CHAP 2 - L'ARTISTE

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16:28. Où est-il ? Il devrait arriver dans les minutes qui suivent... Et s'il ne venait pas ? Non, ça n'est pas possible. Il vient toujours, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, il sera là, et moi aussi. Il faut que je sache qui il est, pourquoi il est là, ce qu'il me veut,...

Ah ! Il arrive ! Il faudrait peut-être que je sourie, pour l'accueillir ? Non ! Sois naturelle ou tu auras l'air suspect !

Il s'assoit, je respire un grand coup et...

Moi, enjouée : "Bonjour monsieur ! Vous avez oublié ça hier !"

Oh mon dieu... Le ratage le plus complet, je suis nulle et j'ai eu l'air d'une folle. Eh. Je suis folle.

L'homme, en riant : Merci Mademoiselle !

Moi : Euh... De rien."

Pour la première fois il a parlé. Pour la première fois il m'a regardée. Pour la première fois je l'ai vu, vraiment. C'est un plutôt bel homme, la quarantaine, de grands yeux noisette qui pétillent, une petite barbe de 3 jours. Et sa voix. Elle m'a donné des frissons.

L'homme : "J'imagine que tu l'as lu.

Moi : Vous imaginez fort bien. J'ai trouvé vos rimes plutôt pas mal, mais vous pourriez améliorer les mélodies, je les ai jouées au piano, vite-fait, je les ai trouvées un peu simplistes, pour une chanson avec un si beau texte. Ce sont bien des morceaux de chansons, n'est-ce pas ?"

Woaw, j'ai parlé avec tant d'assurance ! L'homme me dévisage en souriant et me répond.

L'homme : "C'est cela même. Vous avez un certain talent, jeune fille.

Moi : Qui êtes vous ?

L'homme : Haha ! Je m'appelle Michael. Et toi ?

Moi : Moi ? Suzanne. Mais tout le monde m'appelle Sue.

Michael : Je dois y aller, il se fait tard. À la prochaine, Suzanne !"

Il se lève en souriant et commence à s'en aller. Non, il ne peut pas partir ! Pas maintenant, on vient à peine de commencer ! Il faut que je le rattrape.

Moi, me levant et courant vers lui : "Attendez ! Vous ne pouvez pas partir comme ça ! On vient à peine de commencer !

Lui, surpris : Euh... De commencer quoi ?

Moi : Ben, à parler ! (Je le rapproche de lui). Écoutez, cela fait 4 mois que tous les jours sauf le week-end, je m'asseois sur ce banc de 16:20 à 17:00, et, sauf erreur de ma part, ça fait 2 mois que, tous les jours sauf le week-end vous vous asseyez sur ce banc de 16:25 à 16:45. J'ai toujours été là et je n'ai jamais bougé, alors maintenant, expliquez-moi ! Dites-moi pourquoi vous venez là à cette heure précise ! Dites-moi qui vous êtes ! Racontez-moi votre vie en détails et si on doit y passer notre soirée, je m'en fiche ! Expliquez-moi pourquoi on trouve des paroles de chanson dans votre carnet de brouillon, et surtout, surtout, dites-moi si c'est parce que je suis celle qui vous effraie le moins de tous les occupants des bancs de Central Park ou alors à cause de tendances pédophiles qui vous poussent à vous asseoir précisément à côté de moi tous les soirs ! Voilà !"

26 octobre 2028,

Aujourd'hui, j'ai vu l'homme du banc, celui avec le carnet, tu te souviens ? Je lui ai fait un long discours sur ce qu'il devait me dire et ensuite, je me suis sauvée en courant ! J'étais tellement énervée, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, je me suis énervée toute seule, que je n'ai même pas écouté ce qu'il a répondu et je suis partie ! La honte... Je ne sais pas si j'irais à Central Park demain...

LE BANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant