PROVIDENCE

L'envol

«Notre vie est un livre qui s'écrit tout seul. Nous sommes des personnages de roman
qui ne comprennent pas toujours bien ce que veut l'auteur.»
Julien Green

J'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir délicatement. Mon parquet craqua. Les rideaux s'ouvrirent. La lumière m'aveugla. Je n'entendis plus rien pendant un moment qui me parut assez long. Un vent frais souffla sur mon visage . Un frisson me parcourut. Je sentis une présence familière près de moi, une caresse dans mes cheveux, puis un de ses tendres baisers sur ma joue.
- Théa, réveille toi ma chérie me souffla-t'elle à l'oreille.
J'enfuis ma tête dans la couette. J'avais trop froid.
- Encore cinq minutes s'il te plait Lou, lui répondis-je de ma voie pâteuse.
- Tu as deux minutes, chérie. Dois-je te rappeler que nous avons un avion à prendre?
Ne voyant aucune réaction de ma pars, elle continua :
- Théa lêve-toi. On pars pour New York dans deux heures.
Je sortis mon visage de la couette.
- Je me lève Lou, je me lêve.
Elle sortit de ma chambre et entra dans celle de Thomy.
Comme promis, cinq minutes plus tard, je sortis de mon lit. J'ouvris ma garde-robe, pris le cintre qui portait la tenue que j'avais prévue pour la journée et me déplaça vers ma salle de bain. J'alluma l'enceinte et monta le son à la limite du raisonnable. Un air de Classique commença. J'ouvris le robinet, me lava les mains et me rinça le visage. J'ôta mon short et mon débardeur qui me servaient de pyjama et je me glissa aussi tôt sous la douche. Dix minutes plus tard, je me sécha et me badigeonna de crème hydratante. Tout en sifflotant sur le clair de lune , j'enfilais mes sous-vêtements, mon jeans noir, mon chemisier blanc et mis mes bracelets en argent. Je retourna dans ma chambre prendre ma montre sur ma table de chevet. Elle indiquait huit heures trente-neuf. Je m'assis ensuite en face de ma coiffeuse pour me maquiller et me coiffer. Je me fis une tresse assez sophistiquée sur le côté. J'en profita également pour retoucher mon vernis. En retournant dans ma salle de bain, je vis Thomy encore en pyjama. Il buvait son biberon. Quand il me vu, il me souri. Je le pris dans mes bras et l'embrassa sur la joue. Il resta avec moi quand je terminait de remplir ma trousse de toilette et de boucler ma valise. Lou, à présent toute pimpante, est revenu chercher Thomy pour le baigner et l'habiller. Je retournais alors éteindre l'enceinte de ma salle de bain et prendre mon pyjama pour le glisser dans le panier à linge sale. Et je fis mon lit, rangea et nettoya vite fait ma chambre. Je préférerais m'occuper moi même de son rangement même si Nicole était là. Ce n'était ni son incompétence -du faite qu'elle était très qualifiée- ni l'empathie -même si j'adorais Nicole- qui m'y obligea. Je n'aimais tout simplement pas l'idée. J'étais assez qualifié pour ce genre de chose il me semble.
Je descendis ma valise et ma trousse de toilette. Dans la cuisine, j'entrapercu Eli aux fourneaux. Il nous préparait notre petit déjeuner. Je déposa toutes mes affaires dans l'entrée et alla le rejoindre dans la cuisine. Il me souria amicalement. Je pris une tasse et la passa sous le jet du robinet, je la mis dans le micro-onde.
- Bonjour Eli, lui dis-je.
- Bonjour Théa, me répondit-il.
Je me déplaça jusqu'à lui et lui fit une bise amicale sur sa joue. Le micro-onde bipa. Je pris ma tasse et j'y déposa mon sachet de thé vert jasmin. J'entendis un fraca dans les escaliers. Lou arriva avec Tommy. Elle alla embrasser Eli et déposa Tommy. Il couru vers moi. Je le pris sur mes genoux et but mon thé. On sonna à la porte. Je ne sais pas pourquoi, mais j'eu un mauvais pressentiment qui pourtant m'avait quitté. Lou et Eli s'échangèrent un regard.. Mon sang se glaça.
Il y' eut un blanc pendant quelques minute puis, Eli se décida à aller ouvrir. Mon cœur bâtait à la chamade. J'essayais de me concentrer sur mon thé histoire de ne pas inquiéter Lou. Elle me regardait. Tommy, lui, avait attrapé l'un des magasines posés sur la table et le feuilletait. Parfois, je l'enviais, j'enviais le monde de l'enfant où tout n'était que papa et maman,cookies et bonbons. Je rêvais de cet univers si parfaitement naïf. Mon enfance me manquait effroyablement..
Eli ouvrit la porte et discuta avec le facteur. Il me semble qu'il le remerciait de sa visite. Quelques minutes plus tard, il revint dans la cuisine une liasse d'enveloppe à la main. Lou et moi le regardait impatiemment. Il commençait à les examiner une par une par une quand il s'arrêta sur une des enveloppes. Il l'ouvrit, en sortit le papier et le lu. Il en resta figé. J'avais reconnu la petite enveloppe blanche simplement recouverte de deux mots :

"THÉA WISLEY."

Et même si je savais ce qu'elle contenait, je voulais en être véritablement sûre.
- Donne-la moi s'il te plait, lui demandais-je.
Il me la tendit. Je la pris. Comme je m'en doutait, cette phrase y était inscrite :

"TU ES UNE FEMME MORTE"

Des lettres comme ça, j'en avait reçu des dizaines. Pourtant l'arrivée de chacune d'elle provoquait le même effet. Dès l'arrivée de la première lettre, Eli et Lou avaient contacter la police. Elle avait fait analyser la lettre dans ses moindres détails en vain. La seule chose qu'elle pût conseiller à mes parents c'était de me priver de sortie et de surveiller chaque personne que je côtoyais. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'était cool. J'ironise bien sur. Même si je lui avait dit que ce n'était pas la peine, Eli avait insister pour protéger la maison d'un système de la plus haute technologie et pour m'emmener chaque matin au lycée malgré son boulot si prenant.
Ce qui m'a le plus étonné ce jour-la c'est que je n'avais pas reçu de lettre de ce genre depuis plus de trois mois. Alors que mon destinataire était du moins très ponctuel : je recevais chacune de ses lettres tous les Samedi, chaque semaines pendant plus d'un an à présent. Je pensais que cette histoire était enfin terminée. Et bien non fallait que ça recommence le jour de mon dépars en vacance. Comme si c'était pour me rappeler de ne pas trop m'éclater.

~