- Tu me trouves belle ? elle demande doucement.
Évidemment, elle a dû l'entendre dire souvent.
- Oui. (Je tourne son visage vers le mien.) Oui, mais parce que tu es belle, Maddie. À l'intérieur comme à l'extérieur.
Et putain, je suis complètement honnête. Elle est pas bonasse ou baisable. Elle est belle, sexy et douce.
Elle ferme les yeux et, quand elle les rouvre, des larmes brillent à l'intérieur. Oh merde.
- J'ai dit quelque chose de mal ?
Elle secoue la tête et pivote dans mes bras en passant les siens autour de ma taille. Elle pose la joue sur ma poitrine et je la sens prendre une profonde inspiration.
- Non, elle murmure. Non, pas du tout.
- Alors pourquoi tu pleures ?Elle relève la tête, un sourire sur le visage malgré les larmes qui voilent ses yeux.
- Parce que ça me rend heureuse.
- Tant mieux, je murmure en lui embrassant le coin de l'œil pour faire disparaître ses larmes. J'aime te rendre heureuse, Maddie.Et c'est vrai. Pour une raison qui m'échappe, c'est vrai.
Je l'attire jusqu'à mon lit, monte dessus, rabats les couvertures et tapote la place à côté de moi. Elle s'y installe et mon tee-shirt qu'elle porte remonte légèrement. J'aperçois brièvement une petite culotte en soie noire. Bordel de...
Je fais de mon mieux pour chasser les pensées inappropriées qui me traversent l'esprit et la prends dans mes bras par-derrière. Elle serre mes bras et j'inspire le parfum de pomme de ses cheveux, dont le bout me chatouille le nez.
Elle est moulée à mon corps comme si elle était faite pour s'y ajuster, et c'est foutrement troublant. Je pense pas que qui que ce soit d'autre pourrait tenir aussi bien qu'elle contre moi à cet instant précis.
Je caresse son bras du bout du doigt et, au bout d'un moment, sa respiration s'égalise. Je me redresse légèrement pour voir son visage. Elle s'est endormie - ses yeux sont fermés et ses cils épais jettent une ombre sur son visage. Ses lèvres forment une petite moue, et j'adorerais les embrasser. Mais je veux pas la réveiller.
Je me rallonge à côté d'elle et la serre plus fort contre moi avant de laisser mes yeux se fermer.
Je me fais réveiller par un coup de coude dans la joue.
- Bordel ! je marmonne en me redressant, me rappelant la présence de Maddie à côté de moi. Maddie ?
J'ouvre les yeux et elle secoue la tête, toujours endormie. La télé jette une lumière crue sur son visage et je vois ses lèvres bouger. Elle marmonne dans son sommeil. Qu'est-ce qu'elle dit ?
- Maddie ? Mon ange ? (J'écarte les cheveux de son visage et elle se réveille en sursaut, le souffle court. Des larmes que je n'avais pas remarquées coulent le long de ses joues.) Maddie ?
- C'était qu'un rêve, elle murmure pour elle-même. Seulement un rêve.
- Ça va, mon ange ?Ses yeux font enfin le point sur mon visage. Elle hoche la tête.
- Serre-moi. S'il te plaît, Jay.
- Bien sûr que oui.Je la colle contre moi, face à face cette fois, et je me rends compte qu'elle m'a appelé Jay.
- Merci, elle murmure en glissant ses jambes entre les miennes, blottie contre moi.
Je sens ses larmes couler sur mon épaule et mon oreiller. Je ne sais absolument pas quoi faire. Je ne sais absolument pas pourquoi elle pleure. Je suis largué.
Je lui dis des petits mots d'apaisement tout contre son oreille et lui caresse les cheveux jusqu'à ce qu'elle se calme de nouveau.
Cette fille est trop complexe pour que je puisse jamais la comprendre pleinement - mais je commence à vouloir au moins essayer.
Maddie découpe un petit bout de son muffin et le fourre dans sa bouche.
- Comment tu fais pour rester aussi mince ? je demande, amusé.
- Comment ça ?Elle penche la tête sur le côté.
- Je suis sûr de t'avoir vue manger un de ces muffins chaque jour depuis deux semaines.
-Seulement deux semaines? Je suis sûre d'avoir mangé ces muffins chaque jour depuis au moins huit mois.Elle hausse nonchalamment une épaule.
- Et tu gardes cette ligne ?
Je parcours son corps des yeux sans vergogne.
- J'ai un métabolisme rapide.
- Non pas que ce serait un problème si c'était pas le cas. Je suis sûr de pouvoir trouver un moyen de brûler toutes ces calories.Je lui fais un clin d'œil et récolte une petite grimace.
- Oui, je ne doute pas que tu trouves de nombreux moyens, elle répond. Malheureusement, moi aussi, et à mon avis aucun qui corresponde aux tiens. Moi, je parle d'exercice.
- J'ai jamais dit que les miens n'étaient pas de l'exercice.
-Le sexe ne compte pas comme de l'exercice, elle réplique en me jetant un regard appuyé. Dans aucune position.
- Ça fait brûler des calories pourtant, je riposte. Ça compte comme de l'exercice.Elle soupire en secouant la tête, mais je vois bien qu'elle essaie de ne pas rire. Quoi ? Ma remarque est sacrément pertinente.
- Ce n'est pas une forme d'exercice reconnue, Justun.
- Tu m'as appelé Jay, cette nuit. Ça m'a plu.J'écarte ses cheveux de son visage du bout des doigts.
- Ah bon ? Quand ça ?
- Tu, heu... as fait un cauchemar et je t'ai réveillée. C'était là.
- Oh. (Elle repose son muffin.) Désolée.
- Mais non. (Je la force à me regarder.) T'excuse pas. T'en fais souvent ?Elle détourne les yeux et les pose sur l'eau claire comme du cristal devant nous.
- Parfois. Moins qu'avant.
-Et pourquoi? Je veux dire, de quoi tu rêves ?Son silence est éloquent. Je sais ce qu'elle va dire avant même qu'elle ouvre la bouche.
- Du jour où ma mère est morte.
- Maddie, on n'est pas obligé de parler de ça...
- Ça m'aide, des fois. C'est juste que je n'ai jamais vraiment eu quelqu'un à qui me confier.J'entrelace nos doigts et lui caresse le dos de la main avec mon pouce.
- Si tu veux en parler, je t'écoute.
Je veux qu'elle m'en parle.
Elle prend une profonde inspiration, et dans le silence, je me demande si elle va vraiment parler. Mais elle le fait.
- Je fais ces cauchemars parce que je l'ai vue mourir.
Merde.