Lorsque je revins à la conscience, je pouvais sentir que le jour était levé, que j'étais enchainé comme pour m'empêcher de bouger, de m'enfuir et d'utiliser mes dons, et, surtout, que je n'étais pas seul.
Quand j'ouvris les yeux, mon impression fut confirmée. Mais, bien que je pensais la trouver devant moi à me fixer, je trouvais la pièce vide.
Pourtant, je pouvais sentir sa présence.
Etrange.
Ce qui l'était encore plus, c'est qu'il n'y avait ni sang, ni sueur sur moi, et que je n'étais ni transi comme après chaque lune de sang, ni dans ce drôle d'état ou ma mémoire était vague puisque je me souvenais parfaitement de cette dernière scène avant le néant. Rien, pas même d'arrière gout de mauvaise action pesant sur ma conscience. Ça, c'est une grande première depuis la première fameuse nuit ou...
Bref.
Au moins, j'avais une fenêtre avec vue...
Une vue sur une forêt ?!
En plus, tout mes sens étaient comme anesthésiés, sauf pour tout ce qui concernait cette maison.
Alors ça, c'est la meilleur !
Non seulement je ne savais pas comment j'avais finis ici mais, en plus, je ne savais même pas ou se trouvait ce « ici ».
Je restais ainsi suspendu et enchainé pendant quelques temps avant qu'elle ne rentre avec une simple chaise.
Elle posa sa chaise à 2m de moi, s'asseyant en croisant les bras et fixant son regard inquisiteur sur moi.
- Sais-tu pourquoi tu es là, déchu ?
Sa question me pris au dépourvu. Son regard laissant entendre qu'elle allait parler et tout expliquer, pas cette succincte, pragmatique et froide question.
Quoique, cela n'aurait pas dû m'étonner : je ne sais ni qui elle est, ni ce qu'elle est.
Je choisis de ne pas réagir, de garder le silence pour lui répondre. Je voulais voir sa réaction, bien que j'aurais aimé savoir.
Son regard ne bougea pas d'un cil. Elle ne réagit même pas à ma provocation.
Elle resta là, à me fixer, toute la journée, sans jamais flancher.
Ni repas, ni pause.
Quand la nuit arriva, elle se leva et partit, le silence nimbant encore la pièce.
Je ne sais toujours pas ce qu'elle veut de moi mais, quelque chose m'incite à ne pas réagir instinctivement avec elle.
Pas de repos, juste une impression de douleurs dans l'air mais, pas la mienne. Plus comme une lutte interne. C'est ce que je ressentis à son propos.
***
La nuit fut calme et reposante malgré la situation dans laquelle je me trouvais : être enchainé ça n'aide pas beaucoup. Mais, j'avais la vague impression d'enfin avoir le droit à un peu de répit.
Quand le jour pointa son nez, elle revint.
Elle rangea la chaise, tourna autour de moi avec un regard mort avant de revenir se placer face à moi.
Ses dagues étaient toujours sur elle, comme si elle ne les quittait jamais. Si j'avais pu bouger ne serait-ce qu'un peu, j'aurais pu en lui ôter une, la plaquer contre le sol en l'immobilisant d'une lame sous sa gorge. L'idée de voir un autre regard dans ses yeux sans vie me donnait envie. De voir sa réaction face à cette attaque surprise aussi. Mais, ficelé comme je l'étais...
Hum... d'ailleurs, c'est peut-être là l'effet rechercher de me faire penser à tout ça comme ça. Pour me montrer qu'elle me tenait. A moins qu'elle ne recherchait le frisson d'un déchu.
Concentre-toi !
Le silence perdura jusqu'à ce qu'elle eut finis son inspection.
C'est d'un ton factuel qu'elle parla ensuite :
- La marque apposée sur ton âme prouve que tu as pactisé avec LUI. Peu importe la raison mais, ta marque est assez profonde pour que tu perdes tout contrôle lors des Nuits Sanglantes. Ça veut dire qu'il garde un œil sur toi et, ça, ça m'est utile.
Je suis son faire-valoir.
Je ne sais absolument pas qui elle est pour savoir tout ça mais, ça ne m'enchante pas...
- Je suis un instrument, Déclarais-je froidement
Elle hocha la tête avant de continuer :
- Te tuer me serais inutile. Même si tu as pactisé avec LUI, tu en as déjà payé le prix. De plus, la faim justifie les moyens.
Maintenant, tu as le choix : soit tu m'aides volontairement, à mes conditions et je te détacherais, soit tu refuses et ... Personnellement, je préfère la deuxième solution mais, je te laisse choisir.
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La fille aux yeux ardents
Short StoryJ'erre depuis des années à essayer de survivre. Je croyais qu'il n'y avait aucune solution. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit elle qui me l'apporte. Rien n'est jamais perdu ? Cela reste à voir