Le noir n'est pas triste, il est poétique.

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Le soleil ne transperçait pas les nuages gris. Un épais brouillard. Une chaleur étouffante, mais réelle, en ce mois de janvier. Je voyais au loin la grande maison, deux chemins la rejoignait. Ce n'était pas comme dans les dessins animés, un chemin sombre, l'autre lumineux, loin de là.

Pas le choix, je devais en choisir un, je chantonnais la douce chansonnette d'enfant, celle qui est pour choisir si l'on prend un jus de pomme ou d'orange, au goûter Pique-ni-douille-c'est-toi-l'andouille-au-bout-de-trois-1-2-3. Gauche, finalement le droit à quand même l'air plus gentil. Et merde, je vais où ? Toute façon, ça ne change rien, je finirai bien au manoir par les deux chemins.

Finalement, j'ai opté pour le droit, parce que mon instinct se trompe toujours. Et cela aurait été le cas si je n'avais pas pris le chemin de droite. Un peu bossu, mais pas pire qu'une autoroute en travaux. Loin d'être gai, c'est sur, mais je n'étais pas en enfer non plus.

Le manoir me semblait encore plus grand vue de près, normal. Des gargouilles assises en bas des marches accueillaient les visiteurs comme moi, la gueule ouverte comme si elle allait me sauter dessus ou se mettre à crier des sons venus d'un pays laid, froid et sombre. Mes pensées frôlaient un film d'horreur. J'ai du mal à imaginer des gens vivre la dedans, tous les volets fermés, pas un signe de vie. J'ai regretté mes mots la seconde suivante où la caméra, presque invisible tellement que la nuit était sombre, se tourna dans ma direction, ne laissant qu'un point rouge prouver de sa présence. Comme pris au piège, je souris et baissai les yeux.