J'ai appris trois choses hier soir.
Premièrement, Maddie Stevens tient dans mes bras à la perfection. Deuxièmement, j'ai sérieusement envie de la baiser. Genre une putain de méchante envie. Et troisièmement, ses cheveux sentent la pomme.
Ça fait neuf jours aujourd'hui que Ryan et Aston m'ont mis au défi de faire tomber Maddie amoureuse de moi, dans une limite d'un mois. À ce rythme, j'aurai pas besoin d'un foutu mois. Elle est déjà en train de craquer - et de craquer bien comme il faut. Je me donne dix jours pour leur prouver que je peux y arriver, et ensuite je me casse.
Parce que, soyons honnêtes, si j'étais le genre de mec à tomber amoureux, ce serait de quelqu'un comme elle. Sous son petit corps bien roulé et ses cheveux flamboyants, derrière ces jolis yeux verts, il y a une fille qui ne ressemble à rien de ce que j'ai connu. Et ce qui est sûr, c'est que j'en rencontrerai pas deux comme elle non plus.
Et c'est bien le problème. Quand elle me sourit, qu'elle me sourit vraiment, je peux la voir me transformer et faire de moi le genre de mec à tomber amoureux. Ça la rend dangereuse, un putain de danger ambulant, et il faut que je la mette dans mon lit et que je la quitte avant qu'il soit trop tard.
Elle apparaît et marche dans ma direction tout en tapant un message sur son téléphone, les sourcils froncés. Ses cheveux sont ramenés sur le côté et dissimulent son visage au reste du monde. Je me lève des marches sur lesquelles je suis assis, je lui attrape la main et je la fais tournoyer vers moi.
Elle lève de grands yeux surpris et s'appuie contre ma poitrine.
- Bon sang, Justin ! Il faut que t'arrêtes de me faire ça.
- Faire quoi ? je demande avec un sourire espiègle.
- Me faire peur, elle souffle en rangeant son téléphone dans sa poche.
- Tout va bien ?Je repousse ses cheveux de son visage.
- Ouais, c'était juste mon frère. (Elle fronce de nouveau les sourcils et secoue la tête.) Peu importe. Il est juste fidèle à lui même, stupide.
- Sûre ?Je frotte les rides sur son front pour les faire disparaître.
- Oui ! elle répond vivement.
Un peu trop vivement d'ailleurs. Elle me sourit, mais il n'y a aucun éclat dans ses yeux, pas comme hier soir. Et que je sois maudit si je cherche à comprendre ce qui se passe plutôt que de vouloir la baiser par tous les moyens possibles et sur-le-champ.
C'est parce que c'est la copine de Megan. Ça explique toute cette histoire d'attention que je suis en train de commencer à lui porter. Bien sûr.
Je dépose un baiser sur son front et lui prends la main. On quitte les marches et on se dirige vers la cafétéria du campus. Ils servent pas la meilleure bouffe du monde, mais je sais qu'elle a cours dans une demi-heure. Je vous jure qu'elle suit tous les cours possibles.
On s'introduit dans la queue pour entrer et on se trouve une petite table dans un coin. J'ai déjà remarqué qu'elle déteste être le centre de l'attention.
Elle picore et touche à peine à son plat. J'ai envie de lui parler, mais je ne sais absolument pas quoi lui dire. Je dois être le mec le plus insensible du monde, mais j'ai jamais accordé trop d'importance aux sentiments. Pour moi, les seuls sentiments qui veulent dire quelque chose et qui sont bien réels se passent dans la chambre.
Jusqu'à ce que je me plonge dans les yeux tristes de Maddie. Et là, ses sentiments sont très, très réels.
Plutôt que de parler, je décide de glisser ma main par-dessus la table pour prendre la sienne. J'ai vu des mecs faire ça dans les stupides films que Meggy m'obligeait à regarder. Maddie relève la tête et m'adresse un sourire triste et préoccupé, et je me dis que ça la réconforte un petit peu.