I.

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Une fine couche grise s'étend à perte de vue, enfin fine, assez pour recouvrir la moitié de mes chaussures. Quelques endroits rougeoyants sont visibles à certains points, certainement en guise de foyers pour des feux mourants, ils restent cachés sous d'innombrables nuances allant du blanc au noir. De la cendre. Partout. Elle vole autour du paysage, telle une ridicule imitatrice de la neige. Mais cela conserve une beauté presque insaisissable. Aussi belle que dégueulasse quand vous la respirez sans protection. Les nuages permanents ont pris la même teinte que le sol, des éclairs jaillissant de temps à autre en guise de lumière, voilà à quoi est réduit notre monde. Je pourrais vous raconter maintes histoires sur le pourquoi du comment, mais le fait est que je ne connais pas la raison de ce cataclysme, puisque je n'étais pas né. J'ai vu le jour dans ce foutoir monstre, et depuis je fais de mon mieux pour y survivre. Pas très joyeux tout ça, j'en conviens. Mais bon, comme aurait dit mon géniteur, on doit se contenter de ce qu'on a, et l'on ne peut pas se plaindre de ce qu'on n'a jamais connu. Merci papa. Je rajuste mon bandana encore un peu humide, en faisant bien attention à les coincer sous mes lunettes de ski, volées dans je ne sais plus quel magasin à l'abandon. C'est bon, j'ai tenté d'aller à l'extérieur le visage découvert une seule fois. Je ne retenterai jamais l'expérience. La cendre pique et brûle vos yeux, agresse vos narines en plus de vous arracher les poumons. Ce jour-là, la moitié de ma réserve d'eau y est passée. Je pousse un profond soupir avant de me lancer avec de grandes enjambées dans la plaine qui me fait face, ou plutôt le désert de cendres, mais à la base cela devait être une plaine, je crois.

Si je ne me trompe pas, et si je continue à cette allure, je devrais tomber sur la prochaine ville à l'arrivée de la nuit. Comment distinguer la nuit du jour sans le soleil? C'est simple. La nuit, ces conneries essaient de vous bouffer coûte que coûte, alors que le jour, on est plutôt en sécurité. Si on oublie le risque de déshydratation, famine, et celui de croiser un survivant. Et aussi toutes les autres causes plus ou moins naturelles qui peuvent entrer en jeu. C'est du chacun pour soi, et l'on prend ça très au sérieux, il est rare de voir deux survivants ensemble, enfin si, mais généralement l'un des deux est un cadavre - fraîchement ou non - tué tandis que l'autre le fouille. L'humanité a retrouvé ses instincts les plus primaires dans le but de perdurer. Il paraitrait même que certains survivants ne crachent pas sur le cannibalisme. Mon avis? Eh bien, si j'ai vraiment faim, et que je n'ai pas trop le choix, de la viande reste de la viande. Qui sait, peut-être que ce n'est pas si mauvais?

Soupirant derechef, je continue ma traversée jusqu'à buter sur quelque chose qui ressemble à un tronc pourri. Je pousse la cendre qui l'entoure du pied pour me rendre compte qu'il s'agit en fait d'un corps. Son visage est mû en une expression de douleur et l'absence de protection m'indique qu'il est mort par intoxication de l'air. Il aura suffoqué jusqu'à la fin dans le vain espoir de se débarrasser de la cendre qui s'est nichée dans ses poumons. Je retire l'un de mes gants pour tâter sa chair au niveau de son cou. Non, je ne compte pas le manger. Je veux juste voir s'il est mort récemment. Tiède. Et les traces jumelles de larmes sur ses joues me prouvent elles aussi qu'il a passé l'arme à gauche il y a quelques instants. Une question de dizaines de minutes je dirais. J'en sais rien, je ne lis pas les corps pour chercher les causes de mort, moi.

Je m'occupe de leur faire les poches comme un simple charognard.  Pauvre gars. Je le tourne sur le dos avant de remettre le gant. Voyons voir ce que ce gaillard avait sur lui. Je m'attaque d'abord à ses poches pour y trouver un porte-feuille. J'essuie la poussière le recouvrant avant de l'ouvrir. Dans la petite pochette plastifiée trône une photo de famille. Sûrement la photo de famille de notre gars. Une femme et une fille. Je ne donne pas cher de leur peau si elles ne sont pas encore mortes elles aussi. Continuant mon investigation, mon attention se porte sur les multiples petites fentes et poches offertes à ma curiosité. Plusieurs cartes en plastique - des cartes bancaires pour la majorité - totalement inutiles, des billets, mais il n'y a plus de système monétaire depuis bien longtemps, étant donné que maintenant le mieux que l'on puisse espérer est le troc. Néanmoins l'un des bouts de plastiques insignifiants arrive à m'intéresser suffisamment pour que je l'extirpe du porte-feuille en cuir. Une carte d'identité, ainsi notre homme répond - ou plutôt répondait - au nom de Neil Wilson.

NDA :

Bonjour à tous, ou bonsoir,
Alors c'est la toute première fiction que je poste, j'espère que ça vous plaît et que vous voulez en découvrir plus!

Je suis ouverte à toute suggestion et critique, à partir du moment où c'est un minimum construit.

Poutous à vous!

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 17, 2015 ⏰

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