Partie 1 : Un sentiment partagé

12.5K 488 241
                                    

De fines larmes vinrent s'écraser sur le siège, révélant ma stupide sensibilité. Certes l'histoire était belle, l'amour passionnel, mais était-ce une raison pour pleurer ainsi ?

Alors que les lumières pénétrèrent dans la pièce, tout le monde se leva. Je restai là, face à l'écran affichant les génériques, figée. 

J'aimais beaucoup venir au cinéma, seule. Ce n'était pas facile à avouer, mais j'adorais les histoires d'amour. Les histoires à l'eau de rose, dans lesquelles les acteurs se jurent fidélité tout en se tenant les mains, sous un soleil couchant. C'était quelque chose auquel je rêvais, même si je n'y croyais plus. Comment un tel amour pouvait - il être réel ?

J'avais appris à vivre sans croire en l'amour éternel, souffrant chaque jour un peu plus. Ma mère était actuellement enceinte de 5 mois, et pourtant ma vie familiale était plus sombre que jamais.

Cela faisait plus de deux ans que mon père trompait ma mère, et ça,  ce n'était un secret pour personne. Mais que voulez-vous?  Ma mère n'avait aucun emploi et aucune qualification. Pour vivre, elle avait besoin de l'aide financière de mon père.  Et puis, c'était plus simple pour "mon éducation" comme elle me disait. Je la soupçonnais évidemment d'être volontairement tombée enceinte, afin de s'assurer quelques temps aux côtés de mon père. Il ne lui avait jamais clairement dit qu'il la trompait, mais il savait que nous étions au courant.

Je me rappellerai toujours de ce fameux soir, il y a un an et demi, où j'étais sortie devant l'immeuble  prendre l'air. Il devait être minuit, lorsque la voiture de mon père vint se garer. Ses cheveux étaient désordonnés, sa peau luisante, et sa chemise légèrement  déboutonnée .C'était a cet instant précis que j'ai compris.

Pourquoi il rentrait si tard, pourquoi mes parents ne s'enlaçaient plus comme avant, pourquoi ils ne se chamaillaient plus comme des enfants, pourquoi ma mère pleurait le soir. Mon monde s'était écroulé, la joie de vivre m'avait quittée. Ce soir là, sous les reflets d'une pleine lune bleutée dans l'eau, j'avais faillit commettre l'irréparable.

Alors oui, j'estimais que j'avais le droit de rêver à "l'histoire" sans même y croire. Celle qui vous rendait si heureux, mais aussi si fragile et dépendant. 

J'avais 17 ans, et j'étais en première. Mon temps libre était donc réduit car j'étudiais beaucoup. Je voulais avoir un bon travail plus tard, afin de ne vivre aux crochets de personne. Je logerai ma mère, lui retirant ce fardeau d'être une femme trompée et blessée. 

C'était le début de l'année, et les exigences étaient devenues beaucoup plus complexes.

Je ne voulais pas me morfondre, ni même pleurer en me disant que ma vie n'était qu'un cauchemar, un vide, un manque de toutes les sensations qui vous maintiennent vivant.

En sortant de la salle, j'errai dans les rues sans but. Je songeais à l'amour entre ces deux personnages. Il aurait donné sa vie pour elle, tout comme elle lui aurait tout donné. Mon poing se serra. A l'évidence, ça me faisait souffrir.  Une telle relation n'existe pas. Alors pourquoi faire semblant ? Pourquoi parler du véritable amour alors qu'il est purement irréel?

Je dépassai un petit marchand de roses. Elles étaient si belles, leur couleur était tellement vive, et les pétales semblaient aussi douces que de la soie. C'est alors que je fis un constat curieux. Les pétales d'une roses sont la passion,le bonheur, et tous les sentiments qui nous réchauffent le cœur lorsque l'on s'est éprit de quelqu'un.  Les épines sont les obstacles, parfois incontournables. Si on les percute, on a mal. Un léger sourire apparu sur mes lèvres.  Cette idée de rose était loufoque, mais plutôt bien représentative.

Je me demandais souvent si j'allais rencontrer l'amour un jour. J'étais le genre de fille coincée, qui a toujours été célibataire malgré que j'étais un peu demandée.

Below the moon / JiminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant