Prologue

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L'agent Cameron se réveillait, péniblement, le regard troublé par le chloroforme dont les effets commençaient progressivement à s'atténuer, le front ruisselant de sueur, tout comme son corps. La première chose qu'il remarqua lorsque la lucidité lui revint, était que sa chemise lui avait été ôtée et qu'un garrot lui avait été préalablement mis sur son bras gauche. L'acier froid et la sensation naissante de brûlure, maintenant que ses nerfs commençaient à recouvrer leurs facultés, lui firent comprendre qu'il était allongé ligoté avec des sangles de cuir sur une table en métal. Il commençait à observer la pièce & la faible lumière qui y régnait.

C'était un hangar sombre & humide, probablement un de ces vieux abris anti atomiques datant de la Guerre Froide, les écritures en alphabet cyrillique lui rappelèrent qu'il n'était plus en Angleterre, mais bien quelqu'un part à l'Est de l'Europe. Quand se posa la question de la date & de l'heure, il ne connaissait ni la date ni l'heure, l'horloge de l'abri devait être arrêtée depuis des dizaines d'années. C'était du béton armé & la chaleur & l'humidité de la pièce laissaient penser qu'ils étaient en profondeur, à plusieurs dizaines de mètres de profondeur.

Ses analyses furent vite interrompues par le bruit de l'ouverture d'une porte, rouillée d'après son grincement. Plusieurs silhouettes s'approchèrent. Il ne pouvait redresser la tête mais le bruit de talons laissant suggérer que c'était des femmes.

Toutes portaient le même uniforme, paré de bleu des mers du sud avec un liséré doré qui leur donnait une froide élégance. De même que toutes portaient un masque au style bien particulier. Le masque des gens qui ne souhaitent pas qu'on les reconnaisse, des masques du Carnaval de Venise. Le pas rythmé & synchronisé, elles avançaient vers Cameron, & s'arrêtèrent Net à un mètre environ de lui, puis l'entourèrent. L'agent spécial ne put s'empêcher de remarquer que seule l'une d'elle portait des gants & un masque qui cachait l'ensemble du visage. Il les dénombra. Elles étaient six.

Cameron essayait de se libérer en bougeant dans tous les sens, mais les sangles lui comprimaient la cage thoracique, lui bloquaient tout mouvement du bassin. L'une des femmes sortit un scalpel de sa poche & s'approcha au plus près de lui.

De sa main gauche, avec une sensualité déconcertante, elle posa son doigt sur sa bouche & commença à l'embrasser. Cameron tourna la tête mais elle le forçait à l'embrasser. Elle était aussi sensuelle que rude, & chaque baiser pouvait aussi bien stimuler ses hormones que lui ôter la vie. Certes il était entraîné pour résister à toute forme de torture, mais cette torture ci était assez inhabituelle & plutôt agréable, mais il garda cette pensée pour lui. Sa main droite restait fermement avec le scalpel calé entre deux doigts.

Pendant que sa "tortionnaire" augmentait la fougue de ses baisers, une voix se fit entendre, la femme sans visage prit la parole :

"Les Hommes.. Les Hommes ne sont que de vulgaires pantins que nous pouvons manœuvrer à notre guise. Prenez l'exemple l'agent spécial. Il pourrait mourir d'un instant à l'autre mais rien ne compte plus à ses yeux que l'appel des hormones & des ses phéromones...", dit une voix d'un ton calme quelque peu moqueur.

Cameron ne prêta pas spécialement attention à ces paroles, raison pour laquelle sa "tortionnaire" (si sexy, continuait-il de penser) rentra dans le rang.

"Il est temps pour lui, comme pour tant d'autres après lui, de comprendre à quel point ce pouvoir que Dieu nous a donné, & que nous avons refusé d'assumer durant des siècles. Durant des siècles nous nous sommes perdues dans des combats pour l'Égalité avec les phallocrates du sexe masculins, à coup de palabres diplomatiques & de mépris phallocratiques de leur part. Nous sommes le pouvoir. Les Hommes des générations à venir & leurs fils pour ceux qui sauront s'en montrer dignes vont l'apprendre. Pour cette génération, il est trop tard. Tu sais quoi faire, L.", continua la femme sans visage.

Dans le regard de chacune d'entre elles, trépignait la curiosité aussi bien que l'excitation, comme si un évènement bien particulier allait se produire. Cameron était interloqué, qu'allait-il se passer ?

Le regard de la femme qui le torturait changea & cela commença à faire naître la peur & le doute dans son esprit. Pour la première fois dans sa carrière il ne savait pas qui était son adversaire, & son équipe avait du perdre sa trace.

Elle s'approcha, & dans une maestria glaciale, reposa son index gauche sur sa bouche pour lui intimer le silence. Puis elle approcha son visage de son oreille, lui murmura "Je t'aime" sur un ton qui lui paraissait familier.. & commença à l'embrasser dans le cou de la manière qu'une seule personne sait faire. Pendant qu'il luttait contre la tentation & la pulsion il murmurait "Arrêtez !", et la femme intensifiait ses baisers langoureux, elle n'arrêterait pas de si tôt, il devait réfléchir & vite. Qui était cette femme ? Comment s'en sortir ? Une seule chose lui venait à l'esprit pour l'instant Résister & survivre à toute éventualité. Bien qu'il n'ait ni arme, ni moyen de contacter des renforts éventuels.

Les minutes passèrent, il était devenu difficile pour Cameron de lutter contre la pulsion. La femme tenait toujours fermement son scalpel entre les doigts. La main dont l'index était sur sa bouche, jouait avec ses zones érogènes. La balance commençait à pencher, & elle le savait, tout s'intensifia très vite.

Elle accéléra ses mouvements, intensifia ses baisers dans son cou, se mit même à califourchon sur lui. Quand soudain un gémissement provenant de sa bouche se fit entendre, l'erreur était fatale. Elle enfonça son scalpel dans son pectoral gauche, peu profondément, mais assez pour provoquer une douleur  en continuant ses baisers & commença à tracer une forme sur son muscle déchirant sa peau, laissant couler du sang, de plus en plus de sang. Il hurlait à la mort, la douleur était intense, le muscle était déchiré, la peau aussi, elle voulait le marquer et lui faire mal, peut être même le tuer, il ne le savait pas.

Elle ralentit ses baisers, en restant à califourchon sur lui, & semblait avoir terminé de tracer la forme avec son scalpel, releva la tête & lui sourit. Paralysé par la douleur, il ne put y répondre. Le regard de la femme changea en un regard froid, les yeux bleus de la femme semblaient plus froids que la glace. Elle enfonça brutalement le scalpel juste sous le cœur, d'un coup aussi sec qu'un coup de poignard, ce qui lui coupa le souffle & engendra une douleur incommensurable, difficilement imaginable pour un être humain en bonne santé. L'uniforme & le masque taché de sang, elle se mit à rire avec les autres puis partit. Seule la femme sans visage resta, elle le fixait un sourire satisfait sur le peu de lèvres qu'on parvenait à distinguer.

Cameron perdit connaissance.

B.I.R.D. : Sous la Menace du ScorpionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant