La grille se referma derrière lui dans un grincement. L'homme en uniforme lui proposa de s'asseoir tout en l'informant qu'elle ne devrait plus tarder. Alek s'assit et joignit ses mains sur la table devant lui. Il ferma les yeux un instant. Il ne voulait pas être ici. Il aurait aimé que tout cela n'arrive jamais. Mais il fallait se l'avouer. Cette femme était folle. Cette femme avait commis le pire acte possible.
La voilà d'ailleurs qui entrait dans la petite pièce, vêtue de sa combinaison orange. Celle-ci s'assit devant son fils. Alek refusait d'ouvrir les yeux, refusait de la voir. Mais il n'avait pas d'autre choix. Sa mère le fixait. Elle paraissait amaigrie et plus petite qu'avant. Les pommettes de son visage ridé par l'âge étaient plus saillantes que dans son souvenir. Il semblait redécouvrir sous un nouveau jour cette femme qui l'avait mit au monde, qui l'avait élevé.
Alek aimerait pouvoir se dire qu'il n'a rien à voir avec cette femme, cette meurtrière mais c'est pourtant bien le même sang qui coule dans ses veines. Alek ne put retenir une grimace en se faisant cette réflexion. A tout jamais il serait relié d'une manière ou d'une autre à cette femme, même s'il cherchait à couper les ponts.
Dans un geste hésitant la femme tendit ses mains menottées vers le garçon. Mais celui-ci n'en fit rien. D'une voix tremblante elle le supplia :
« Mon garçon. Tu dois me croire. Je ne l'ai pas tué.
- Tout est pourtant contre toi.
- Je ne suis pas folle. Je ne suis pas celle pour qui ils essayent de me faire passer. Tu sais que je ne suis pas capable d'un tel acte. Continuait-elle son plaidoyer.
- Je ne sais plus de quoi tu es capable ou non. » Avoua le jeune garçon sentant la colère le gagner.
Il ne comprenait pas. Pourquoi cherchait-elle à nier alors que tous les faits étaient contre elle ? Chaque fois qu'il se penchait plus sérieusement sur l'affaire, il finissait par en perdre la tête. La colère s'emparait de lui et il lui devenait impossible de réfléchir plus longtemps. Même si juridiquement l'affaire était close, Alek ne pouvait s'empêcher au fond de lui de continuer à espérer que sa mère n'avait pas tué son père. Mais cela jamais il ne lui avouerait.
La femme d'une cinquantaine d'année, avachie sur sa chaise face à lui, était au bord des larmes, déboussolée, abattue, les mains couvrant sa bouche sous le choc de la révélation de son fils. Elle n'avait plus aucune chance de s'en sortir. Elle resterait enfermée derrière ses barreaux sûrement jusqu'à la fin de ses jours.
Un silence pesant s'installa entre eux. Alek cherchant un moyen de mettre cours à cet entretien et sa mère se demandant si le moment n'était pas venu de tout lui avouer. Elle avait espéré qu'ils le trouveraient plus tôt, pour le sortir rapidement de cette situation. Mais elle savait que ceci n'était que le début de quelque chose qui ne se finirait probablement jamais. Ou dû moins dont elle ne connaîtrait sûrement pas la fin. Si elle parlait alors serait-ce probablement la dernière fois qu'elle verrait son fils.
Alek remonta ses manches et posa ses avant-bras sur la table. Timidement sa mère approcha ses mains et se mit à caresser délicatement la peau chaude de son fils. Un frisson parcourra le bras d'Alek au contact de sa mère. Mais il se laissa faire, pressentant sur le visage de sa maternelle qu'elle n'agissait pas ainsi pour rien. Elle s'apprêtait à prendre la parole et Alek sentait bien que le sujet allait être très sérieux. Le regard de sa mère avait changé. Alek ne l'avait jamais vu comme ça et l'inquiétude remplaça rapidement la colère ressenti il y a quelque instant.
Alek avait une tache de naissance sur l'avant-bras droit. Dû moins c'est ce que Brigitte, sa mère avait toujours prétexté. Celle-ci formait comme un début de triangle auquel il manquait un trait pour le refermer. Alek s'amusait souvent à tracer le côté manquant. Il n'aimait pas cette marque sombre qui ressortait sur son avant-bras souvent découvert alors il tentait de la faire passer pour un tatouage.
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L'expérience
Teen FictionAlek avait une vie normal, comme les autres. Jusqu'au jour où sa mère commet le pire des crimes. Alors tout est remis en cause. Et si tout n'était que mensonges ?