Chapitre 22 : Désespoir

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  Tôt dans la matinée, Jacques Nevers est pris d'un doute. Mais bientôt, ce sentiment s'envole aussi vite qu'il est arrivé.
Les yeux de son petit fils s'ouvrent progressivement, tandis qu'il gigote pour tenter d'éloigner la couverture de ses jambes. Son grand-père, en le voyant, s'approche de lui une fois. La seconde fois, il est tout près de petit Paul et sa main ne parvient pas à s'approcher de sa tête. Des tremblements l'alertent...

[Conversation téléphonique]
Alice : Allô ?
Jacques Nevers : Tu es déjà réveillée ?
Alice : Oui... On a un enterrement aujourd'hui.
Jacques Nevers : Ah...
Alice : Il y a un problème avec Paul ?
Jacques Nevers : Je ne pourrai pas le garder.
  Fred et Alice échangent un regard douteux, partageant le même sentiment d'inconscience.
Alice : Attends papa, tu m'as dit hier que tu le gardais ! Je fais comment moi ?
Jacques Nevers : Je vais appeler la baby-sitter, je rentre ce soir à Dijon et je n'ai rien préparé.
  Elle marque un temps et fait redescendre sa colère.
Alice : Tu vas mieux ?
Jacques Nevers : Bonne journée à vous.
[FIN]

Fred : Un problème...?
Alice : Mon père ne peut pas garder Paul ce soir. Il l'emmène à l'école et il appelle la baby-sitter pour qu'elle aille le chercher et qu'elle le garde.
Fred : Et... j'imagine qu'il n'a pas précisé pourquoi...?
Alice : Non. Ça m'embête vraiment qu'il ne veuille jamais rien me dire...
  Il s'approche d'elle et glisse sa main droite dans la sienne.
Fred : Quand vous souffrez, madame le juge...
  Ils sourient à cette apostrophe.
Fred : Vous avez besoin de vous retrouver seule pour réfléchir, comprendre votre douleur... Et vous vous éloignez des autres parce que vous ne voulez pas leur faire de mal...
  Elle baisse la tête, bien obligée d'admettre que son commandant dit vrai.
Fred : Ce n'est pas ce que vous avez fait après votre opération ? ... Repli sur vous-même... Isolation...
  Elle le regarde une nouvelle fois dans les yeux et réalise ce que Marquand tente de lui faire comprendre en pratiquant la maïeutique.

[Conversation téléphonique]
Gardien Igor : Bonjour, prison de...
Jacques Nevers : Je voudrais parler à Mathieu Brémont, c'est urgent !
Gardien Igor : Ne quittez pas.
Jacques Nevers : Je suis le monsieur d'hier, Jacques Nevers, vous m'avez déjà reçu...
Gardien Igor : Monsieur, s'il vous plaît, attendez.
  Des chuchotements se font entendre à l'autre bout du fil, il s'impatiente mais ne le fait pas savoir à son correspondant.
Gardien Igor : Je me rappelle de vous monsieur. Les médecins préfèreraient qu'il se repose, mais si votre appel est vraiment urgent...
Jacques Nevers : C'est le premier et dernier. Accordez-le moi s'il vous plaît...
Gardien Igor : Bien. Dans trois minutes, vous taperez 13 sur votre combiné. Cela vous mettra sur la bonne ligne.
Jacques Nevers : Merci beaucoup.
  Les yeux rivés sur l'heure, il tremble de stress... Son petit fils lui fait son plus beau sourire, et il se perd dans ses pensées... Il l'entraîne vers la télévision sans le moindre geste agréable envers petit Paul et s'éloigne le plus possible de lui. Il en vient même à se rendre dans le couloir de l'hôtel.
Les trois minutes passent. Le bruit des touches retentit, bip, bip. Le deuxième son se révélant plus grave que le premier.
Docteur : Oui, monsieur.
Jacques Nevers : Bonjour, j'ai demandé à parler à Mathieu Brémont d'urgence, s'il vous plaît !
Docteur : Puis-je connaître le motif de votre appel ? Vous êtes un proche ?
  Il hésite entre "père de son ex-femme", "ex-beau-père" puis se décide enfin, voulant sensibiliser ce Docteur.
Jacques Nevers : Je suis le grand-père de son fils.
Docteur : C'est à quel sujet ?
Jacques Nevers : Mais de Paul, enfin ! Son fils ! C'est important !
Docteur : Bon. Je vous le passe.
  L'attente est longue, mais il prend son mal en patience. La voix engourdie de Mathieu lui rappelle bon nombre de souvenirs. Il se rappelle avoir détesté cet homme, l'avoir trouvé nocif pour sa famille...mais en ce jour, ils ont plus ou moins le même statut d'homme dangereux.
Jacques Nevers : C'est le papa d'Alice.
Mathieu : Monsieur Nevers ?
  Il toussote légèrement et reprend.
Mathieu : J'imagine que vous ne m'appelez pas pour prendre de mes nouvelles.
Jacques Nevers : C'est Paul.
  Le père de l'enfant se redresse sur son lit, et ce mouvement brusque lui vaut quelques douleurs.
Mathieu : Qu'est-ce qu'il se passe ?! Quelqu'un a fait du mal à mon fils !
Jacques Nevers : Non... mais tu ne pourras pas le voir Mathieu. C'est trop dangereux !
Mathieu : Quoi ? C'est vous qui m'avez donné la permission !
Jacques Nevers : Tu mélanges tout ! J'ai accepté que tu lui écrives, pas que tu lui promettes de le revoir !
  Mathieu soupire.
Mathieu : Je vois. Vous avez lu la lettre, c'est ça ?
Jacques Nevers : Ce n'est pas le problème. Écoute euh... je sais ce que tu ressens...
Mathieu : Je ne crois pas monsieur Nevers ! Le seul lien que j'ai avec mon fils ce sont ces lettres ! Vous n'avez pas le droit de vous y opposer !
Jacques Nevers : Et c'est à moi que tu parles de droit !?
  Mathieu se calme à la demande du Docteur, qui l'observe s'agiter.
Mathieu : Alice est au courant ?
Jacques Nevers : Oui. C'est ma fille.
Mathieu : Chez les Nevers, tout se sait, ce n'est pas une légende.
Jacques Nevers : Tu ne peux peut-être pas comprendre, Mathieu, mais on est dans la même situation. Si tu aimes ton fils tu dois vouloir le préserver.
[FIN]

Alice Nevers, juge d'instructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant