Seize heures trente et une.
Soutenant les murs bâtiments, nous sommes là, errants tels des enfants sans foyer à attendre que l'un de nous commence à parler pour stopper l'évasion générale de nos pensées. C'est Youssouf qui brise le silence d'enfer pour nous déballer de nouveau l'une de ses conquêtes. Je les écoute se marrer sans pour autant vouloir parler. À les entendre on pourrait tous les croires insouciants, prêts à en démordre avec la vie sans le moindre petit soucis. Et pourtant. La vérité c'est que ces rires ne sont rien d'autres que de parfaites simulations, il y a en réalité bien trop longtemps que nous nous sommes écrasés, mais la fierté ne nous laisse nullement l'occasion de le montrer. La galère a fait de nous des frères ne cessant jamais d'être en colère. Notre haine est dédié à tout jamais envers l'État, envers cet État qui nous condamne avant même que nous n'ayons pu essayer d'intégrer ce qu'ils appellent " la société ".
Les vibrations de mon mobile me ramène à la réalité aussi difficile soit-elle à accepter. Aujourd'hui, c'est son sixième texto . Du haut de ses 27 ans Ayana paraît plus coriace qu'elle ne le laisse croire. Marvin, debout à mes cotés à lui aussi remarqué combien elle est déterminée. Il me conseille alors d'y aller ne serait-ce qu'une seule fois pour qu'elle puisse enfin cesser de me tourmenter comme elle le fait, chose bien-sûr que je n'envisage même pas. Si j'y vais je serais certainement jugé. Si j'y vais j'aurais des regrets. Lentement je verouille mon iPhone tout en choisissant d'ignorer l'invitation qui m'a été offerte. Je m'impose nonchalamment dans la conversation que Youssouf à lancée. Peu a peu la notion du temps disparaît. Lorsque l'obscurité surgit je m'aperçois qu'il est déjà dix huit heures et demi. À cet heure-ci chacun se disperse pendant au moins deux bonnes heures. La vente va bientôt commencer, eh ouais la plupart d'entre nous font malheureusement parti du marché. Je m'éclipse du quartier ne voulant pas voir mes potos sombrer et sans que je ne comprenne comment ni pourquoi je me retrouve moi, Ibrahim devant cette putain de porte que j'ai à tout prix voulu éviter.Ibrahim - Rescapé de la cité
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Ibrahim - Rescapé de la cité
Ficción GeneralA trop vouloir leurs plaire, vous en perdrez les bonnes manières.