LIVRE 1 - KARAJOU

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Le Gondolier et ses élèves - extrait de leurs entretiens, quelques années après la Grande migration.

- Le grand Pan, s'il vous plaît, parlez-nous de lui.

- D'accord. Mais dites-moi, pourquoi vous inspire-t-il autant?

- C'est le seul dieu qui soit mort un jour. Cela n'est pas rien.

- Je crois que c'est plutôt le seul dieu dont nous ayons admis la mort, c'est différent.

- Vous niez leur immortalité?

- Oui et je crois que c'est d'ailleurs ce que Pan a tenté d'enseigner aux humains il y a plus de trois mille ans : il faut savoir laisser sa place.

- Lors de notre dernière rencontre, vous avez parlé des cycles de destruction. S'agit-il de la même chose?

- Tout-à-fait. Les dieux ont cette sagesse que nous n'avons pas : ils savent quand partir. Et lorsqu'ils le font, ils acceptent de ne pas tout entraîner avec eux dans leur chute. Cela ne se fait pas sans douleur, mais c'est de loin préférable à l'anéantissement total.

- C'est ce que nous appelons l'évolution, n'est-ce pas?

- En quelque sorte, oui. C'est plus ou moins ce que nous pourrions appeler une évolution panarchique.

- À quand le prochain cycle de destruction alors?

- Nous sommes dedans. Une chute particulièrement longue et pénible, car nous, nous ne sommes pas des dieux. Mais je crois que vous en verrez la fin. Bientôt, nous aurons laissé notre place.

- À qui?

- À vous, naturellement.

Les gondoliers 1: La chute des SafalyneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant