~CHAPITRE 1~

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Encore dans le brouillard de mon rêve, je tâtonne jusqu'à trouver l'objet que j'éteins d'un coup de poing rageur. La musique se prolongeant malgré mon intervention, je jette l'engin contre le mur. Comme les paroles de la chanson continuent de me percer les tympans, j'en conclus que le coupable est mon portable qui se trouve actuellement plaqué contre mon oreille gauche car je me suis endormi dessus la veille. Je décroche sans même regarder le numéro qui s'affiche dessus.

- Quoi ?

- Bonjour mon petit lapin, c'est le grand méchant loup à l'appareil, tu n'aurais pas oublié de te lever par hasard ? résonne une voix malicieuse dans le combiné.

J'identifie immédiatement le plaisantin comme étant Jason, mon meilleur ami. L'envie de lui raccrocher au nez et de me recoucher me prend mais je me fige lorsque la seconde partie de sa phrase me monte au cerveau.

- Et merde !

- Hahaha j'en étais sûr ! Bouge mec t'es pire qu'à la bourre !

Je raccroche avant qu'il ait fini de rire et saute au bas de mon lit. Je piétine au passage le cadavre de mon réveil qui de toute évidence n'a absolument pas fait son boulot, avant de le balancer dans ma corbeille d'un air satisfait.

Ma besogne accomplie, je dévale les escaliers à la volée, manquant de renverser ma mère qui montait au même moment ; probablement pour me lever. Elle a sa tête du matin, ses cheveux châtains relevés dans un chignon très approximatif et son regard noisette légèrement vitreux.

- Enzo tu pourrais t'habiller avant de déjeuner quand même ! ronchonne-t-elle en me voyant arriver en caleçon superman.

- Pas le temps ! répliqué-je en fonçant dans la cuisine pour avaler mon café en quatrième vitesse, je m'habillerai sur la route !

Petit temps de réaction de ma mère avant qu'elle ne redescende les escaliers et ne passe la tête par la porte de la cuisine, les yeux exorbités.

- Tu plaisantes, j'espère ?

- Absolument pas, je fais en la bousculant de nouveau pour courir prendre mes affaires de cours et mes habits.

Je prends tout de même le temps de remettre mes cheveux châtains en place et d'enfiler un pantalon noir avant de repasser en trombe devant ma mère, toujours plantée au même endroit.

- A ce soir m'man, dis-je en posant rapidement un baiser sur son front.

J'attrape mes clefs de voiture et avant qu'elle ne proteste, je sors pieds et torse nu dans la rue, provoquant l'émoi d'une vieille dame qui promenait son chien.

Je lui lance un regard désolé et m'engouffre dans le véhicule. Je jette mes affaires sur le siège passager et démarre sur les chapeaux de roue en direction de la maison de Jason que je passe prendre tous les matins depuis deux mois.

C'est l'avantage d'être né en début d'année, tu passes le permis plus tôt que les autres (à condition d'avoir une place avant six mois chose trèèèèèès difficile mais pas impossible, j'en suis la preuve vivante). Bon, l'inconvénient c'est qu'après tu sers de taxi pour la moitié du lycée comme là...

Personnellement ça ne me pose encore pas trop de problèmes puisque j'adore conduire et que ma mère paye la moitié de l'essence. Ce qui est plus barbant c'est que les gens qui ne te parlent habituellement jamais deviennent subitement tes meilleurs amis...

J'arrive dans un crissement de pneus dans l'allée de Jason qui m'attend tranquillement, un grand sourire aux lèvres.

Ironique, le sourire.

Les Ailes de l'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant