Soleil doucement sur les mains hautes battant le rythme de la musique qui vole dans le ciel acide et jusque dans les chaumières au loin jusque dans les oreilles d'une femme qui s'aperçoit trop tard qu'elle a troqué ses rêves contre une vie morne et plate comme la mer qui dessine des arcs de cercle sur la plage de sable et les oiseaux qui planent au dessus sont touchés par la plainte qu'elle lance avec hargne et la musique crie avec elle une force indicible qui frappe contre les arbres qui bordent la petite rue St Pierre avec son banc aux pigeons gris de la ville bruyante de pots d'échappement qui encombrent l'air et empêchent de respirer correctement ce vieux monsieur Delille qui toussote dans son coin seul avec la musique qui emporte pourtant ses idées vers un ailleurs rêvé vers des terres de Sienne qui sentent bon la legerté qui s'empare de son coeur pourtant de pierre coeur de brique comme ces maisons hautes près des remparts de la cité assiégée par les flots qui s'abattent en rythme aussi sur les murs froids et délaissés par les hommes trop occupés à compter le nombre de poils sur le mouton sorti de sa boîte à trois trous offerte par St Exupery lors d'une rencontre étrange rencontre impromptue qu'entraîne la musique grâce à des mots sans lettres qui parlent à tous comme le vent dans l'herbe sous les pieds de ces milliers de gens aux mains dansantes sous le soleil devant la scène et quelle chance d'avoir le corps soumis au son des enceintes qui pulsent chaque centimètre de peau nue et sensuelle rencontrant d'autres peaux collées et humides de gouttelettes de sueur dues à cette étrange sensation qu'amènent le cri de la femme dans sa chaumière le toussotement de l'homme le clapotis de l'eau contre les murs et la musique qui englobe le monde.