Secret

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       Cinquante-deux. Cela fait cinquante-deux minutes que j'ai atterri. J'ai quitté cet endroit il y a un an pour aller vivre à Paris avec mes parents. Paris est dite, "la plus belle ville du monde". Nous avions un appartement qui donnait sur la rue de monceau. Le week-end, je prenais le métro pour aller au Louvre, ou bien à la Défense. Je connaissais Paris comme ma poche, et j'adorais faire les magasins sur la plus belle avenue du monde*. J'y ai passé la plus belle année de ma vie, loin de tout. Je me fondais dans le décor et me prenais pour une parisienne, et lorsque quelqu'un me demandait d'où je venais, je leur répondais que j'étais d'ici. C'est en regardant par la fenêtre que je suis revenue à la réalité. J'aperçois le ciel sombre à travers les grandes baies-vitrées de l'aéroport new-yorkais, les nuages gris foncés sont chargés d'éclairs menaçant la ville qui ne dort jamais. La poignée dans la main, je tire ma valise vers la sortie, où des dizaines de taxis patientent, tels des chats affamés, attendant que les souris sortent de leur trou. Nous arrivons à nous frayer un chemin dans ce bain de touristes. Mon père fait signe à un chauffeur ; celui-ci se précipite vers nous avant que l'un de ses concurrents ne le fasse. Nous montons dans la Ford jaune.

«Déposez nous sur la 2nde Avenue dans l'Upper East Side au niveau du Starbucks s'il vous plait », demande ma mère.

Je regarde à travers la fenêtre. Je vois les gouttes d'eau s'écraser sur la route, les arbres danser avec vent, les éclairs illuminer le ciel noir. Je suis loin du doux soleil de Paris et de ses immeubles haussmanniens. Mes yeux, fatigués, se ferment petit à petit comme si ils déposaient les armes après une longue bataille qu'a été ce vol.

Après une heure de somnolence, j'arrive enfin chez moi. Je n'attends même pas mes parents et prends ma valise. Le majordome m'ouvre la porte, et je cours à travers le hall voyant qu'un des ascenseurs s'apprête à refermer ses portes. J'arrive à y rentrer de justesse. Je passe mon badge, puis appuie sur le 9ème bouton.

Dès que les portes s'ouvrent je me précipite dans le salon et admire la pièce. Rien n'a changé depuis mon départ. Je tire ma valise jusqu'à ma chambre. Elle est restée à l'identique, mon bureau en bois brute est toujours face à la fenêtre, mes photos sont toujours au-dessus de mon lit, et mes livres sont dans cette bibliothèque, couverts de poussière. J'ouvre ma valise et dépose mes vêtements dans les tiroirs :

- Kim ?

- Oui maman ?

- Les déménageurs arriveront demain finalement, tu devrais appeler Spencer, Taylor et Mackenzie, non ?

- Tu sais, on s'est perdu de vue...je les verrai demain en cours.

Un long silence s'installe.

- Tu veux qu'on...

- Tu peux refermer la porte en sortant s'il te plait ?

- Kim, j'aime ton père...

- Non maman.

- C'est compliquée ma chérie...

- Non maman ça ne l'ai pas, un an que tu lui caches ça.

- Tu es trop jeune...

- Non je ne le suis pas, les faits sont que tu as trompé mon père avec un de tes étudiants.

- Kimberley !

- Je sors, j'ai besoin de prendre l'air.

Je laisse ma valise ouverte, attrape mon sac et sors de ma chambre, je croise mon père dans le couloir.

- Ça va ma chérie ?

- Oui papa, je sors.

Je le contourne et avance jusqu'à l'ascenseur.

Jolies Petites MenteusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant