chapitre 2: Elora et l'île de Mafaka

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Anna fut réveillée en sursaut par un son claironnant non loin de sa cabane. Elle se leva avec un soupir alla constater son état extérieur dans le petit miroir au-dessus du lavabo. Sa tête était plutôt désastreuse. Elle ne pouvait rien faire pour les cernes qui creusaient sous ses yeux noirs mais elle tenta néanmoins de remettre de l'ordre dans ses longues boucles brunes. Elle sortit de la cabane et se dirigea vers le temple, comme l'avait appelé Elora. De nombreuses autres personnes s'y rendaient ; des hommes, des femmes, des enfants, tous vêtus de longues robes blanches à capuche. Elle se sentait observée, accoutrée comme elle l'était. En arrivant devant la grande bâtisse blanche, Anna pouvait à présent voir ce que représentait la sculpture à gauche de la lourde porte en bois. Un croissant de lune et un soleil, tout simplement. Elle resta quelques secondes immobile à contempler le bas-relief en se demandant ce qu'il pouvait bien signifier,  puis elle entra enfin.

A l'intérieur, tout était banc. Les murs, les vêtements, les meubles. Le bâtiment était en réalité constitué de quatre couloirs couverts bordés de colonnes qui formaient un carré, et cela lui rappelait vaguement une villa romaine. Au centre, il y avait une magnifique cour qui respirait sous le soleil brûlant de juillet. De l'eau coulait de la bouche d'un dauphin en pierre et retombait dans un bassin où des fleurs flottaient et bougeaient lentement au fil du courant. Tout autour, de grandes plantes vertes toutes différentes se dressaient vers le ciel parfaitement bleu. Quelques chemins de galets se frayaient un chemin dans cette petite forêt jusqu'au bassin où quelques personnes discutaient, assises sur le rebord. Il y avait à la fois quelque chose de féerique et quelque chose d'atrocement glaçant dans cet endroit.

Tous les gens qu'Anna avait vus en venant au temple se dirigèrent vers des petites pièces dans les couloirs, ayant l'air de savoir parfaitement où aller. Ils disparurent un à un jusqu'à ce qu'elle se retrouve de nouveau seule avec le glougloutement de la fontaine. Soudain elle entendit quelqu'un l'appeler. C'était Elora, et Anna était presque rassurée de la voir. Elle allait la saluer mais la vieille femme lui en empêcha et lui fit signe de la suivre. Elle la mena devant une petite pièce semblable aux autres avec le numéro 23 inscrit sur la porte. Elle l'ouvrit avec une petite clé qu'elle donna ensuite à Anna.

_ Ne la perd jamais, dit-elle. Ici tu pourras te laver, et ensuite je te conduirai à la salle à manger. Aujourd'hui, le cor a sonné tôt car nous avons un nouvel arrivant – toi – mais ne t'inquiète pas, les autres jours tu pourras venir à l'heure que tu veux, autant de fois que tu le désires. Ce temple sera ta deuxième maison (« Ma troisième, même. » se dit Anna en songeant avec quelques regrets à ses parents qui devaient s'inquiéter). Maintenant fait vite. Tous tes vêtements sont dedans ; mets la robe blanche, la plus sombre est réservée pour la nuit. Tu ne mettras plus les vêtements que tu portes en ce moment et tu laveras tes robes toi-même. Je t'attends ici.

Anna hocha la tête et s'empressa de rentrer dans sa salle de bain, de se déshabiller et de se laver dans la « douche » qui était en réalité une bassine qu'elle devait remplir avec un petit robinet qui sortait directement du mur , et de plus l'eau était trouble.  Elle enfila ensuite une robe blanche semblable à toutes celles qu'elle avait vues. Il y  en avait une autre exactement pareille, puis une marron foncée, quelques sous-vêtements et une paire d'espèce de chaussons en cuir souple. Elle plaça la clé dans la poche intérieure de la robe, et prit évidemment soin de bien dissimuler la pierre et de cacher le cordon que l'on pouvait voir sur sa nuque avec ses cheveux. 

Avec Elora, elle traversa le couloir et se rendit dans une salle totalement couverte cette fois et carré également. Une grande table se trouvait au milieu, vide de gens mais pleine de nourriture : du pain, du beurre, des confitures, des jus de fruit... Elora s'installa tout au bout de la table et invita Anna à s'assoir à côté d'elle. Cette dernière se jeta directement sur la nourriture, mais Elora lui lança un regard sévère et lui ordonna d'attendre tout le monde.

La Pierre d'EnhenaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant