chapitre I.

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Comme je les aime, ces discussions du jeudi soir, autour d'une clope et de Mozart.
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- Tu vas te choper un putain de cancer Lana.
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Elle ne répondit pas, préférant reprendre une autre bouffée, les yeux plongés dans le vide.
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Les lumières rougeoyantes du feu crépitant dans la cheminée se réfléchissaient dans ses yeux bruns caramel et sa vieille veste de cuir, resserrée à la taille et défraichie, était lâchement déposée sur ses épaules.
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- Sa vieille radio, posée derrière sa plante favorite, produisait un bruit de fond constant.
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Son roman favori était déposé sur la commode, elle adorait lire. Son paquet de cigarettes était ouvert et elle tendait la main pour m'en refiler une.
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- Lana..
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Dans un sursaut je tendis la main brusquement pour la prendre et la mis entre mes lèvres. Je respirai un bon coup et m'étouffai, toussant de plus en plus.
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- C'est dégueu ton truc dis-je entre deux quinte de toux
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- Gab, tu sais que je t'aimes mais mes parents arrivent dans quatre minutes, selon leur horaire. sauve-toi vite.
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Je pris rapidement mon anorak, enfilai mes bottes et sorti par la trappe de derrière, tandis qu'elle me faisait la courte échelle, en m'envoyant son parfum de vieux livre et de fumée au visage.
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Ses parents ne m'aimaient pas, ils ne l'aimaient pas non plus. Leur amour était dirigé vers Anna, sa soeur cadette, douze ans, blonde et intelligente. En d'autres mots, ils avaient honte de Lana et donc de moi aussi, je suppose qu'elle m'avait un peu influencée.
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La neige tombait lentement, des centaines de flocons tourbillonnant autour de moi et le soleil se cachait sous des couches de nuages.
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J'ouvrais la porte et pénétrai dans la maison, le parquet grinçant sous mon poids. Les photos de famille accrochées au mur penchant sur le côté, la couche de poussière sur les armoires et les livres éparpillés me rappelait que depuis que ma mère était parti avec son bel Italien, la maison de mon père était un foutoir.
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Mes parents se sont divorcés quand j'avais cinq ans. Ma mère s'est remariée avec Antonio, et vit à la campagne. Antonio est prétentieux. Ça m'énerve.
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Papa est assez pris par son travail d'avocat mais trouve toujours le temps de revenir à la maison, souvent accaparé par quelque chose de mystérieux. Ses cernes lui bouffaient la moitié du visage et ses cheveux bruns sont parsemés de mèches grises.
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Me connectant sur Facebook, parcourant rapidement ce que tout le monde avait fait, je tombe sur un message de Lana, s'excusant de l'interruption de notre soirée et me demandant de venir avec elle patiner sur le lac, demain.
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J'accepte avec plaisir, refoulant non sans une pointe de peur, l'idée que la glace pouvait fendiller. Lana le faisait depuis toute petite, cérémonie du commencement de l'hiver.
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ellipse ○
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Quatre heures plus tard..
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Me retournant dans mon lit, dans un état de semi-conscience je songeai avec plaisir à la journée que j'allais passer demain. chuchotant faiblement je me récitai mon poème du soir.
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Vieille habitude.
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Je réglai mon réveil-matin pour huit heures, me laissant du temps pour m'habiller,
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puis sombrai.

GabrielleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant