Dès le début des vacances d'été, Julian, venant d'atteindre le summum de la gloire tant convoitée retomba brusquement sur Thalia, après s'être perdus de vue durant un bon nombre d'années. C'était par un pur fruit du hasard qu'ils s'étaient rencontrés par le biais de leurs amis.
Thalia avait été alors embarquée par sa meilleure amie Séphora dans un rencard avec Marc Emmanuel, son prétendant du moment. Elle qui avait l'habitude, des nouvelles rencontres de Séphora, qui, n'arrivait pas à avoir une relation durable de plus de trois mois avec un homme tellement elle était indécise, et se lassait très rapidement de ses fréquentations; s'était sentie comme oppressée par cette nouvelle aventure de son amie. En effet, Thalia n'arrivait pas à concevoir l'attitude qu'adoptait son amie en ce qui concernait les relations amoureuses. Elle qui avait été éduquée à l'ancienne école s'arrangeant toujours à respecter les principes selon lesquels être en couple exigeait de la fidélité, un certain engagement, surtout à leur âge quoique toujours aussi jeunes. Ce qui n'était guère le cas de Séphora qui se voulait ultra moderne et vivait suivant les tendances du moment, c'est ainsi qu'elle multipliait et alignait successivement conquête sur conquête ce qui avait le don de provoquer chez Thalia une certaine exaspération envers l'attitude farouche et volage de son amie. Quoique leurs opinions divergentes et opposées sur ce point, les deux amies s'aimaient plus que tout au point de partager leur quotidien ensemble. Chacune d'elles louait un appartement non loin de leur lieu de travail respectif et avait pour coutume de passer leur week-end chez l'une d'entre elles.
-Hey, chouquette? Commença Séphora, tout en ajustant ses braids devant le miroir.
-Oui? Qu'y a-t-il?
-Marc Emmanuel, le garçon du centre ville-là, tu t'en rappelles pas vrai?
-Euh... Nan... Ça me dit rien. Lança négligeamment Thalia tout en zappant machinalement des chaînes de télévision.
-Tâche donc de t'en rappeler. Parce que je pense que c'est le bon!
-N'est-ce pas? Chaque fois que tu flashes sur un gars, eh bah c'est toujours comme ça!
-Ne t'inquiète pas, Marc Emmanuel est différent des autres...
-Si tu le dis, Seph, interrompit Thalia, si tu le dis.Elle la savait, Thalia connaissait la comptine par coeur, donc pas besoin que Séphora lui fasse un quelconque dessin. Quelques minutes après avoir terminé son make-up, cette dernière reprit:
-Maintenant que tu es au courant, ça te dirait de m'accompagner à mon rendez-vous?
-Hum! Il me semble que tu n'ignores pas les camerounais et leur premier rendez-vous, lança Thalia sans une pointe d'amusement dans la voix.
-Mais nan... Tenta Séphora pour rasséréner Thalia.
-Non, Séphora, je n'ai pas envie qu'on me prenne pour ces filles là... Donc, Il serait mieux pour moi et pour "toi" que tu y ailles seule. Et puis j'ai une paperasse à traiter et c'est pour lundi hun. Donc...Après de multiples tentatives, Séphora parvint à atteindre son objectif et Thalia se laissa finalement embarquée dans ce rencard plutôt risqué que prometteur. Risqué dans la mesure où il était très mal perçu, dans le pays et dans les autres pays d'Afrique d'ailleurs, de ramener une de ses amies lors d'un rendez-vous "galant". Cela laissait entendre que la fille courtisée ne souhaitait que plumer son prétendant en ramenant une de ses amies, ce qui ne ferait que rendre la note de ce dernier encore plus élevée que prévue. Du coup, les filles en question étaient taxées soit de "profiteuses", soit de "brouteuses", le jargon variant d'une localité à une autre. Et cette situation embarrassante Thalia voulait l'éviter surtout avec son statut de mère célibataire.
Le soleil se couchait lorsqu'elles empruntèrent un taxi pour la destination de Bastos l'un des fameux quartiers de la capitale.
Après 3 quarts d'heure, elles se trouvèrent au bas du restaurant Expresso, quand un jeune homme grand de taille, 1m98 environ, peau noire aux teintes d'un café au lait , aux lèvres pulpeuses nudes, oreilles légèrement décollées de la tête. Il avait fière allure et ce n'est pas un petit artiste de la mayotte qui aurait pu lui dire le contraire. Le jeune homme s'avance vers Séphora et Thalia qu'il embrasse sur les joues, à tour de rôle.-Bonjour ma puce, lança le jeune homme.
-Salut Marc Emmanuel! Lança Sephora toute enthousiasmée.
-Tu ne comptes pas me présenter?
-Ah! Dit-elle en se frappant délicatement le front non sans faire clinquer ses bracelets. Thalia, Marc Emmanuel. Marc Emmanuel, Thalia, dit-elle en les présentant de la main.
Après s'être brièvement dévisagé, ils se serrèrent la main, suivi de bises de courtoisie.
-Enchantée.
-Le plaisir, il est pour moi. Les filles, On monte? En réalité, avec mon ami nous sommes là depuis quinze minutes déjà, et je suis descendu pour essayer de vous joindre.
-Allons-y sans perdre de temps, commença Séphora en gravissant les marches en bois de l'escalier noir ébène qui menait au resto, suivi de Marc Emmanuel.
Thalia se contenta de leur emboîter le pas quand soudain, arrivée dans la pièce, elle s'arrêta une seconde devant un visage qui lui était très familier... Ce visage... Elle l'aurait reconnu entre mille
-Oh non.. Ne me dites pas que c'est lui, marmonna-telle....
Il venait d'être midi quand Marc Emmanuel rappela à Julian le rendez-vous important qui devait avoir lieu bientôt. C'est ainsi que dès la première sonnerie de son téléphone portable dernier cri, il décrocha sans enthousiasme.
-Oui, Marco. Qu'y a-t-il?
-Juste pour te rappeler que...
-Oui oui, je sais. Rendez-vous à 17h30 avec "ta" Séphora. L'interrompit-il.
-D'accord. On se voit au resto. Ok?
-T'inquiète, ça marche.Seulement vêtu d'un pantalon droit gris, il enfila un polo petit corsaire bleu nuit et chaussa des baskets blanches à semelles plates. Dès qu'il eut finit de se parfumer, il se rendit dans la cour et démarra sa voiture. Dieu merci, se dit-il le trafic routier n'était pas ce qu'il était d'antan.
C'est ainsi qu'à 17h15, il retrouva Marco au resto et tous les deux discutèrent autour de boissons raffraîchissantes tout en attendant Séphora. Ce n'est que quinze minutes plus tard, que Marco entreprit d'aller chercher son rencard.Quand Marco revint avec deux ombres derrière lui, la curiosité de Julian s'aiguisa. Don Juan de sa catégorie, homme à femmes, il avait toujours aimé séduire. Du coup il se lêcha les babines rien qu'en prévoyant la tournure que prendrait cette soirée. Il connaissait déjà Sephora pour avoir vu ses photographies dans la galerie de son ami, ainsi quand son regard se posa sur l'autre fille, il se retracta. Serait-ce un rêve ou bien? Pensa-t-il, perdant ses moyens. Qu'est-ce qu'elle faisait là? Elle était l'une des dernières personnes qu'il souhaitait revoir dans sa vie et vice-versa!
Plongé dans son monologue intérieur, il ne se rendit pas compte que les 3 autres s'étaient rapprochés de la table. Frénétiquement, Marco fit les présentations, il souriait malgré lui, son esprit étant bien emballé.-Julian, commença Marco en présentant son ami, Séphora et Thalia son amie.
-Enchantée, lança Sephora, enthousiasmée.
-Enchantée! Pointa Thalia avec une lueur perçante dans le regard.
-Le plaisir est pour moi, dit Julian. Dit-il en détachant quelque peu ses mots.Il ne sut trop comment réagir encore moins se comporter face à cette situation des plus embarrassantes. Il saisit donc la perche que lui tendait celle en face de lui... Se comporter comme de parfaits inconnus.
-Très bien, dit Marco. Prenons place et que la soirée commence!
Tous partirent en éclat de rire enjoué. La soirée pouvait commencer pour tous. Tous sauf Thalia et Julian. Celui-ci avait remarqué qu'elle avait évité de lui serrer la main et avait feint de ne pas le connaître, ce qui n'était pas une surprise vu ce qui s'était passé entre eux et c'était mieux ainsi, pensa-t-il. Cependant... La lueur étrange dans son regard..., le ton réprobateur dans sa voix... Lui en voudrait-elle toujours? Il s'entendait bien à le découvrir.
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Little Heart
RomanceC'est cette histoire là, celle que nous connaissons tous, cette histoire à travers laquelle on se reconnait très souvent. Une fille et un garçon qui ont tout pour se plaire. Mais que le temps et l'egocentrisme ont éloigné. C'est encore ce même temp...