapidement, j'entendis deux fois mieux que d’habitude, et tout mes sens étaient en alerte. C’était comme si la forêt était mes yeux et mes oreilles, comme si j’étais connectée à Elle. Grâce à ma connection, je réussis à percevoir le son rauque du loup, comme s’il avait de la difficulté à respirer.
- Il est là-bas, suis moi, chuchotais-je à mon père.
Il me suivis sans aucun bruit. Moi, je rampais presque au sol, je n’avais pas autant d’année de pratique que mon père pour faire aucun son. J’avais les yeux encore fermés, la forêt me guidait. Quelques mètre plus loin, je sentis le loup tout près, et mon père s’arrêta. Je continua tout de même, Elle me disait de l’aider, qu’il était blessé et qu’Elle m’aiderait à le guérir. Je m’approcha de plus en plus de l’animal, jusqu’à ce que son souffle réchauffe mon cou. Mes mains parcoururent son pelage, partout sur son corps et s’arrêtèrent sur sa poitrine, oubliant toute peur, farfouillant dans le poil pour atteindre le coeur, du moins se rendre au plus près de l’organe. La forêt me guidait, me rempli d’arôme de tronc d’arbre mouillé et de feuilles vertes, me donnant l’énergie dont j’avais besoin pour guérir le coeur malade qui reposait sous mes mains. Jamais je n’avais fait quelque chose de tel et je me sentais plus forte, plus grande. Ce qui se passa était incroyable... De mes pieds à mes mains, un puissante énergie circulait dans mes veines jusqu’à l’animal.. Mes doigts me piquaient à présent et j'ouvris les yeux, me frottant les mains pour faire partir la sensation gênante.
Mon regard se posa sur le loup que je venais de sauver, ses yeux jaune-vert posés sur moi, bienveillant. Son pelage gris comme un ciel chargé de pluie, soyeux.
Merci.
Je sursauta. Une voix chaude venait de parler dans ma tête, et le loup partit en trottinant vers le fond de la forêt qui noircissait.
Tu es encore là ? Qui es-tu ?
Aucune réponse. Je devais avoir imaginé ça. J’eus tout juste le temps de me lever et de rejoindre mon père avant que tout devienne noir.
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Loups 1
FantasíaSwanne, une jeune adolescente de 16 ans commence tout juste à comprendre les mystères de son père et de la forêt. Elle fait la rencontre d'Elijah, qui bouleversera sa vie.