Imagine : intimidation et suicide

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Tu viens pour prendre ta douche, mais tu passes devant un miroir. Tu te retournes vers cette silhouette que tu déteste tant. Tu commences à observer ton visage. Tes yeux bruns "marde", comme tu aimes les appeler. Ceux qui ont verser toutes les larmes de ton existence. Puis tu vois ton nez. Celui qui peine à tenir tes lunettes droites. Celui que tu voudrais qu'il soit légèrement pointu. Et puis, tu descends ton regard vers tes lèvres. Ces lèvres qui s'ouvre rarement pour parler, ces lèvres qui s'étirent que pour sourire faussement pour cacher ta douleur. Celles qui s'ouvrent pour laisser échapper des sanglots quand tu es seule. Tu descends encore ton regard et tu t'arrêtes à ton ventre. Celui qui a été victime de nombreuse moqueries depuis que tu es rentrée à l'école. Celui qui te fais vivre un enfer. Tu aimerais tant perdre ce petit ventre que tu crois gros à cause de tous ces gens, mais qu'au fond il a rien à reprocher. Et tu regardes tes cuisses. Celles qui s'écrasent quand tu t'assois, celles que tu trouves trop grosse. Tu secoues la tête pour chasser ces mauvaises pensées et tu pénètres dans la douche.

Tu viens pour te raser, mais il est temps que tu changes tes lames. Tu en prends une, mais celle-ci te glisses des doigts et atterri sur ton avant-bras. Elle ouvre légèrement la peau. Quelques gouttes de sang en sorte. Tu es hypnotisé par sa couleur rouge vif, la couleur de la douleur. Cette petite coupure n'avait pas fait tellement mal et elle t'avait permis d'oublier pendant un instant ce que tu vivais depuis la maternelle. Tu ramasses la lame tomber et tu décides de te faire une autre petite fente dans la peau. Tu es restée si forte depuis le début, une autre ne fera pas de mal, tu te dis. Tu observes les gouttes qui s'échappent tranquillement de ta peau et tombent en se mélangeant à l'eau qui coule. Tu décides de reporter ton rasage au lendemain pour ne pas créer plus de dommage, puis tu sors de la douche.

Le lendemain, tu te lèves et te rends à l'école pour une autre journée de torture à l'école. Tu arrives et les étudiants se mettent à chuchoter et rire sur ton passage. Tu vas voir tes sois disant amies qui rient tout le temps de toi quand vient les moqueries. Elles t'aperçoivent, partent à rire et quittent sans dire un mot. Tu vois un attroupement autour du babillard principal et tu t'approches pour voir ce qui se passe. Mauvaise idée. Les gens te pointent du doigt et rient. Ils te laissent passer pour que tu vois l'affiche sur le babillard. Horreur! Voilà un photo de toi nu! Par contre, ce n'était vraiment pas ton corps. Quelqu'un a photoshopé ton visage avec un corps d'une grosse dame. Puisque tu aimes porter des vêtements amples, personne ne sait vraiment si tu es grosse ou non. Tu avais déjà une petite idée de qui avait bien pu faire ce coup bas. Beaucoup trop bas. Tu te retournes vers la "gang" qui t'embête depuis la petite enfance. Tout le monde rit et se tape dans la main, sauf un. Il s'appelle Éthan. Un beau grand brun aux yeux verts très mystérieux. Personne ne savait ce qu'il était vraiment, mais une chose est sûr, il était le seul à ne jamais rire et participer aux mauvais coups de ses amis. Il était souvent perçu par son groupe d'ami comme étant le "coincé". Tu croises son regard émeraude et il semble t'envoyer un regard d'excuse. Sûrement ton imagination puisque personne n'a jamais pitié de toi. Tu pars à courir les yeux remplis d'eau pour la énième fois. Tu ne sais pas trop où aller, alors tu décides d'aller chez toi, puisque tes parents sont au travail. Tu entre et te diriges vers ta salle de bain. Cette fois-ci, c'était la goutte de trop. Tu n'en pouvais plus. Tout ces rires hypocrites, ces regards te résonnent dans la tête à en crier comme si ta vie en dépendait. Tu te précipites sur l'armoire où ton père range ses antidépresseurs et tu te mets à les avaler un par un. À force d'en engloutir, tu as l'impression que tes sens s'engourdissent. Tu te mets à rire sans raison et puis tu perds le contrôle de ton corps. Tu tombes et tu es pris de convulsions et de sanglots. Après quelques minutes, tu es immobile sur le plancher et tu fermes les yeux. Tu essayes de penser à quelques choses de beau. Puis, tu expires doucement pour la dernière fois de ta vie avec les beaux yeux du mystérieux Éthan dont tu aurais aimer faire la connaissance.

Il est 16 heures et tes parents reviennent de leur travail. Ils t'interpellent, mais tu ne réponds pas. Ils s'inquiètent un peu et commencent à te chercher dans la maison. Ta mère entre dans la salle de bain et voit avec horreur ton corps inerte sur le sol. Elle cri ton nom et accourt à tes côtés. Des larmes commencent à dévaler sur le long de ses joues. Ton père arrive en courant et reste immobile face à la scène qui s'offre à lui. Le réveillant de sa stupeur, ta mère lui cri d'appeler l'ambulance. Elle continue de te secouer dans tout les sens en criant ton nom, mais en vain, il est trop tard. Ton père revient et ose rentrer dans la pièce. Il ramasse sa boite de comprimés quasiment vide. L'ambulance arrive quelques minutes plus tard et t'amène, tes parents et toi, à l'hôpital.

La cloche sonne et tout le monde se trouve dans ta classe, sauf toi. Le directeur et ton professeur sont accompagnés d'une dame dont personne ne connait son existence. Ceux-ci ont un air grave et tout le monde chuchote se demandant ce qu'il se passe. Le directeur demande l'attention de la classe. Il annonça avec avec un ton grave qu'aujourd'hui il manquait une personne. À cause de tout cet intimidation, il manquait une personne qui n'allait plus jamais revenir, puisqu'elle avait mis fin à sa vie hier. Tout le monde se retourne tranquillement vers ta place habituelle, c'est-à-dire au fond. Tout le monde, un après l'autre, remarque ton absence. La "gang" qui s'amusait à te faire chier se met à s'en vouloir. Ils savent que c'est de leur faute si tu n'es plus de les leur et qu'ils ont poussés le bouchon trop loin. Les personnes qui ne faisaient que rire s'en veule aussi d'avoir embarqué dans cet histoire à la fin terrible. Les filles qui étaient supposées être tes amies, tant qu'à elles, s'en veulent aussi d'avoir ri de toi, mais elles s'en veulent encore plus de n'avoir rien fait et d'avoir été des amies minables. Et puis ce mystérieux Éthan s'en veut de ne pas avoir avouer la flamme qu'il avait pour toi. Il s'en voulait de ne pas arrêter ses amis. Ils se retient de ne pas pleurer, mais il sait qu'une fois chez lui, il s'effondrait comme à chaque fois qu'il voyait les blessures dans tes yeux.

Un silence lourd pèse sur la classe. Personne ne savait quoi dire. Chacun s'en voulait de leurs actions inconscientes...

Au cours du reste de l'année, la gang qui était populaire est descendu aux enfers et se font pointer du doigt. Personne ne veut d'eux puisque c'est de leur faute si une personne qui n'avait rien demander de ce qu'elle a vécu avait mis fin à sa vie.


What about life? (Recueil de textes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant