The Sleep

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Comme presque tous les jours, je suis arrivé juste à l'heure en classe de fléaux.

Ce n'était pas un vrai cours avec des notes et tout, donc seuls les plus fayots bossaient vraiment. Nous, on se contentait de venir et si possible de ne pas s'endormir (façon de parler bien sur). Évidemment, personne ne pouvait être recalé, sinon ça signifiait redoublement et un semestre de plus à étudier toutes les famines et maladies qui accablaient nos encêtres. Au moins, en cours d'histoire, il y avait des batailles ; la classe de fléaux, c'était juste déprimant.

Alors, quand je suis entré et que j'ai vu ce que M. Solomon avait écrit sur le vieux tableau noir, je n'ai pas pu m'empêcher de râler à voix haute.

"LE DERNIER JOUR POUR CHOISIR UN SUJET DE DEVOIR DE FIN D'ANNÉE"

- Un problème, Harry ?

Ça, c'était Louis Tomlinson, assis à la table d'à côté, un cahier vieillot et prêt à être griffonné posé devant lui.

- C'est pas juste, ai-je dit en m'affalant sur mon siège.

Le calendrier des dissertations était censé apparaître automatiquement dans l'Espace Mental. Mais, en cours de fléaux, toutes les technologies de pointe étaient mises en veille, c'était la règle.  Comme nos pauvres encêtres, on devait compter sur nos cervelles ou, à l'instar de Louis, gribouiller des glyphes sur des bois mort devenu pâte à papier.

Apprendre à écrire manuellement ? Pour un cours optionnel, en plus ? Quel lèche-bottes, celui-là.

Pourtant je savais que ce devoir allait tomber et que je devrais réfléchir à un sujet. En fléaux, c'était le principe du premier arrivé, premier à sévir (jeu de mots typique du prof : hilarant non ?). Donc, vendredi dernier, dès la fin du cours, la plupart des élèves s'étaient dépêchés d'activer l'Espace Mental pour choisir les épreuves les plus faciles avant qu'un autre ne s'approprie l'idée.

On est censés "incarner" une forme de défaillance du passé, en jouant les aveugles ou un truc du même genre pendant deux semaines ; soi-disant pour nous apprendre la réalité sur la vie d'autrefois, comme si passer une heure par jour en cours de fléaux n'était pas déjà suffisamment pénible.

Sans compter que l'intervention de Niall Horan à la sortie m'avait distrait : il était venu demander de l'aide pour organiser un bouviac en Antartique. Difficile de refuser quelque chose à Niall : ce mec mesurait presque deux mètres de haut, et on va dire que ses yeux bleus et ses abdos de rêve m'ont quelque peu influencé dans mon choix. Après avoir discuté combinaisons thermiques et pingouins avec lui, je m'étais téléporté directement dans les Alpes à mon cours facultatif d'escalade. Ce fut le point de départ d'un week-end bien occupé, sans peste, guerre ni contrainte : shopping sur la Lune avec maman, révision de mon ancilangue dans l'Espace Mental (on jouait Hamlet en cours de théâtre) et un dimanche entier passé à construire mon habitat au pôle Sud pour le cours avancé d'ingénierie. Le seul moment du week-end où la pénurie avait fait une minuscule incursion dans ma mémoire, c'était pendant une bataille virtuelle avec mon pote Zayn, quand j'ai dit :

"Tu te rends compte ? Les gens mouraient vachement à l'époque !" Ensuite je me suis fait bombarder par un avion, alors j'ai encore oublié.

Donc voilà : on était lundi et il était trop tard pour faire la moindre recherche. Dès l'instant où le cours de fléaux commençait, l'Espace Mental s'éteignait : mon emploi du temps, les scores du championnat d'apesanteur, même la date et l'heure... Tout disparaissait. Le monde revêtait l'apparence étrange et morne de cette époque fragile : un seul champ de vision, et rien à voir excepté le sourire narquois de Louis Tomlinson.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 19, 2015 ⏰

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With My Eyes Closed (Larry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant