« Ma mère veut que je m'y présente. Elle l'espère vraiment. Lançais-je alors que j'enfilais mon uniforme.
— Et toi ? Demanda Cara. »
Cara est une collègue de boulot. Seulement une collègue, pas une amie. Honnêtement, je n'ai rien contre elle, seulement, les barrières entre elle et moi sont énormes, la voir pendant mes heures de service me suffit. Elle est très énergique, on le remarque très vite grace à sa chevelure pamplemousse et son tempérament de feu. J'apprécie les échanges que l'on a, se sont les seuls -constructifs- que j'ai, en dehors de ma famille.
« Et moi quoi ?
— Tu veux y participer ?
— Je ne sais tout simplement pas. Répondis-je, alors que j'attachais mon nœud autour de ma chemise blanche.
— Je pense que tu devrais.
— Tu t'y mets aussi ! Vous êtes folles, le nombre de concurrentes dépassent les... Les millions ! Parmi toutes ses filles de la haute, je n'ai aucune chance d'être sélectionnée.
— Fait le pour ta mère, non ? Comme tu dis, tu n'as aucune chance d'être sélectionnée, donc pourquoi ne pas le faire ?
— J'aurais l'impression de me vendre.
— N'importe quoi ! Arrête de te poser des questions, et vas-y. »
N'ayant aucune réponse à apporter, je gémis, puis sortis du vestiaire. J'aime beaucoup mon boulot de serveuse, bien que je ne suis pas le genre de personne ouverte, aimant le contact avec les inconnus, je suis une toute autre personne. La plupart du temps, je sers les adultes, ou les personnes âgées, ils font apparaître sur mon visage un sourire bienveillant. Ils font attention à la politesse, aux mots qu'ils utilisent, leur bonté donne un élan à ma journée. Les pré-adultes, -comme on aime me surnommer- de ma petite ville, nommée Abost, me font tourner de la tête.
« Cara, table 7, Aliénor, table 12 ! »
J'attrapai le calepin de note, et me dirigeai vers la table 12. Un jeune couple y était posé. Prenant leur commande, j'écoutai d'une oreille la conversation de la table d'à côté. Deux filles de mon âge, qui habitaient dans la rue adjacente à la mienne, papotaient.
« Je me suis présentée aux sélections. Lança une d'elle. Je suis sûre d'être prise, très peu de filles possèdent un 95E comme le mien, il pourra bien s'amuser.
— Tu as tellement de chance, s'extasia l'autre. J'ai posé quelques sous-entendus, moi. »
La plupart des filles d'Abost essayent d'appâter les riches mâles de façons très sales, c'est l'une des raisons qui me répugne à l'idée de converser avec elles.
–
Après avoir troqué mon uniforme pour mes habits de ville, je sortis du café. Il était quinze heures et j'avais fini ma journée. J'attrapai le bout de papier de ma poche et l'observai, pensive. 85 Kottbuser Damn. C'était à cinq minutes de marche. C'était un quartier que j'évitais, les gens comme nous ne sont pas les bienvenues chez les gens comme eux.
« De toutes façons, je ne serais pas prise. »
C'était comme un encouragement pour me lancer. Pourtant, arrivée devant le grand bâtiment blanc, je ne voulais que reculer.
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Crown - La recherche.
RandomEn 2100, la pauvreté trônait dans tous les pays du monde. Les Etats-Unis d'Amérique, qui étaient à l'époque la première puissance économique mondiale, furent ceux qui menèrent l'économie à sa perte. Aveuglés par l'argent et le pouvoir, ils lancèrent...