Et si tout n'était qu'un rêve ?

Partie 4

4e partie

Le lendemain matin ou peut-être un autre jour, il ne le savait pas vraiment...

Gray avait la tête lourde et les idées confuses au moment où il perçut du bruit qui provenait du rez-de-chaussée. Il n'avait pas réussi à fermer l'œil de toute la nuit malgré ses efforts, sa fatigue était telle que tous les sons qu'il entendait s'en trouvaient amplifiés. Le jeune homme était dans un état d'épuisement jamais encore atteint. Il s'extirpa difficilement de son lit mais dut s'asseoir un moment sur le rebord pour se reprendre.

— Ma tête, se plaignit-il en se massant le cuir chevelu.

Enfin, il sortit lentement de sa chambre en se tenant contre le mur. Gray se sentait faible et prêt à s'effondrer au moindre coup de vent. Quand il fut dans les escaliers, il entendit des éclats de voix. Ul et Lyon se disputaient.

« Je suis sûr qu'il y a une autre solution, Ul !

— Lyon, je n'en peux plus... Plus les jours passent et plus Gray devient incontrôlable, que crois-tu qu'il fasse après ça ? Et s'il s'en prenait à toi ? Ça fait des semaines qu'il est comme ça !

— Je t'en prie, on parle de Gray et pas de la première brute épaisse ! rétorquait Lyon hors de lui.

— Tu n'as pas vu ce garçon... Il était en sang. »

Gray était caché derrière le mur, près de la porte de la cuisine, surveillant Ul et Lyon qui se querellaient à son propos. Son cœur battait à tout rompre et ses mains tremblaient. Il avait l'impression de vivre un vrai cauchemar. Le jeune homme s'adossa contre la paroi, et laissa ses larmes rouler silencieusement. Il se sentait vidé et tellement seul. Jamais encore il n'avait eu à subir une telle solitude. Lui qui aurait voulu réparer les erreurs qu'il avait commises avec son maître, il avait fait l'exact opposé. En s'en prenant à ce garçon, il avait blessé Ul de la pire des manières, et l'avait rendue malheureuse. Comment retourner en arrière après tout ce gâchis ?

« Il paraît qu'il l'a bien cherché, siffla Lyon entre ses dents. »

Gray se recomposa un visage, en espérant que ses yeux ne soient pas trop rouges et ne laissent deviner les larmes qu'il venait de verser. Il fit face à l'ouverture de la porte avant de se décider à pénétrer dans la cuisine et affronter le regard d'Ul.

La jeune femme soupira de lassitude quand il posa un pied dans la cuisine. Elle était de dos mais Gray n'avait pas besoin de voir son visage pour deviner son tourment intérieur.

— Ce n'est pas ce que je veux mais Gray a besoin d'aide et malheureusement nous sommes incapables de la lui donner, se désola la jeune femme en s'asseyant, sans voir le jeune homme dans l'encadrure de la porte.

— Que se passe-t-il ? intervint-il finalement en s'avançant vers eux.

Ul ne put s'empêcher de fondre en sanglots devant le regard perdu qu'affichait Gray. Mais le jeune homme n'eut pas le loisir d'en demander davantage que la sonnette de l'entrée se mit à retentir, les interrompant soudainement.

— Ul s'il te plaît, la supplia encore une fois Lyon.

Là, cette fois, Gray avait vraiment le sentiment de se retrouver dans un monde parallèle. Mais que se passait-il bon sang ?

La jeune femme se dirigea d'un pas lent vers l'entrée. Elle serra sur son passage le plus jeune de ses fils et lui caressa tendrement le visage, les yeux larmoyants, avant d'aller ouvrir. Gray rejoignit Lyon dans la cuisine qui s'évertuait à éviter son regard.