(Prologue) Je crois que je ne t'aime plus

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BIIIP BIIIP BIIIIP

« Hey Alice, ton antiquité sonne! »

« «Ah merci Coco ! » lançais-je à ma voisine de classe, une petite rousse plantureuse s'appelant plus communément Corinne.

Alors que je posais bruyamment mon sac sur ma table, je souris en pensant à Marc, mon fiancé. Ce matin encore, il avait sorti son éternelle critique à l'égard de mon sac de cours.

« Je ne comprends pas pourquoi tu t'embarrasses de cette valise ! Rien ne tient en place, tout y est constamment mélangé! Si encore, tu rangeais ton téléphone dans la poche prévue peut-être que tu le trouverais plus vite mais non... »

J'avoue que mon grand sac de cuir souple n'était pas un modèle de propreté ou d'organisation mais associé à ma petite veste en cuir de la même couleur, il me faisait un super look. Et puis, depuis le temps que je l'avais, il avait acquis surtout une valeur sentimentale. Il m'avait suivi dans tous mes déplacements et Dieu seul savait combien il y en avait eu.

Comme d'habitude, je fouillais un moment avant de trouver mon portable, un vieux nokia qui avait connu des heures plus glorieuses. Quoi qu'en dise mes amies, je l'adorais. Comme toutes mes affaires, il avait son petit côté vintage et décalé.

« Je parie que c'est ton gentil toutou qui te dit encore qu'il t'aime à la folie ! », ricana Corinne.

« C'est fou comme ce type ne sait pas se passer de toi ! » renchérit d'un air rêveur Solange, une brunette à l'aspect fragile qui se cachait derrière d'immenses lunettes noires à l'aspect sévère et des tenues sombres.

Nous formions un trio hétéroclite, la rousse incendiaire avec ses yeux vert et ses formes généreuses, une petite brune finette aux origines latines discrète comme une souris et moi, la réaliste à la crinière châtain quasiment indomptable, des yeux gris bleu et une silhouette élancée.

Je leur tirais la langue pendant qu'elles éclataient de rire.

J'ouvris mon message.

« Je veux qu'on se sépare, je crois que je ne t'aime plus. Sois heureuse. Marc».

Voilà comment en 5secondes et 2dixiemes, 7ans de ma vie basculent, flanqués à la poubelle sans sommation. On est pourtant pas le premier avril...

Vu le déroulement de ma journée, j'aurai du m'en douter ! Elle avait mal commencé : le réveil qui ne sonne pas, un illuminé qui me prédit ma mort, le bus qui me passe sous le nez, ma prof d'anat qui m'explique qu'au vu de mes résultats à son dernier examen, elle me trouve déjà chanceuse que je sache situer le cerveau humain. Et maintenant, ça.

Vendredi 31mars, 16heures moins le quart et un SMS de rupture.

Non seulement, je n'ai pas droit à une explication franche en directe (même au téléphone, je ne suis pas si exigeante) mais en plus il choisit notre anniversaire de rencontre pour me larguer sans ménagements comme une vieille chaussette trouée.

Déboussolée, je quitte la salle sans même adresser un salut à mes amies. Je ne les entends pas m'appeler et rire de ma réaction. Non, elles font partie d'un autre monde auquel pour le moment je suis hermétique. Il sera temps de raccrocher avec leur réalité plus tard, une fois cette histoire tirée au claire.

Pleine d'espoir et d'appréhension, je ne quitte pas l'écran de mon portable des yeux. J'espère recevoir ce SMS « surprise c'était pour rire ! » mais le temps passe et rien ne vient. De plus en plus anxieuse, je ne cesse de me mordre la lèvre.

Les doigts engourdis par le froid, malgré mes gants, j'entreprends de composer le numéro de Marc et franchement cela n'aide pas dans la manœuvre. Excédée, je les retire.

Je compte les sonneries, une, deux, trois, quatre ... à la cinquième, je tombe sur son répondeur. Je ne laisse pas le temps à sa messagerie vocale de s'enclencher je refais son numéro. Même résultat.

Tant pis, je décide d'essayer sur son téléphone au bureau. Là aussi, son répondeur prend le relais.

De plus en plus fébrile, (tiens j'en oublie que j'ai froid et je ne remarque même plus les petits nuages de vapeurs que ma respiration produit) je retente son numéro de portable. Pas de surprise, à la cinquième sonnerie sans réponse, je tombe sur son répondeur.

« Allo, Marc, c'est moi, Alice, ta fiancée...Enfin qu'est ce que je raconte, bien sur que tu sais qui je suis ! Ecoute, rappelle moi, il faut qu'on parle je ne comprends rien à ce que tu m'as envoyé ! Si c'est une blague, je t'assure qu'elle ne fait rire que toi ! Le premier avril c'est demain je te signale ! Enfin bref...rappelle moi ! »

J'attends une seconde, déboussolée, perdue et puis dans un cri, presque comme si je disais une bêtise, je rajoute : « Je t'aime ».

J'ai raccroché mais j'attends toujours, les yeux rivés sur mon portable. Je suis sure que dans quelques instants, je vais recevoir un appel de cet idiot et que lorsque je décrocherai, il sera en train de rire comme un fou de l'autre coté de la ligne.

J'attends.





La Tentation d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant