Chapitre 19

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"Je suis inscrite ici aussi Kaleb, et j'ai appris il y a pas longtemps que tu y venais aussi avant de partir de la maison. J'étais absolument pas au courant pour toi, je suis tombée sur le club par hasard et c'est un peu un refuge depuis. Faut croire que l'histoire se répète. Je vois pas ce qu'il y a d'incroyable."

Le pauvre, à peine de retour et je lui manque déjà de respect. Mais ça va je ne risque rien, j'ai une excuse en béton et il ne va certainement pas me taper maintenant.
Je pouffais de rire, toujours en me parlant à moi même.

"Si tu rigoles toute seule comme une mongolienne ça veut dire que ça va mieux."plaisanta Anthony.

Kaleb quant à lui semblait toujours aussi contrarié. C'est fou comme il ressemblait à papa à cet instant. S'il était au courant je crois qu'il mettrait fin à ses jours sur le champ.
Et cette fois, se fut un vrai fou rire qui me prit. Je riais aux éclats, incapable de m'arrêter, à tel point que je me tenais le ventre. Interloqués, Kaleb, Anthony et le coach me regardaient comme si j'étais devenue folle. Voir leurs têtes inquiètes me fit repartir de plus belle,  et j'avais cette fois les larmes aux yeux. Lorsque je me fus calmée et que ma respiration redevint régulière, je lançais légèrement:

"Sois je suis folle, sois c'est les nerfs qui lâchent."

"C'est bien un truc de meuf ça..." lança Antho en secouant la tête

Je lui décochais un coup de poing dans l'épaule, se qui fit rejaillir mes douleurs aux côtés. Je lâchais un cri étouffé et l'insultais de tous les noms. Cette fois se fut lui qui fût pris d'un fou rire.
Et si le coach semblait amusé par tout ça, Kaleb restait de marbre.

"Il est tard Kara, je vais te raccompagner à la maison."

"À tu sais encore où c'est? Mais oui suis-je bête tu as rendu visite à papa aujourd'hui avant de t'enfuir à nouveau."

L'atmosphère euphorique d'il y a quelques instants laissa place à une froideur palpable.

"Laisse-moi au moins une chance de m'expliquer non! Viens, je te raccompagne. On va à la maison et de toute façon, il faut que papa t'emmènes à l'hôpital vérifier si t'as rien de cassé."répliqua-t-il d'un ton autoritaire.

Et soudainement je lui en voulais à mort. Comment pouvait-il se permettre de me donner des ordres dans sa position? Alors qu'il était parti à cause d'une histoire de drogues et qu'il avait blessé toute ma famille par la même occasion? Momentanément j'oubliais tout ce qu'il avait pu faire pour moi, et ne restait que ses erreurs et la colère qu'elles réveillaient en moi.

"Tu n'as pas ton mot à dire, plus maintenant. Je les connais tes explications: trafic de drogue qui a mal tourné, la belle affaire! Peut-être que tu n'aurais dû y rentrer dans un premier temps, tu crois pas?"

Son visage blêmit, et une lueur sauvage luisi dans ses yeux lorsqu'il se tourna vers Anthony. L'intéressé soutint son regard sans ciller, mais le coach les coupa dans leur élan:

"Règle d'abord tes histoires avec ta famille avant de t'en créer de nouvelles Kaleb. Antho vient la, on va les laisser. Vous avez un quart d'heure, après c'est dehors."

Dès qu'ils eurent quitté la pièce, un silence s'installa entre mon frère et moi. Encore une fois je contemplais son visage, tentant de mémoriser chaque détail, comme s'il devait disparaître à nouveau.

"Si tu es revenu, ça veux dire que ton histoire avec les dealers s'est arrangée non?"

"Oui, on a trouvé un terrain d'entente."

De nouveau, le silence.

"Écoute Kara je comprend très bien que tu m'en veuilles, c'est normal. J'espère réussir à me racheter auprès de toi. Je ne te demande qu'une chose: retourne à ton ancienne vie. Le Boxing club m'a sauvé c'est vrai, et beaucoup d'autres, mais c'est pas un endroit pour toi. Les gars ici sont gentils, mais c'est aussi des animaux, et je veux pas qu'un jour tu aies des mauvaises surprises. J'ai cru mourir ce soir quand j'ai reconnu la voix de ma petite sœur, et que j'ai compris que trois hommes s'en prenaient à elle. Les amis que tu t'es fait ici ne seront pas là le moment où tu en auras besoin, parce que leur règle c'est chacun pour sa peau. Ça vaut aussi pour Anthony. C'est quelqu'un de bien je sais, mais pas tout le temps. Et je le répète, je ne permettrais pas qu'il t'arrives à nouveau ce qu'il t'es arrivé aujourd'hui."

Anger my dear friendOù les histoires vivent. Découvrez maintenant