La dernière [en Pause]

~ Prologue ~ Le début d'une amitié destructrice

- Keith ?

J'entends une voix m'appeler dans chaque pièce de la maison mais je ne réponds pas. Je suis bien trop faible pour réagir. La personne m'interpelle de nouveau.

- Mec, t'es là ? Je t'ai ramené de quoi manger.

La lumière qui passe par ma porte éclaire ma chambre, qui jusqu'à présent, était plongée dans l'obscurité, cela m'aveuglerait presque.

Merde, depuis combien de temps suis-je en train de comater dans ce lit ?

Un homme se tient debout, en contrejour, un sac à la main. De ce sac se dégage une odeur d'hamburger. Cette odeur aurait été agréable en temps normal, mais depuis quelques jours je ne la supporte plus, à vrai dire je ne supporte plus grand chose. Il pousse la porte derrière lui afin de ne pas m'éblouir davantage.

- T'es encore dans le noir, me reproche mon ami d'un ton désapprobateur alors qu'il pose le sac sur mon bureau.

En guise de réponse, un léger grognement quasi imperceptible. Je fixe la nourriture que sort mon ami. Il a pris ce que j'aime commander habituellement. Lorsque j'inspire une énième vague d'odeur d'huile submergeant les frites, des nausées me prennent et cela se lit sur mon visage, à peine visible grâce au fin fil de lumière que ma porte entrouverte laisse passer.

- Tu sais que ta grève de la faim ne pourra plus durer très longtemps, alors si j'étais toi je dévorerais ce délicieux repas bien gras pour te redonner un peu de volume. Non parce que là tu fais peine à voir, on pourrait croire que tu sors d'un épisode de The Walking Dead.

- La faute à qui selon toi ? lui demandai-je de manière rhétorique et sur un ton de reproche.

Cela va maintenant faire 5 jours que je n'ai rien engloutis, et bien que je désire du plus profond de mon âme ce hamburger, mon estomac, lui, refuse catégoriquement toute nourriture.

Il se charge de ma nutrition du mieux qu'il peut, c'est le moins qu'il puisse faire après ça.

- Aller mec, on oublie tout ça. Insulte-moi si tu veux, frappe-moi autant que tu le pourras mais ne fais pas la larve.

- Si ça t'emmerde tant de me voir comme ça, tu n'as qu'à plus te préoccuper de moi. Ça ne t'a pas dérangé l'autre fois, tu ne t'es pas soucié de ce que je ressentirais.

- Bon... On dirait bien que la petite visite arrive à son terme plus tôt que je ne l'avais prévu, souffle-t-il en ne sachant plus quoi répondre. Fais-moi au moins le plaisir de piocher dans tes frites, finit-il par ajouter alors qu'il se dirigeait vers la sortie.

Pour qu'il me lâche enfin, je décide de croquer une micro bouchée dans mon hamburger.

- Et une dernière chose, puis promis, je te laisse tranquille pour aujourd'hui, dit-il en se retournant vers moi tandis qu'il s'apprêtait à franchir la porte de ma chambre.

- Quoi ?

Ma voix est monotone et grave, je le fais exprès afin de montrer mon agacement.

- Tu t'es décidé à appeler tes parents ?

- Quels parents ?