-"C'est absurde! s'écria Pierre en bondissant hors du canapé.
-Je n'ai pas le choix! se défendit Joseph.
Le policier faisait les cents pas dans la pièce, les mains dans les cheveux, cherchant une autre solution. Et si c'était réellement l'unique issue, alors Joseph serait déterminé à la prendre.
-Ce serait irresponsable de ma part si je te laisserais y aller! expliqua l'homme.
-Tu sais tout comme moi qu'il n'y pas d'autre solution... fit-il d'une voix qui semblait avoir soudainement muée.
-Est-ce que tu as la moindre idée de ce qui pourrait t'arriver?
Il avait marqué un point, mais il savait aussi que le jeune garçon préférait mourir plutôt que de devenir le fils adoptif de parfaits inconnus.
-Je n'ai pas le choix. répéta-t-il en détachant chaque mot.
Ils poussèrent un soupir, puis, silence. Seul le tintement de l'horloge troublait le calme. Joseph attendait qu'il parle, comme un jugé attendant son verdict.
-Tu es fou... lâcha-t-il dans un faible filet de voix.
-Peut-être, oui.
-Très bien... Quand l'enquête sera terminée, je m'occuperai de ton départ, puisque tu y tiens tant...
Il avait accepté à contre-coeur, mais il se dit qu'il était assez mûr pour savoir ce qu'il faisait. Et puis c'était SA vie, SES choix. Il ne demandait que son aide et, après, ils se diraient adieu. Et puis il le comprenait... lui aussi avait été dans son cas et savait que de se retrouver dans une nouvelle famille ne l'aiderait pas. Alors si ce qu'il voulait était vraiment de partir, alors il n'avait pas le droit de l'en empêcher.
-Merci infiniment...
-Ouais... Et si on changeait de sujet, maintenant, tu veux bien? proposa Pierre en tentant de retrouver sa bonne humeur.
-Bonne idée."
Pierre se rassit et alluma la télévision. Ce n'est qu'à ce moment-là, en tombant sur les informations, qu'ils réalisèrent que c'était Noël, ils en éclatèrent de rire.
Le temps continuait son chemin et la fatigue se fit sentir pour les deux compagnons. L'homme installa une couverture sur le canapé, Joseph y passerait la nuit. "Je ne travaille pas demain, comme ça tu seras pas seul. Joyeux Noël." dit-il avant d'éteindre la lumière.
La nuit fut beaucoup moins éprouvante que la veille. Joseph s'endormit rapidement, sans qu'aucune vision d'horreur ne vienne troubler son esprit.
Le lendemain, Joseph passa sa journée dans la maison de Pierre, ils s'occupaient comme ils pouvaient. Le policier demandait des nouvelles de l'enquête régulièrement. Ce n'était qu'une simple formalité, une routine. Au milieu de l'après-midi, le jeune garçon lui demanda si il avait le droit de prendre quelques affaires de chez lui, Pierre lui répondit qu'il pourrait certainement dès le lendemain mais que c'était une mauvaise idée. Revoir sa maison allait lui briser le coeur, ce qui ne rendrait son départ que plus douloureux. La journée se passa rapidement, mais depuis son réveil, Joseph n'avait cessé de penser à cette guerre, ces pays. Il se disait qu'il y jouerait un rôle, bien que minime, cette idée lui faisait un drôle d'effet. Un enfant partir à la guerre, ce n'était pas commun. Oui, il avait hâte de s'en aller, tirer un trait sur cette partie de sa vie même si il savait qu'il ne pourrait jamais oublier ses parents, il ne devait pas les oublier, seulement éviter de penser à eux. Plonger dans l'inconnu éveillait cependant en lui une certaine appréhension, mais qui ne durerait qu'un temps. Il s'habituerait à sa nouvelle vie, et il ferait sûrement de belles rencontres, se disait-il, avant de s'endormir pour la deuxième nuit chez Pierre.
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Never Forget Tome I : Le Rêve
AcciónMon nom est Joseph Solman. A l'heure où vous lirez ces lignes, je serai déjà mort... L'histoire que je vais vous raconter est celle d'un jeune garçon à qui la vie n'a fait aucun cadeau et qui va devoir se battre pour sa propre liberté. Un perpétuel...