La voix

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C'était un jour pluvieux presque comme un autre. Le ciel était de temps à autre déchiré par des éclairs. Le tonnerre grondait. Un homme d'une trentaine d'année se tenait debout sous la pluie, le regard vide, fixant l'immeuble en face de lui. Il s'avança lentement, il boitait de la jambe droite. Il y avait du sang sur son pantalon, on aurait dit son propre sang, il était très certainement blessé. Arrivait au pied de l'immeuble il frappa à la porte. Le concierge vint lui ouvrir. Il réclama la clef de l'appartement deux cent six ou il devait rejoindre sa patronne, Madame De Courchevac Marie-Emilie, qui l'avait mandé pour faire le service du soir car elle recevait du monde. Le concierge lui donna alors les clefs sans se méfier. François était le maître d'hôtel de la famille De Courchevac et parfois il s'improvisait aussi homme-à-tout-faire. Le concierge constata que François boitait dans les escaliers, il demanda alors :

« Est-ce que cela va monsieur ?

- Oui, cela va, ne vous inquiétez pas pour moi. Répondit-il aussitôt sans montrer la douleur que lui inflige sa blessure. »

Il se remit immédiatement en marche. Il avançait, lentement, mais sûrement.

Une vingtaine de minute plus tard, il arrivait enfin au deuxième étage. Il se dirigea au fond du couloir devant l'appartement de Madame De Courchevac. Sa patronne lui ouvrit la porte avant même qu'il ait le temps de faire usage de ses clefs. Marie-Emilie lui dit :

« Ha, François ! Enfin vous voilà, vous en avez mis du temps ! J'aimerai que vous me suiviez, le pied du lit de ma chambre s'est cassé cette nuit, j'ai déposé la boite à outils à coté, normalement vous aurez le nécessaire, sinon venez me voir pour me dire ce dont vous avez besoin.

- Bien Madame. Répondit-il paisiblement. »

Il s'installa dans la chambre de son employeur pour réparer le lit. Soudain, il entendit une voix raisonner dans la pièce :

« Prends le marteau.

- Non, non, pourquoi es-tu revenue ? Répondit François.

- Prends le marteau je te dis !

- Va-t'en !

- Prends le marteau ! Dit la voix, encore une fois. »

Alors, François prit le marteau, et attendit le reste des instructions de cette fameuse voix.

« Bien. Maintenant, tu te rappelles ?

- Me rappeler quoi ?

- Rappelle-toi !

- Je veux bien, mais de quoi ?!

- La jalousie, la haine, la souffrance...

- Non, je ne veux pas !

- Toute cette noirceur que tu as ressentie quand tu as vu Alexandrine dans les bras de cet homme.

- Tais-toi, tais-toi, tais-toi !

- Lève-toi ! Ordonna la voix.

- Non ! Vociféra François. »

Ses cris avaient alerté Madame De Courchevac, elle arriva avec fracas dans la pièce, elle avait une mine inquiète, elle demanda à François :

« Est-ce que tout va bien François ?

- Oui, oui tout va bien ! Merci de vous en inquiéter mais tout va bien.

- Menteur ! Cria la voix.

- Tais-toi ! Répondit François.

- Pardon ? S'étonna Marie-Emilie.

«The haunted spirit»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant