Prologue

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Je regardais distraitement l'élève qui, devant, s'amusait à balancer des boules de papier sur un autre camarade à deux rangées de tables de là.

L'imbécile avait l'air fier de lui quand l'une de ces boulettes arriva sur la tête de la victime et que le professeur, alerté par le bruit, fusilla le malheureux du regard. Celui-ci balbutia qu'il était désolé et jeta un rapide regard noir à son bourreau.

Severus Rogue était, même parmi ses camarades de Serpentard, le souffre-douleur. Je soupirais à cette pensée. Je ne l'appréciais pas des masses, mais j'aimais encore moins l'irrespect des verts et argents. En revanche, ils avaient tendance à m'arracher un sourire lors de leurs innombrables bagarres avec les lions de Poudlard. Tous les coups étaient permis et certains étaient très recherchés et originaux.

Ma voisine de table me ramena au cours par un coup de coude et me souffla un rapide "c'est pour bientôt". Je me concentrais alors sur la leçon tout en pensant au week-end qu'y, d'ici trente petites minutes, s'offrirait à nous comme on donne un jouet à un enfant.

Le cours devenait de plus en plus insoutenable au fur et à mesure que mon léger mal de ventre s'aggravait. Le bonheur d'être une femme. Je devais être blanche car le professeur qui venait de m'interroger me demanda si j'allais bien. Bien sur que non, pauv'con, ça se voit pas ?

« Ca va. Dis-je avec un petit sourire avant de répondre à la question posée. »

L'enseignant donna les devoirs et nous pûmes -enfin- sortir de la classe. Je me précipitais alors en dehors de la salle, tout en espérant que mes amies ne mettraient pas trois années afin de sortir à leur tour.

Merlin exhaussa mon vœux et avec une certaine empathie, les filles me laissèrent filer vers le dortoir sans m'en vouloir de les abandonner.

Le premier jour de règle m'était toujours insupportable. En plus d'être chiante et affreusement énervée, j'avais des maux de ventre terribles. Bien souvent c'était le soir, autant dire que je n'arrivais à dormir qu'une ou deux minuscules petites heures pendant la nuit et que donc, j'étais toute aussi crispée le matin. Durant toute la semaine où j'avais ces terreurs féminines -parce qu'il faut bien avouer qu'elles gâchent littéralement cinq jours de chaque mois à nombre d'entre nous -, j'étais particulièrement sensible à tout ce qui m'entourait. Mes sens étaient plus affûtés et mes nerfs plus... à cran ?

J'arrivais à une bifurcation et là où je devais être soulagée de n'être plus qu'à une centaine de marches de la salle commune, mes muscles se raidirent et je cherchai rapidement un autre chemin à prendre. Mais je ne fus pas assez rapide et le monstrueux groupe d'élèves s'abattit sur moi. J'entrepris alors d'avancer dans cette horde tout en prenant soin de ne pas me faire écraser. Je commençai à avoir la tête qui tournais. Les odeurs de chacun se mélangeaient agressant mon nez, le bruit des pas, des vêtements se frottant et des discussions heurtaient mes oreilles, voir autant de monde me donnait une impression de petitesse et d'insécurité et arriver à percevoir chaque frôlements, coups et touchés des autres accentuait davantage toutes ces sensations.

Je pris sur moi, tout en suppliant les fées de me sortir de là. Mais rien n'arriva. Et par je ne sais quel moyen je me retrouvai collée au mur, complètement écrasée, sentant un poids lourd et dur me comprimer davantage.

Reprenant un peu mes esprits, je finis par comprendre que des gens étaient en train de se disputer -ou plutôt de se battre. Je vis soudain un poing s'abattre violemment sur la pierre, à quelques centimètres seulement de mon visage. La personne à qui appartenait la main se rendit compte de ma présence car il poussa brutalement celui qui m'aplatissait comme une crêpe. Je pus donc reprendre mon souffle, presque entièrement coupé juste avant.

For the laugther of starsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant