Je suis dans le bus pour aller dans une famille d'accueil.
Ces dernières semaines ont été très dures, mais je n'ai pas trop envie d'en parler aujourd'hui. Pour le moment, je veux juste oublier.
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Une journée pourrie dans une famille pourrie.
Je vous fait le bilan (catastrophique) ;
Mike est mon frère d'accueil, c'est ce genre de type, dès qu'on le voit, on peut pas le blairer. Il a cette tête de gosse de riche et est fringué comme un gosse de riche. Les cheveux coupés au millimètre près et pas un seul défaut sur le visage. J'ai essayé de faire l'impasse, de ne pas le juger sans le connaître, et au début, j'ai franchement cru qu'il serait sympa. Il était parfois drôle, intéressant, et j'ai même osé croire qu'il avait de la conversation.
Dix minute plus tard, j'ai réalisé que ma première impression était la bonne : Mike est un trou du cul profond.
Je le trouvais assez beau garçon, jusqu'à ce qu'il commence à l'ouvrir. C'est typiquement ce genre de gars qui pète pas plus haut que son cul et qui te fixe droit dans les yeux pour que toi, ouais, TOI tu te sentes minable, alors que c'est lui qui ne vaut pas mieux. Non, pire, il vaut moins.
Mike est obnubilé par la marque Apple et pète une crise dès qu'on parle de Windows. Pendant vingt minutes il m'a fait une démonstration de la relique qu'il a trouvé sur internet, l'un des premiers modèles Mac.
Vous savez,
J'en ai
RIEN
A
FOUTRE
de ces conneries.
Je l'ai regardé faire et écouté dire en hochant la tête niaisement, espérant qu'il comprenne que ce genre de truc me sort par tous les trous. Sa mère nous a ensuite appelé pour le dîner, et ses parents sont... Sympas ? Sympas, oui, mais ils ont l'air dépressifs. Je sais pas, ça se voyait qu'ils se forçaient à faire la conversation pour essayer de briser la glace tout en évitant soigneusement les sujets sensibles, comme si j'étais déjà entrain de m'enfoncer le couteau dans les veines.
- A quelle école vas-tu Sully ? Dans quelle école étais-tu avant ? Est-ce que le quartier te plaît ? Qu'avez-vous fait là-haut tous les deux ?
Attendez une minute,
on en a
RIEN
A
FOUTRE.
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Mike est vraiment un petit con. Il a 2 ans de moins que moi, il est toujours au collège et il se permet de jeter ses cendres sur ma figurine qui se trouvait sur mon bureau sous prétexte qu'il est "en acier et en forme de coupole".
Un, il est en argent.
Deux, c'est un cygne.
Connard.
Après, il est encore resté deux heures dans ma chambre à comater sur mon lit parce qu'il était complètement def, il rigolait tout seul et super fort parce qu'il regardait des vidéos sur son téléphone, puis Laeticia m'a appelée sur Skype, on a parlé de tout, de rien, et on a dévié sur le sujet d'Anne Frank, là, Mike s'est redressé d'un bond et a hurlé : « Anne Frank c'était une petite salope. »
Je n'ai pas répondu, et j'ai fait comme si je n'avais rien entendu au risque de lui crever les yeux.
Après ça, Mike s'est allumé une seconde clope et a commencé à la fumer dans ma chambre, je lui ai dit de dégager, il m'a ignorée, j'ai compris que si je ne mettais pas les choses au clair maintenant entre nous, ce type allait me bouffer mon énergie vitale sans remords, alors j'ai pris ma bombe de déodorant,
et je lui ai aspergé les yeux.
Le hurlement de douleur de Mike fut le son le plus beau et le plus harmonieux qui m'ait été offert cette nuit-là.
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Mes parents d'accueil sont de sortie ce soir, alors Scott et Ed ont proposé de venir me voir, ça m'a fait plaisir qu'ils aient enfin voulu me rendre visite après trois mois.
Oh bon sang.
Qu'est-ce que je suis égoïste quand je m'y mets...
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Je leur ai fait faire le tour de la maison et puis on s'est assis sur mon lit, on a un peu parlé, mais comme on n'avait rien à se dire, on a finit par se mettre un film. J'en ai profité pour poser mon coussin sur l'épaule de Scott et m'allonger légèrement sur lui, il en a profité pour passer son bras derrière mon dos. J'étais bien, j'étais nerveuse, mais j'étais bien. Puis Ed a roulé un joint et a demandé à Scott de lui filer son briquet. Comme je me trouvais au milieu, j'ai fait l'intermédiaire, et quand j'ai tendu la main pour récupérer le briquet, Scott a gardé le briquet fermement. Ecrit comme ça, j'ai l'impression qu'on ressemblait à deux gamins, mais en réalité, tout s'est passé dans le silence et sans agitation. J'ai doucement essayé de récupérer le briquet, en vain, on s'est regardé, on s'est souri, et dans le même mouvement, ses doigts ont glissé sur les miens, et j'ai senti sa main se refermer sur la mienne très délicatement, mais juste pour une fraction de seconde.
Je ne sais pas s'il l'avait fait exprès ni même si c'était prémédité. Il avait la peau douce et la main chaude, mais plus je me repasse cet instant en boucle dans ma tête, plus je me demande si ce n'est pas moi qui ait retiré ma main en première, car cette même nuit-là, j'étais pressée que Scott s'en aille.
Ça me fait peur, et je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Il y a dix secondes encore, j'étais folle amoureuse de Scott et son sourire me faisait fondre, et il a suffit d'un seul contact pour que...
Je ne sais pas.
Je suis vraiment nulle à chier, mon cerveau est en bordel. De quoi est-ce que j'ai eu peur exactement ?
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Hello Scott /Histoire terminée ~♥/
RomanceIl n'y a pas de populaire. Ni populaire, ni intello. Pas de capitaine de football non plus. Pas de racaille, de pouf, de paumé. Rien Il y a seulement Scott Walker, Et lui, il est spécial.