Sacha...
Je finis par me lever pour fermer la porte qu'il a laissé ouverte. L'air frais s'engouffre dans mon appartement me faisant frissonner.
« Il est mort et moi avec ce jour là »
Depuis que Julien est mort, c'est la première fois que je m'autorise à dire ce mot à voix haute.
M-O-R-T.
Ce mot rend la situation tellement plus concrète.Comment peut on mourrir a seulement vingt sept ans ?
J'arrive avec difficulté jusqu'au seuil de la porte et manque de m'effondrer. Je me rattrape de justesse au chambranle.
C'est si douloureux de prononcer ce mot à voix haute.
M-O-R-T.
Ethan ne s'attendait certainement pas à cet aveu. Je m'en fou.
Je revois son air abasourdi. Pour une fois il a fermé sa gueule.
A aucun instant, il n'a remis ma parole en doute.
Qu'il dégage.
Je n'ai pas besoin de lui.
Je tourne le verrou et pose mon front contre le bois frais comme si ça pouvait changer quelque chose. Je tape doucement ma tête contre la porte essayant de calmer la crise de larmes qui se profile.
Ma vie était tellement parfaite et simple.
Aujourd'hui je ne suis plus que colère, culpabilité et souffrance.Je me traine jusque dans ma chambre et m'étale sur mon lit. Je ramène la couette sur moi espérant calmer les frissons qui s'emparent de mon corps. C'est inutile, je suis secouée de spasmes liées à la douleur et non au froid.
J'écrase ma tête dans les oreillers moelleux pour étouffer mes cris.
Tout allait bien.
Je n'ai jamais pris le temps d'apprécier ma vie, mon bonheur. Je n'ai jamais pris le temps de me dire que j'avais de la chance. Avant tout ça je respirais, je vivais tout simplement.Malheureusement, j'ai appris à mes dépends que la vie peut basculer du jour au lendemain.
Julien était l'amour de ma vie.
J'ai l'impression qu'il a toujours fait partie de ma vie.
Sa disparition dans un tragique accident de voiture m'a anéantie, détruite, terrassée.
Certaines nuits, il m'arrive encore de voir les phares de la voiture qui nous a percutés. Je peux encore entendre le choc, le bruit de la tôle, le pare brise qui éclate, nos cris, puis plus rien. Le néant. Le silence.
Jeudi 20 novembre 2014
Je m'étais réveillée à l'hôpital dans un lit froid et impersonnel. Ma mère était là et me tenait la main. Elle la caressait doucement, les yeux perdus dans le vague. J'avais tout de suite compris à sa façon de me regarder que c'était fini. J'avais touché mon ventre et j'avais fermé les yeux. L'air me manquait, je suffoquais. Je ne pouvais rien dire. La boule enflait dans ma gorge mais ne se décidait pas à exploser. J'avais tout perdu en une fraction de seconde. Je n'aspirais à cet instant qu'à me replonger dans le sommeil pour le retrouver.
Je crois être restée les yeux clos pendant des jours, refusant de m'alimenter. Le médecin venait tous les matins et me répétait que la vie m'avait épargnée, que je devais me battre.
Je ne répondais pas.
« On va être obligé de lui poser une sonde et la faire descendre en psychiatrie pour qu'elle parle. Elle en a besoin. Elle est en état de choc. »
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Le secret de Sacha [ en pause ]
RomanceSacha a tout quitté. Elle est partie sans se retourner, elle a laissé sa vie derrière elle. Mais qu'à t elle donc abandonné ? Pourquoi tant de mystères autour de son passé ? New York signifie pour elle, nouvelle vie, nouveau départ mais ce changemen...