BAD LOVERS 1 (Sous contrat d'édition)

4 - Jeu de regard (version corrigée)

En média : Dance again - Selena Gomez 

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Mon portable gigote sur ma table de nuit, pile à l'instant où je pénètre de nouveau dans ma chambre, une serviette autour de mon corps tout juste lavé. Je suis complètement lessivée. Finir la semaine par trois heures de philosophie, ce n'est vraiment pas humain. Dire que j'ai déjà une première dissertation à rendre pour la semaine prochaine... Les profs de ce lycée veulent notre mort, je ne vois pas d'autres possibilités. Hé, non ! Les étudiants en littérature ne sont pas que des babas cool écolos, dont l'état d'esprit est préoccupé par une seule et même question : « Mais pourquoi la vie ? ». J'aurais bien aimé, mais non. Malheureusement pour moi et mon week-end, ce stéréotype est un mythe.

Morte de fatigue, je m'affale tel un cachalot sur mon lit et attrape du bout des doigts mon téléphone, curieuse de connaître l'objet de ses vibrations. Je souris en y apercevant le prénom de ma nouvelle acolyte de cours.

> Pauline : Yo la gueuse ! Une petite sortie en boîte demain soir, ça te dit ?

J'adore le fait qu'elle et moi avons les mêmes centres d'intérêt. Cette semaine à ses côtés n'a fait que confirmer ce que je pensais déjà d'elle lors de la rentrée. Les mêmes goûts, les mêmes délires un peu douteux... Je n'avais encore jamais connu un tel coup de foudre amical. C'est troublant. C'est comme si on se connaissait déjà depuis des années.

> Julia : Faut voir, tu as proposé aux autres filles ?

> Pauline : Ouais, pas dispos, alors ?

> Julia : Si ce n'est qu'avec toi, je ne sais pas trop...

Je sens l'avalanche d'insultes arriver à dix kilomètres, et je me marre. Pauline a cette faculté assez hilarante de partir au quart de tour, pour mon plus grand plaisir. D'ailleurs, sa réponse ne se fait pas attendre :

> Pauline : Bah va te faire foutre.

Et c'est encore une fois une réussite ! La mettre en rogne ne va pas tarder à devenir mon activité favorite, je le sens.

> Julia : Je déconne, bien sûr que ça me dit !

J'accompagne mon message d'une dizaine d'émojis en larmes, et sa réaction à elle est exactement celle que j'attendais : un simple doigt d'honneur.

Un peu plus tard, ma mère m'appelle du rez-de-chaussée pour que je descende manger. Ni une ni deux, mon cerveau littéraire se transforme en un esprit baratineur, digne d'une vraie étudiante en école de commerce. Mes parents ont beau être plutôt cool avec les sorties nocturnes, une soirée en boîte de nuit lorsque l'on est mineure reste un cas à prendre avec des pincettes.

— Maman, est-ce que je peux dormir chez Pauline demain soir ? attaqué-je mine de rien, Evan se servant d'ores et déjà d'une plâtrée de pâtes.

La voilà, ma stratégie habituelle. Après tout, elle n'a pas vraiment besoin de savoir ce que l'on va faire de notre nuit, si ?

— C'est qui, Pauline ?

Je m'installe à table, puis fronce des sourcils en réalisant qu'elle n'en fait pas de même. À la place, elle s'occupe de débarrasser l'assiette et les couverts de mon père, propres, comme si c'était normal. Ce geste me fait perdre une seconde le fil de la conversation. Je vois qu'une fois de plus, Monsieur est contraint de passer sa soirée au travail... Je sais qu'il occupe un poste à haute responsabilité dans sa boîte, qui plus est depuis qu'il a obtenu sa promotion, il y a un mois. Mais ça fait déjà trois fois, cette semaine. Trois fois qu'il nous lâche à l'heure du dîner et que ma mère s'endort seule devant la télévision. Il ne faudrait pas que leurs mauvaises habitudes soient de retour...