«J'ai fréquemment entendu parler de pilier.
Vous savez, cette personne importante qui vous empêche de vous effondrer, qui fait que vous vivez heureuse.
Je voudrais aussi une personne comme ça.
Une personne qui me donne la volonté et le courage de vivre.
Ou même de survivre.
Parfois je me demande pourquoi je suis encore présente ici.
C'est vrai, si un jour je venais à disparaître, je suis persuadée que personne ne s'en rendrait compte.
Je n'ai pas ma place ici, au milieu de tous ces gens qui explore pleinement le bonheur.
Je suis pathétique et ridicule, face à eux.
Alors, je me dis que moi aussi, je voudrais cette personne si spéciale. Pourquoi ne la méritais-je pas, d'ailleurs ? Pourquoi pas moi ?
J'ai besoin de cette bouée de sauvetage, à laquelle je m'agripperais de toutes mes forces si elle venait à apparaître.
Cette bouée de sauvetage qui m'empêcherait de me noyer.
Le malheur s'est infiltré dans mes poumons petit à petit.
Comme des vagues, qui m'éclabousseraient, au départ.
Puis, en se faisant plus grandes et plus nombreuses, m'obligeraient à me débattre sous elles.
Pour terminer, ces vagues me noieraient, me laissant mourir à la recherche de cette bouffée d'air, de cette bouffée de vie.
J'ai besoin de cette bouée de sauvetage.
Mais personne ne le voit, personne ne le sait.»
Joy referma son journal intime lorsqu'elle eut enfin terminé de rédiger ces lignes. Elle essuya une larme qui menaçait de s'écraser sur sa joue. Brûlant, son chocolat chaud fumant l'attendait sur la table basse et une série ne tarderait pas à commencer sur le poste de télévision. Maussade, cette journée-là, Joy l'avait déjà prévue. Seule, elle la passerait chez elle, à passer le temps comme elle le pouvait. Ennuyeuse à mourir, ce type de journée où vous ne faites pas grand-chose. Pourtant, Joy avait une occupation. Celle de rester absorbée dans son feuilleton et non pas de repenser aux derniers évènements qui avaient chamboulé sa vie. Rude, c'était une véritable lutte contre elle-même qu'elle engageait en s'efforçant de ne pas s'en souvenir, afin que cette journée ne devienne pas un jour déprimant de plus à ajouter au compteur.
Jeune, Joy n'avait pas toujours été comme cela. Auparavant, elle était une belle et jeune fille dont le sourire donnait envie à plus d'un garçon et faisait jalouser bien des adolescentes. Aimée de tous, toujours entourée de ses amies, elle était l'une de ces filles populaires, constamment bien habillée et parfaitement maquillée. Mais changé de façon négative, elle l'était aujourd'hui. Emmitouflée dans un sweat masculin et bien trop grand pour elle, ses cheveux ternes entourant son visage nu, elle avait cessée toute activité scolaire et restait croupie dans l'immense maison de sa belle-mère. Don Juan, son père enchainant les conquêtes, Joy devait s'adapter environ tous les ans à une nouvelle femme. Ce qui n'était d'ailleurs pas vraiment à son goût. Mais sans la force de contredire quoi que ce soit, elle n'avait pas vraiment le choix. Alors impuissante, elle supportait ou même parfois subissait à chaque fois les nouvelles mégères de son père, les regardant défiler les unes après les autres.
Joy porta sa tasse rose à ses lèvres et avala une gorgée du liquide brûlant. Sa série se mit en marche et elle se plongea avidement dedans. La jeune fille resta quelques heures affalée sur son canapé, devant son poste de télévision. De temps à autre, elle regardait l'activité des réseaux sociaux sur son téléphone portable avant de se replonger de plus bel dans son programme.
Soudain, la serrure se fit entendre dans un petit cliquetis.
-Papa... souffla Joy, dans un chuchotement.
La jeune fille éteint précipitamment la télévision, puis couru se réfugier dans sa chambre à l'étage. Elle ferma la porte à clé et tendis l'oreille pour voir si son géniteur rentrait accompagné de son actuelle petite-amie.
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Wreck this journal (TBS)
FanfictionIl était désormais devenu son pire ennemi. Le miroir. Il était devenu son pire fléau car lui seul lui montrait cette face cachée qu'elle arborait tristement chaque jour. A travers la glace, elle se rendait compte de sa vraie nature. Elle essayait d'...